Dernièrement, le CRTC a adopté une nouvelle approche relative à la propriété croisée dans les entreprises de radiodiffusion. Malheureusement pour nous, citoyens, sa nouvelle politique est nettement insuffisante et ne règle en rien le problème d'accès à une information diversifiée et de qualité.
En effet, en imposant un nouveau code d'indépendance journalistique, le Conseil vient encourager, voire accélérer, la fusion des salles de nouvelles d'un même propriétaire. L'absence dans ce code d'une condition exigeant l'autonomie des activités de collecte d'information est déplorable et périlleux.
Le taux de concentration de la propriété des médias au Canada, l'un des plus élevés parmi les pays industrialisés, inquiète toujours. Un nombre de plus en plus restreint de conglomérats contrôle l'information et, dans ce contexte, la programmation et l'intérêt public cèdent le pas aux intérêts commerciaux et politiques des grands patrons de presse.
Aujourd'hui, quatre conglomérats contrôlent 70 % des quotidiens au pays, trois entreprises diffusent la plupart des nouvelles télévisées et deux possèdent la majorité des stations de radio.
Les grands groupes médiatiques misent sur une information commune pour toutes leurs plateformes de diffusion, ce qui a pour conséquence de centraliser la cueillette, le traitement et la diffusion des nouvelles. La réduction des effectifs journalistiques à laquelle nous assistons contribue directement à l'uniformatisation de notre information.
Les régions souffrent plus particulièrement de ce phénomène qui s'est même accentué en 2007. Ainsi, les ondes et les pages des quotidiens régionaux sont inondées d'informations «réseau» auxquelles les communautés qu'elles sont censées desservir ne peuvent s'identifier.
Un problème reconnu, mais pas résolu
La qualité de notre vie démocratique est intimement liée à la qualité et à la diversité des voix en information. Notre vie civique bénéficie directement de l'accès à une pluralité de sources médiatiques qui véhiculent des idées, nourrissent nos connaissances et suscitent des débats.
La concentration des médias est un enjeu déterminant qui préoccupe nombre d'observateurs depuis des décennies. Au Canada, plusieurs études ont traité de la question, notamment le rapport Davey en 1970, la commission Kent en 1981, le rapport Lincoln en 2003 et le rapport Fraser en 2006. Chacune émet des mises en garde quant aux conséquences néfastes de la concentration de la propriété des médias. On y formule aussi des recommandations prônant une réglementation plus sévère de la convergence de l'information.
Malgré ces nombreux avertissements, aucun de nos gouvernements successifs n'a mis en place des mesures garantissant la pluralité des propriétaires et des sources de nouvelles, pas plus que le CRTC d'ailleurs.
Amender la loi
La santé de la démocratie commande que la Loi sur la radiodiffusion soit amendée pour protéger et promouvoir la diversité des voix dans la programmation et l'information.
Nous devons faire en sorte que les partis politiques et leurs candidats aux élections prennent position pour que la programmation et l'information privilégient l'intérêt public et non l'intérêt financier.
Les empires médiatiques pratiquant la convergence sont en train de faire disparaître la masse critique de journalistes qui sillonnaient nos communautés et le monde pour rapporter l'information vitale au plein épanouissement de notre démocratie.
Voilà où nous en sommes et, pourtant, le gouvernement ne fait rien pour redresser la situation. C'est donc pour assurer une diversité des voix et protéger nos droits fondamentaux que nous nous engageons dans ce combat essentiel.
Si vous voulez réclamer une information de qualité et une vraie pluralité des sources médiatiques, signez ce manifeste en vous rendant au [www.pouruneinformationdequalite.com->www.pouruneinformationdequalite.com]
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Ont signé ce texte à titre personnel: Jean Chabot, président du Syndicat des employés de TVA-Montréal; Jacqueline Turgeon, présidente du Syndicat du personnel administratif de Radio-Canada; Denis Bolduc, président du Syndicat de la rédaction du Journal de Québec; Jean-Yves Bouchard, président du Syndicat de Radio-Nord Communications; Anne Leclair, présidente du Syndicat des employés de Global Québec; André Proulx, président du Syndicat des employés de CHRC-80 AM; Alain Caron, président du Syndicat des employés de Cogeco Câble; Michel Poirier, directeur québécois du SCFP; Michel Bibeault, directeur adjoint du SCFP; Robert Bellerose, conseiller syndical; Lisa Djevahirdjian, agente de recherche; Alexandre Boulerice, conseiller syndical.
- source
Manifeste pour une information de qualité
Le taux de concentration de la propriété des médias au Canada, l'un des plus élevés parmi les pays industrialisés, inquiète toujours.
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