Parti québécois - Critiques inopportunes

Pauline Marois - entre urgence et prudence



Il y a 15 ans aujourd'hui, le Québec se rendait aux urnes pour se prononcer sur l'avenir politique du Québec. On connaît le résultat de ce référendum qui, par quelque 20 000 voix de majorité, a maintenu le lien constitutionnel avec le Canada. Sera-t-il possible de tenir un nouveau référendum avant 15 ans?
C'est un fédéraliste aux convictions affirmées qui rappelait il y a peu que, quoi que l'on dise ou fasse, la question de la souveraineté du Québec continuerait d'occuper l'espace public. Il proposait alors cette idée étonnante de tenir des référendums périodiques pour encadrer ce débat. Celle-ci a fait long feu, mais le regard lucide porté par l'ancien ministre conservateur Michael Fortier est à retenir.
S'illusionnent en effet tous ceux qui croient que la «question nationale» devrait être considérée comme réglée pour pouvoir s'occuper des «vraies affaires». Intrinsèquement, la question du rapport entre le Québec et le Canada demeurera ouverte tant que ne sera pas réglée l'exclusion du Québec de la Constitution de 1982. Elle ne le sera pas tant que la société québécoise n'aura pas le contrôle des outils lui assurant la sécurité culturelle qu'elle recherche. Il y a là «une vraie affaire», quoi qu'en pense un François Legault qui veut créer une coalition politique dont le programme, avant tout économique, évacuerait la question nationale. Ce serait assez incroyable, alors que même les trois partis fédéralistes à Ottawa ont des éléments de leurs programmes qui en traitent. C'est même de la Chambre des communes qu'est venue l'avancée la plus importante pour le Québec ces dernières années avec cette motion reconnaissant que le Québec forme une nation.
Quinze ans après le référendum de 1995, le mouvement souverainiste n'a toutefois pas réussi à recréer les «conditions gagnantes», selon l'expression du premier ministre Lucien Bouchard, pour la tenue d'un nouveau référendum. L'attentisme auquel il est forcé engendre des attitudes diverses. Certains ont ainsi choisi de s'investir dans d'autres causes, quelques-uns ont renoncé, d'autres proposent de se limiter à une bonne gouvernance. Puis il y a les volontaristes qui, profitant de ce 15e anniversaire, ont rappelé à leur chef, Pauline Marois, que le parti devait se consacrer en priorité à la réalisation de ce qui est sa raison d'être, la souveraineté.
Au pouvoir, comme dans l'opposition, le Parti québécois a toujours eu du mal à accorder à ses chefs la liberté de choisir les stratégies qui leur paraissent les mieux appropriées à la conjoncture du moment. Ils ne peuvent échapper à la surveillance des militants, voire à une mise en tutelle. C'est ainsi qu'il faut voir les critiques dont les Bernard Landry et Jacques Parizeau ont gratifié ces derniers jours Pauline Marois. Les reproches qui lui sont faits de ne pas faire suffisamment ni de la bonne façon de pédagogie de la souveraineté sont un air connu. Ils témoignent d'une impatience compréhensible, mais néanmoins nuisible.
Il est dans la nature du Parti québécois de parler de souveraineté. Qui d'autre le fera s'il ne le fait pas lui-même? Mais il revient tout de même au chef en place de déterminer comment le faire. Les militants ne doivent pas oublier que repose sur les épaules du chef la réalisation de la première condition gagnante pour un nouveau référendum, soit remporter la prochaine élection. Pour y arriver, celle-ci a surtout besoin qu'on serre les rangs autour d'elle. Or contester les stratégies qu'elle préconise revient à contester son leadership. C'est de solidarité que ce mouvement a besoin.


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