La semaine dernière, nous avons publié sur notre site Internet un 500e article. Cela signifie un peu plus de trois textes (articles, entrevues, analyses) par jour depuis que l'aut'journal au-jour-le-jour est en ligne.
L'intérêt pour ces articles - dans leur grande majorité exclusifs à l'aut'journal - se reflète dans la hausse de l'achalandage du site. La semaine dernière, nous avons comptabilité une moyenne de près de 1800 visites par jour (près de 2300 si on additionne les visites aux archives de l'aut'journal), alors que la moyenne depuis notre entrée en opération était de près de 1500 visites par jour (près de 2000 avec les archives).
L'indépendance journalistique passe par Internet
Notre site Internet avec ses caractéristiques trouve sa pertinence, d'abord et avant tout, par l'accueil que lui font les internautes. Mais d'autres projets similaires à travers le monde nous confortent dans notre démarche.
Nous avons déjà parlé du Projet Mediapart, qui sera lancé au début 2008 par Edwy Plenel, l'ancien rédacteur en chef du prestigieux journal français Le Monde.
Plenel affirme que « seul le web permet de lancer aujourd'hui en France un quotidien indépendant d'information généraliste ». Une affirmation qui est à la base de notre propre projet pour le Québec.
Une démarche similaire est celle de Paul E. Steiger, qui quitte le Wall Street Journal, après 21 ans de service dont 16 comme « managing editor » pour devenir président et rédacteur en chef de Pro Publica, un site Internet dont l'objectif sera de dénoncer les abus de pouvoir de tous ceux qui sont en position d'autorité (gouvernements, entreprises, médias, etc.)
Un retour aux années 1950
Pour expliquer sa démarche, Paul E. Steiger a publié un texte (How Newspaper Got into Such a Fix, and Where They Go From Here) dans lequel il trace un portrait sans complaisance de l'évolution des médias américains depuis son entrée dans la profession, il y a 41 ans, en 1966.
Steiger, qui a été reporter et responsable de la section Affaires du Los Angeles Times de 1968 à 1983, s'inquiète et se désole de la réduction des budgets, des effectifs et, par conséquent, de la qualité de la presse écrite américaine par suite de l'arrivée d'Internet.
La situation actuelle lui rappelle celle d'il y a cinquante ans, alors que les journaux américains, étaient généralement la propriété d'une famille, avaient un faible tirage, de faibles marges de profits et mettaient essentiellement le focus sur les enjeux locaux.
Il regrette les années 1960 et 1970, cet âge d'or du journalisme américain, alors que les médias de New York, Washington, Chicago et Los Angeles, mais également de villes comme Boston, Philadelphie, Miami, Milwaukee, Atlanta, St-Louis, Des Moines, Louisville, St-Petersburg et d'autres, n'hésitaient pas à envoyer leurs reporters à l'étranger pour débusquer les affaires de corruption et expliquer le monde à leurs lectorats.
Même au début des années 1980, alors que les premières restrictions budgétaires sont apparues, le dirigeant d'un journal, rapporte Steiger, pouvait dire à propos du directeur de l'information : « Nous lui avons donné un budget illimité et il l'a dépassé ».
Steiger date de l'arrivée d'Internet au début des années 1990 les difficultés financières des grands médias qui se sont traduites par la diversification des investissements, les gels d'effectifs et, éventuellement, les mises à pied.
Le « nouveau » journaliste selon Quebecor
Les transformations qui frappent le monde des médias ne sont pas particulières aux États-Unis, bien qu'elles aient leurs spécificités locales. Au Québec, le lock-out au Journal de Québec illustre l'intention de Quebecor de fusionner les salles de nouvelles de ses journaux et de son site Internet Canoe pour réduire ses coûts.
Selon la vision de Quebecor du « nouveau » journaliste, celui-ci devra écrire rapidement une manchette pour le site Internet à partir de son Blackberry, faire un topo télévisuel pour le réseau TVA et rédiger un article qui sera publié dans le Journal de Montréal et le Journal de Québec.
L'embauche de journalistes pigistes à des salaires moindres pour Canoe démontre que Quebecor a également pour objectif de s'attaquer à l'organisation syndicale, dernier rempart de l'indépendance journalistique et de la qualité de l'information.
Grand marché et présence de philanthropes
Face à ce mouvement de fusion des médias électroniques et écrits, avec Internet comme pivot, se développent des alternatives comme MediaPart et Pro Publica. Le projet de l'aut'journal au-jour-le-jour s'inscrit également dans cette mouvance.
Cependant, nos ressources ne sont en rien comparables à celles dont bénéficient ces autres expériences. MediaPart a accumulé un important capital de lancement et a annoncé qu'il sera un site payant, au tarif de 9 euros par mois (environ 15$).
La population française étant de plus de dix fois supérieure à la population francophone du Québec, il sera sans doute possible au Projet MediaPart de recueillir suffisamment de fonds pour rémunérer une équipe de journalistes chevronnés.
Quant à Pro Publica, Paul E. Steiger nous dit qu'il bénéficiera d'un don de 10 millions $ par année, offert par la fondation de deux entrepreneurs devenus philanthropes. Cela permet à Steiger de constituer une équipe de 24 journalistes.
Marché étroit et absence de philanthropes
Au Québec, non seulement le marché est trop petit pour pouvoir lancer un site payant, mais les philanthropes désireux de s'engager dans le développement d'une presse libre et indépendante tardent à se faire connaître. C'est le moins qu'on puisse dire.
Pour ces raisons, nous allons continuer à offrir aux internautes un site gratuit et recourir à la même recette qui a permis à la version papier de l'aut'journal de tenir le coup pendant maintenant près de 24 ans :
1) le recours à des journalistes et des chroniqueurs bénévoles;
2) l'appel au lectorat pour un soutien financier.
Le développement de l'aut'journal au-jour-le-jour ne peut donc se réaliser qu'avec votre concours.
Vous pouvez déjà y contribuer par des moyens très simples :
1) Vous inscrire et inscrire vos AmiEs à notre liste d'envois (coin droit, en haut, sur la page d'accueil).
2) Nous faire parvenir des listes d'adresses courriels à info@lautjournal.info comme vous avez déjà commencé à le faire.
3) Nous soutenir financièrement en nous faisant parvenir des dons ou en vous abonnant à la version papier de l'aut'journal. Ceci s'adresse aux individus mais également aux organisations syndicales, associations étudiantes, organismes communautaires, etc.
Pierre Dubuc
Directeur
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