Médias, partis politiques et lobbies du Québec souffrent de paranoïa chronique dès qu'il est question du rôle des secteurs public et privé. On l'a vu au cours des derniers jours dans la controverse entourant les dons d'Hydro-Québec à des écoles secondaires privées. À voir l'indignation générale, on aurait dit que ces établissements privés se consacrent à des activités illicites.
On croirait aussi que ces dons de 450 000 dollars auraient sauvé les écoles publiques du marasme s'ils leur avaient été attribués. Or, il faut placer les choses en perspective. Les commissions scolaires dépensent 9,7 milliards par année; c'est dire que CHAQUE JOUR, elles dépensent 58 fois le montant promis par Hydro aux collèges Brébeuf et Notre-Dame.
Dans ce débat, on a commodément ignoré le fait qu'Hydro-Québec contribue des centaines de millions aux écoles publiques par le biais des dividendes qu'elle verse au gouvernement. On a passé sous silence aussi que la société d'État a versé des dons aux cégeps et universités de la province, des établissements publics.
Surtout, personne n'a signalé que les parents de 89 000 élèves du secondaire ont choisi l'école privée (presque le quart de la population scolaire de ce niveau d'enseignement). Si tant de parents prennent cette décision, avec les conséquences financières que cela entraîne pour eux, c'est parce que le privé leur offre quelque chose qu'ils ne retrouvent pas au public (comme le soulignait hier en éditorial ma collègue Nathalie Collard). Doit-on les excommunier?
Oubliez les prétendus conflits d'intérêt dans lesquels se seraient placés le pdg d'Hydro; ce qui a fait rager, c'est le seul fait que la société d'État a donné de l'argent aux détestées écoles privées. Car la caste bavardante déteste le secteur privé: les écoles privées, les cliniques médicales privées, les entrepreneurs privés, les entreprises pharmaceutiques privées, les institutions financières privées, les garderies privées, etc. Or, cette haine du privé est en totale rupture avec le comportement quotidien des Québécois. Deux millions et demi d'entre eux travaillent pour une compagnie privée, sans compter les 542 000 travailleurs autonomes qui constituent en quelque sorte autant de mini-entreprises.
Nos dépenses les plus importantes - logement, automobile, alimentation, vêtements - sont faites auprès d'établissements privés. Les Québécois font confiance au privé pour leurs transactions financières, leurs voyages en avion, leurs soins dentaires. Ils admirent et alimentent des compagnies extrêmement prospères tels le Club de hockey Canadien et le Cirque du soleil. En serait-il ainsi si la majorité des Québécois vouait l'entreprise privée aux gémonies, comme le laissent croire les chantres de la rectitude progressiste?
Curieusement, les mêmes apôtres de l'État infini se sont portés à la défense des cliniques privées pratiquant des avortements lorsque le gouvernement a voulu leur imposer de nouvelles normes. Pourquoi ces cliniques médicales privées ont-elles droit à la bénédiction solidaire tandis que celles qui offrent d'autres chirurgies sont clouées au pilori? Une seule explication possible: dans ce conflit entre deux rectitudes, c'est la féministe qui l'a emporté sur l'étatiste.
***
Un paradoxe: une fois le secteur public érigé en symbole de la réussite et de l'équité nationales, on entreprend de le dénoncer avec férocité. Hydro-Québec est ainsi critiquée pour ses hausses de tarifs, pour la destruction des rivières, pour la rémunération soi-disant excessive de ses dirigeants. Autre héritage de la glorieuse Révolution tranquille, la Caisse de dépôt et placement est jugée incompétente et cachottière. N'oublions pas le spectaculaire dérapage de la réforme pédagogique et l'inefficacité chronique du système de santé. Les fleurons sont devenus ferraille.
Toutefois, les vieux réflexes reviennent vite. Gare à ceux qui oseront suggérer un rôle accru du privé dans ces secteurs! Ce n'est pas parce que c'est brisé qu'il faut le réparer.
Pourtant, ces questions ne devraient pas être affaires de dogme. Le secteur public a ses forces et ses faiblesses, le secteur privé de même. Chacun a sa place propre. Et dans un comme dans l'autre, le monopole génère l'inefficacité et l'abus de pouvoir.
Paranoïa public-privé
Gare à ceux qui oseront suggérer un rôle accru du privé dans ces secteurs ! Ce n’est pas parce que c’est brisé qu’il faut le réparer.
Éloge du privé... sans modération
André Pratte878 articles
[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8a...
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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]
[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.
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