Liberté de la presse: 2 à 0

Médias - information, concentration, reproduction



Enfin, on remet les pendules à l'heure! La liberté d'expression des médias est un droit fondamental qu'il faut absolument préserver, même si elle heurte certaines sensibilités, viennent de confirmer la Cour suprême et la Commission canadienne des droits de la personne. Une grande victoire pour la libre circulation des opinions.

Ce n'est pas parce qu'un propos est de nature diffamatoire qu'il ne peut pas être proféré en ondes, dit même la Cour suprême. Étonnant à première vue, ce raisonnement est très bien expliqué dans le jugement rendu vendredi dernier.
La cause met en présence Rafe Mair, animateur de radio controversé de la Colombie-Britannique, et Kari Simpson, militante locale bien connue qui s'oppose à toute représentation positive de l'homosexualité dans les écoles. En octobre 1999, M. Mair pousse un coup de gueule en ondes contre Mme Simpson. Il dénonce l'intolérance de son discours et compare ses propos à ceux du Ku Klux Klan, d'Hitler et des skinheads.
Exagéré? Sans doute. Mais nous vivons dans un pays libre «où il est permis d'énoncer des opinions outrancières et ridicules tout autant que des vues modérées», souligne la Cour suprême.
Qu'on se rassure, ça ne donne pas le droit aux médias de diffuser n'importe quoi. Le commentaire, aussi acerbe soit-il, doit être loyal - un concept de Common Law qui répond à des exigences bien précises. Or, la sortie de l'animateur répondait à tous ces critères, conclut le plus haut tribunal du pays.
La réputation d'un individu est importante, mais elle ne justifie pas qu'on s'empêche de débattre des questions d'intérêt public, écrit en substance le juge Binnie. C'est une bouffée d'oxygène qui tombe à point. Car à trop vouloir ménager les susceptibilités, les médias risquent de perdre toute pertinence.
Mme Simpson, par exemple, réclamait que les écoles ne puissent utiliser aucun document décrivant l'homosexualité comme un «mode de vie normal, acceptable ou devant être toléré». C'est écrit noir sur blanc dans un texte que la militante a contribué à rédiger et à promouvoir. Une société qui permet à l'expression publique de tels propos ne peut pas interdire aux médias de les critiquer. Autrement, elle ouvre la porte aux pires dérapages.
La répression de la propagande haineuse doit limiter au minimum les atteintes à la liberté d'expression, rappelle de son côté la Commission canadienne des droits de la personne.
La commission, on s'en souvient, avait été interpellée par le Congrès islamique canadien, qui accusait le magazine Maclean's de discrimination à l'endroit des musulmans. Elle a finalement rejeté la plainte mercredi dernier.
Le ton de l'article mis en cause est polémique et visait même à offenser certains lecteurs, mais les points de vue exprimés ne constituent pas de la propagande haineuse au sens où l'entend la Cour suprême, explique l'organisme.
Une décision rassurante, et qui remet les choses en perspective. La commission rappelle en effet que la notion de propagande haineuse doit être appliquée avec précaution, car elle a pour effet de limiter la liberté d'expression - un droit fondamental qui inclut la liberté de presse. Souhaitons que le message ait été entendu.


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