Le maire de Toronto, David Miller, est venu à Montréal cette semaine exposer sa vision du développement de sa ville. Les deux axes qu'il a retenus, le savoir et la culture, sont aussi ceux que privilégie Montréal. Il promet une concurrence amicale à la métropole québécoise. Mais qui dit concurrence dit aussi rivalité. La joute pour la première place pourra être dure.
Diplomate devant ses hôtes, David Miller a évité de jouer au matamore. De la concurrence, il y en aura... au hockey. Pour le reste, ces deux métropoles ont, à son avis, tout intérêt à collaborer, un air également entonné par le maire Gérald Tremblay.
Cette visite du maire Miller tombe à point dans la mesure où elle servira de prise de conscience aux élites politiques, économiques et culturelles de l'urgence qu'il y a de se donner un plan d'action... comme Toronto s'en est donné un en 2003 pour devenir la métropole culturelle du Canada, titre qu'elle pourrait bien ravir à Montréal en peu de temps.
Il n'y a rien d'étonnant à ce que Montréal et Toronto veuillent toutes deux être des villes de savoir et de culture. Comme bien d'autres villes, leur économie se transforme. Le savoir, la science et la technologie sont les sources principales des nouveaux emplois alors que la culture contribue à créer les milieux de vie accueillants qui permettent d'attirer et de retenir les nouveaux «ouvriers» de l'avenir. Toutefois, les deux villes ne suivent pas le même chemin. Montréal compte sur ses atouts culturels pour être une ville de savoir. Toronto compte sur ses atouts comme capitale financière et scientifique pour devenir une capitale culturelle.
Le défi de Montréal face à Toronto consiste d'abord à pouvoir rivaliser comme ville de savoir. L'avance de la métropole canadienne est visible à l'oeil nu. La technopole de la santé dont rêve le maire Tremblay autour du CHUM y est déjà une réalité. Le Discovery District fait travailler en plein centre-ville 80 000 chercheurs et travailleurs dans les hôpitaux universitaires, des centres de recherche et le centre d'innovation MaRS. Les tergiversations autour de l'emplacement du nouveau CHUM ont fait perdre de précieuses années qu'il faut rattraper. C'est à cela que la communauté scientifique et le monde des affaires montréalais doivent se consacrer.
Sur le plan culturel, le danger vient moins de Toronto que de Montréal. Les investissements faits ces dernières années à coups de centaines de millions de dollars dans les équipements culturels visaient à mettre Toronto à niveau avec la métropole québécoise. Son retard rattrapé, elle veut tout naturellement présenter des activités culturelles aussi vibrantes que celles qu'on trouve à Montréal, comme nous le signale son nouveau festival Luminato. Cette ville est en marche.
Pour les Montréalais, le danger serait de croire que les atouts culturels de Montréal sont supérieurs à ceux de Toronto, que rien n'arrivera à réveiller. Ils doivent se méfier d'eux-mêmes. Les grands festivals de jazz, d'humour et de cinéma de Montréal ont plus d'un quart de siècle. Ils ont besoin de se renouveler, de se repenser, de s'unir aussi. Certains de ses grands équipements ont besoin de se déployer, tout particulièrement le Musée des beaux-arts et le Musée d'art contemporain. L'enjeu, face à Toronto, est de demeurer attrayante.
Toronto représente un défi pour Montréal. Pour conserver le seul titre qu'il lui reste, celui de capitale culturelle, il ne faudra pas compter uniquement sur l'imagination des créateurs montréalais. Il faudra aussi leur donner des outils et des moyens. La vision qu'a le maire Gérald Tremblay de l'avenir de sa ville est juste. Il manque toutefois à ses politiques les plans d'action qui permettent de mesurer la véritable volonté politique de réaliser des choses. Un grand rendez-vous pour la culture aura lieu en novembre. C'est d'actions plutôt que de politiques qu'il faudra débattre avant de les mettre en oeuvre.
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