Loi 101: réussites et illusion

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«Quarante ans après son adoption, la loi 101 doit être regardée comme un acte fondateur du Québec moderne.»





Quarante ans après son adoption, la loi 101 doit être regardée comme un acte fondateur du Québec moderne. Il s’agit d’un des gestes les plus forts d’affirmation de ce Québec qui devenait le foyer d’une majorité francophone sur son territoire, plutôt qu’une minorité dans le Canada.


La loi 101 a fait progresser le français. Il n’y a aucun doute. Bien sûr, il y a eu un coût. Des anglophones ont quitté le Québec avec du capital et du talent, ayant été rebutés par la nouvelle politique linguistique québécoise.


Un tabou $$$


Le coût de la loi 101 est demeuré tabou, ce qui fut une erreur pour la société québécoise. Mentionner ces pertes économiques fut assimilé par les nationalistes à une campagne de peur des Anglais et des fédéralistes. Les supporteurs de la loi 101 ont préféré faire de l’abstraction mentale.


Le discours nationaliste courageux aurait été de dire qu’un peuple fier de sa langue est prêt à travailler un peu plus fort, à mettre le pied sur l’accélérateur de l’économie pour compenser ces pertes inévitables. On peut conjuguer vitalité culturelle et force économique.


Mais le PQ étant affilié avec les syndicats et la gauche, il a préféré se vautrer dans les taxes élevées et les politiques sociales trop coûteuses, autant de freins à la création de richesses. Le contraire de ce qu’il fallait faire.


Les enfants de la Loi 101


L’un des chapitres les plus importants de la loi 101 poussait les enfants issus de l’immigration vers l’école en français. A priori, cette politique a fonctionné. C’est maintenant un automatisme, une règle claire que les personnes immigrantes connaissent. On parle aujourd’hui des « enfants de la loi 101 » pour décrire ceux qui ont fréquenté l’école en français après 1977 suivant la loi.


Les auteurs de la Charte de la langue française avaient présumé que la scolarisation dans la langue de la majorité aurait pour effet d’intégrer automatiquement les jeunes dans la réalité et la culture québécoises. Lors des premiers bilans de l’application de la loi 101, plusieurs ont crié victoire, convaincus que la loi 101 produisait l’effet souhaité sur ces milliers de jeunes Québécois en devenir.


C’est là qu’il y eut illusion. Oui, un bon nombre des enfants de la loi 101 se sont intégrés. Mais ils sont aussi nombreux les enfants de la loi 101 qui vivent en anglais.


Leur français appris à l’école est excellent, souvent sans le moindre accent sinon l’accent montréalais. Le français fait partie de leurs compétences utiles sur le marché du travail. Mais à la maison, la vie se passe en anglais.


Lorsqu’ils ouvrent leur télé, on pourrait croire qu’ils vivent à New York. Ils ne connaissent ni Marie-Mai, ni Pierre Bruneau, ni Guylaine Tremblay, ni Martin Matte. En résumé, ils maîtrisent la langue comme une compétence, mais ils n’ont pas épousé le projet québécois.


En 2017, doit-on renforcer quelques articles à la loi 101 ? Peut-être. Cependant, le défi véritable consiste à redéfinir un projet québécois positif et emballant qui suscite la fierté et l’adhésion.




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