Les mots ne suffisent pas

Pauline Marois - entre urgence et prudence

Avec des conseils politiques comme ceux que M. Yannick Proulx a produits
dans Le Devoir du mardi 2 novembre, pas surprenant que Lucien Bouchard et
Bernard Landry n'aient rien fait d'emballant à propos de la souveraineté.
S'il avait suffi de "prendre la bâton du pèlerin" pour convaincre une
majorité de la population de la nécessaire souveraineté politique pour le
Québec, ça ferait longtemps que celui-ci serait indépendant. Quoi! Ça doit
faire plus de 40 ans qu'on en parle, parle, jase, jase... et il n'y a
toujours pas de majorité claire en vue.
Se pourrait-il que pour une frange importante de la population, les belles
paroles apostoliques ne suffisent pas? Que, plus pragmatiquement, d'aucuns
jugent par les actes la valeur des idées? Qu'il ne suffise pas de professer
que le Canada n'est pas prêt à accorder la place qu'une majorité de
Québécois souhaite que le Québec ait au sein de cette fédération pour
emporter l'adhésion, mais qu'il faille le démontrer. Qu'il faille démasquer
ce qui se cache derrière tous les "love-in" et autres pétitions vides
provenant du ROC comme ce vote sans lendemain de la Chambre des communes
"recognizing the Québécois as a nation within Canada"... Du vide que du
vide!
L'analyse du sondage du BQ du printemps dernier montre bien que derrière
ces belles déclarations du ROC, il n'y a rien, aucune ouverture à ce qui
est considéré comme un minimum par une majorité au sein de la nation
québécoise. Voilà donc bien le talon d'Achille des belles professions de
foi du Canada anglais. Ne dit-on pas en anglais: "put your money where your
mouth is" et bien obligeons ces Canadians, si épris de nous, à faire plus
que des serments d'amour et à nous le démontrer!
Vous voulez que je gage avec vous qu'ils refuseront obstinément de passer
de la parole aux gestes. Alors, il n'y aura pas de plus éloquente pédagogie
que leur refus. « Et dans le cas contraire? », diront certains apeurés que
des concessions suivent des demandes du Québec appuyées par sa population.
Eh bien, dans ce cas hautement hypothétique, le Québec aura progressé sur
la voie de son émancipation. Or, plus un peuple goûte à la liberté et plus
il y prend goût.
Pierre-Alain Cotnoir
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --

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Pierre-Alain Cotnoir10 articles

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Pierre-Alain Cotnoir est membre-fondateur des coopératives de solidarité ADAPTE (www.coop-adapte.ca) et WebTV (webtv.coop) Détenant un doctorat en éthologie, il effectue depuis 1977 des enquêtes quantitatives portant sur différentes problématiques liées à la transmission des traits culturels au sein d’une population.





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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    2 novembre 2010


    Bonjour M.Cotnoir.
    On reproche aux jeunes de ne pas s’intéresser à la politique, seulement les plus de 40 ans.
    Et bien hier-soir en voyant les deux jeunes souverainistes discuter de leurs options sur un panel de RDI, j’ai été charmé par leur sincérité, leur conviction et par la manière réfléchie d’atteindre leur rêve de vivre dans le pays Québec. Si Vincent Marissal de la Presse veut appeller ça de la chicane, j’espère qu’au parti libéral la loi du silence accablant se perpétue encore longtemps.

  • Geneviève Châtigny Répondre

    2 novembre 2010

    Voilà sans doute quelle était votre position lorsque l'on vous a montré la porte de la SSJB-M en 1994 comme responsable des communications. À cette époque il avait été décidé de plutôt mettre l'accent sur l'indépendance du Québec et d'y aller pour l'indépendance du Québec. Ça n'a pas marché. Pourtant, le bâton du pélerin, beaucoup l'ont pris durant l'année 1995 et les appuis à l'indépendance ont augmenté d'une manière importante.
    Ce ne peut être des individus qui ne croient pas qu'il soit possible d'être égal, et souverain, dans le fédéralisme à deux, qui se lancent dans la réforme du fédéralisme.
    Quelle crédibilité auraient-ils devant les Québécois ?
    Pourquoi, si nous voulons que le Québec devienne un pays indépendant, appuierions-nous des individus, qui se diraient indépendantistes et qui en même temps demandent au Canada Anglais de se réformer pour satisfaire des Québécois fédéralistes dans une réforme du Canada Anglais, où, le Québec et les Québécois tout en n'étant pas égaux dans l'interpendance, nous serions tout au plus un peu moins pas libre.
    Est-ce que nous voulons que le Québec devienne un État souverain, français, jouissant de la reconnaissance juridique internationale, ou est-ce que nous voulons que le Québec devienne un État provincial jouissant de plus de pouvoirs provinciaux, il faut savoir.
    Il faut savoir et agir en conséquence.
    Pouquoi appuierions-nous des individus qui désirent gouverner un gouvernement provincial, avec l'idée d'en faire un État souverain, français, jouissant de la reconnaissance juridique internationale, mais avec aucun travail concret qui nous conduise dans cette direction, - avant pendant et après les élections -, mais qui s'amusent dans des sparages de réformes du fédéralismes qui ne nous donnent aucunement l'égalité dans l'interdépendance, qui, pour être bien clair, ne nous donnent pas l'autonomie externe.
    Que l'on cesse de croire au travail terrain dit "bâton de pèlerin", comme monsieuer Cotnoir, et qu'on laisse dont les politiciens dits souverainiste s'amuser à écoeurer le peuple avec des montages de réformes du fédéralisme alors qu'ils se disent indépendantistes.
    Le Québec n'aura pas progressé sur la voie de son émancipation avec la réforme du fédéralisme, il vivra toujours dans une maison de servitude.
    Or, le peuple québécois n'aura pas goûté à la liberté et il n'y aura pas pris goût, il aura continué à prendre goût à vivre subordonné, un peu moins pas libre, mais toujours pas libre.
    En 1867, nous avons monté un peu plus haut, avec un gouvernement provincial, un budget provincial, ce que nous n'avions pas sous le Canada-Uni de 1840. Depuis 1867, - 133 ans-, avons-nous à cause de cela pris goût à la liberté ? Non.
    Non, nous avons pris goût à la servitude provinciale en croyant que nous étions libres. Nous avons donné dans l'autonomisme (une petite autonomie interne, sans l'autonomie externe).
    Sans un travail de déconditionnement sérieux, de sensibilisation, d'éducation, sans un travail de longue haleine, jamais nous ne verrons le Québec devenir un État souverain, français, jouissant de la reconnaissance juridique internationle.
    Si le Parti québécois préfère la réforme du fédéralisme à ce travail, qu'il le dise franchement. Et si le le Parti québécois ne peut pas consacrer des énergies suffisantes au travail de longue haleine nécessaire à l'indépendance du Québec, qu'il le dise franchement et qu'il invite, en même temps, ses membres qui eux voudraient travailler à l'indépendance du Québec à'aller faire ce travail à l'extérieur du parti.
    Si le Parti québécois préfère la réforme du fédéralisme, qu'on laisse enfin le Parti québécois travailler calmement à la réforme du fédéralisme toute visière levée, mais sans tricherie.

    Si monsieur Cotnoir ne désire pas la réfome du fédéralisme, qu'il laisse à ceux et celles qui y croient à la réforme le soin d'y voir. Si monsieur Cotnoir désire sincèrement la réforme du fédéralisme, alors qu'il travaille avec sincérité, vérité et authenticité à la réforme du fédéralisme.
    Salutations,
    Annie V.

  • Nicole Hébert Répondre

    2 novembre 2010

    M. Cotnoir,
    je vais me répéter mais je me réjouis de lire ici vos opinions. Et j'ai fait suivre ce texte à un bon nombre de personnes de mon réseau que, j'espère, il éclairera quant à l'intelligence de ce plan - dit Marois alors que c'est celui de son parti. Je le vois comme un plan de démonstration par l'absurde. Mais puisqu'une fois élu, ce parti devra gérer... quoi de plus pertinent!

  • Archives de Vigile Répondre

    2 novembre 2010

    1990-Échec de Meech. Le Canada-anglais se torc... avec les cinq conditions minimales pour que le Québec regagne la fédération dans l'honneur et l'enthousiasme.
    1995- Le Canada-anglais a la chienne, il nous promet mer et monde pour que nous demeurions. On s'engage à nous respecter. C'est le grand LOVE-IN!
    15 ans plus tard, aucune proposition n'est venue alors que la balle était dans le camps fédéraliste. Pas l'ombre du début, du commencement, de la queue de quelque chose n'est venue!NIET!
    Marois n'a rien à attendre du Canada et si cela continue, ce sont bientôt les québécois qui n'auront rien à attendre de Pauline Marois.
    Ce n'est pas compliqué, deux options s'offrent au peuple québécois: le statut quo ou l'indépendance nationale. Il n'y a pas d'autre option. Duceppe le sait très bien; lui qui siège depuis toutes ces années à Ottawa.
    Les nationaleux doivent cesser de berner les québécois!
    Ce n'est plus ÉGALITÉ ou INDÉPENDANCE de Daniel Johnson. Nous ne sommes plus là. C'est le NATION BUILDING CANADIAN tel quel, point final ou c'est la liberté, l'INDÉPENDANCE NATIONALE.

  • Archives de Vigile Répondre

    2 novembre 2010

    Voila exactement ce que l'on doit faire et le plan pour un Québec souverain de Mme Marois suit cette logique. Une grande majorité de québécois croit que le fédéralisme est réformable. Et les québécois ne veulent pas 'croire', ils veulent 'voir'. Donc ce n'est pas suffisant de convaincre. Ils faut démontrer par l'exemple. Et l'exemple, c'est la gouvernance souverainiste.

  • Archives de Vigile Répondre

    2 novembre 2010

    Monsieur Cotnoir,
    Premièrement, je tiens à préciser que je n'ai pas conseillé personnellement ces deux premiers ministres. J'ai servi deux ministres sous leur gouvernement à titre d'attaché politique.
    Si j'avais eu l'opportunité d'oeuvrer auprès d'eux, je ne leur aurais sûrement pas recommandé de laisser toute la place aux fédéralistes après 1995, pour s'occuper de nos vraies affaires, soit le déficit. Pendant que le fédéral se mettait en mode post-référendaire avec son plan B, nous avons réagi en nous consacrant corps et âme aux affaires de l'État, en abandonnant pratiquement notre projet. Ce n'est pas pour rien que tant de souverainistes déçus ont déserté le navire, tant à gauche (Québec Solidaire) qu'à droite (les Lucides et l'ADQ). La nature ayant horreur du vide, des milliers de personnes se sont mis dans la tête de sortir de l'impasse en nous occupant d'autres dossiers, importants certes, mais qui ont nécessité le sacrifice de cette nécessaire indépendance. De projet qu'elle était en 1995, l'indépendance est retournée au statut de rêve lointain qu'elle était avant 1990. C'est un recul dont nous, souverainistes et péquistes, sommes responsables en grande partie.
    Si vous avez bien lu la proposition principale, l'exécutif national suggère que l'on demande des pouvoirs additionnels à Ottawa. Mais ces demandes ne seront pas prises au sérieux, à moins d'être accompagnés par de vrais gestes de gouvernement souverainiste. En 1954, Duplessis a forcé la main du fédéral en décrétant unilatéralement un impôt québécois et après coup, le fédéral a été forcé d'ajuster son taux d'imposition pour se plier au geste de Québec. En même temps, un gouvernement du PQ doit pratiquer une pédagogie souverainiste car on ne convaincra personne en cachant ce qu'on veut faire ultimement. Comment être crédible et sérieux autrement?
    Donc, sur le fond, je suis totalement d'accord avec vous. Pour une fois, tâchons de marcher et de mâcher de la gomme en même temps et je suis confiant que Mme Marois y parviendra. Ce n'est sûrement pas le temps de larguer notre chef alors que MM. Charest et Legault n'attendent que ça.
    Souverainement vôtre,
    Yannick Proulx

  • Archives de Vigile Répondre

    2 novembre 2010

    Vous avez bien raison de dire que les belles paroles du PQ ne valent pas mieux que celles du fédéral. Mais je doute que chercher à le prouver nous serve à grand chose.
    C'est ce qui est si innacceptable pour beaucoup d'indépendantistes. Ce plan qui au lieu d'agir ne cherche qu'à démontrer que le fédéral n'agit pas.
    C'est ça le statu quo du tournage en rond.
    On ne donnera pas le goût aux Québécois de se lever et se battre en cherchant à démontrer que l'ennemi ne fait rien.
    Au contraire, l'ennemi est en guerre contre la nation québécoise. Il est bien actif ! Très actif !
    Simplement dénoncer ses attaques de l'ennemi ne suffit pas. Celà donne une image de faiblesse, d'impuissance. Le résultat est la capitulation.
    Il faut attaquer le fédéral. Il a beaucoup de point faible ce fédéral. Il faut attaquer ses institutions, qui sont ses armes. Il faut les retourner contre lui. La plus importante étant la Cour Suprême.
    Ce sont des victoires qui soulèveront la nation. Si petites soient-elles. Pour celà il faut des ACTIONS.