Les tirs amis…

Marois "tannée"




Tous les chefs du Parti québécois ont rêvé d’assener un «taisez-vous» bien senti à leurs détracteurs… péquistes. Et pour cause : au PQ, on confond critiques et blâmes, débat et démolition. Ce n’est pas la sortie de Pauline Marois qui rétablira l’ordre.
Le parti des belles-mères? Assurément. La plus illustre est sans doute Jacques Parizeau, qui demeure un pape pour de nombreux militants. On ne compte plus les crises d’urticaire qu’il a provoquées chez son successeur, Lucien Bouchard.
L’ancien bloquiste devait aussi se protéger des attaques tonitruantes de deux ou trois présidents de circonscription. Même élus avec seulement 10 voix, ils n’existaient qu’en dénonçant la «mollesse» de leur chef. Il n’était pas assez souverainiste à leur goût…
Lorsqu’il est devenu chef à son tour, le pourtant vrai-souverainiste Bernard Landry a dû, lui aussi, se protéger des tirs amis, notamment de ceux de son compagnon d’armes Yves Michaud.
On a atteint un summum avec André Boisclair. Dans l’esprit des supermilitants — les plus vocaux en fait —, il était le seul responsable de la défaite électorale. Ce ne pouvait pas être le programme plus à gauche qu’eux-mêmes avaient imposé, ni le référendum «le plus tôt possible».
Le contexte historique est lourd, donc. Tellement que Mme Marois aura probablement jeté de l’huile sur le feu en demandant aux ténors péquistes de réserver leurs critiques pour les instances du parti.
Pour que nous puissions y voir plus clair, il faudrait, à chaque querelle interne, se poser deux questions : l’une sur la légitimité, l’autre sur la crédibilité.
Qui a la légitimité? Où loge la crédibilité? Du côté du chef ou des détracteurs?
Attardons-nous à la légitimité. Prenons l’exemple du SPQ libre, un club politique évoluant au sein du PQ.
Quand, l’an dernier, l’un de ses animateurs, Pierre Dubuc, a déclaré que M. Boisclair devait «connecter» avec la population, on ne pouvait s’empêcher de penser que le conseil valait d’abord pour lui. Il avait récolté un maigre 1,2 % des suffrages lors de la course à la succession de Bernard Landry.
La faible légitimité du SPQ libre ne l’a pas empêché de montrer très rapidement la porte à André Boisclair.
Aujourd’hui, on comprend Mme Marois de s’inquiéter de voir les mêmes «Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre» militer pour qu’un gouvernement du PQ ait l’obligation de tenir un autre référendum si 10 % des citoyens signaient une pétition à cet effet. Le Parti québécois ne serait pas élu s’il devait avaliser cette proposition.
Passons à la crédibilité.
Bernard Landry panique devant la réforme de l’éducation? Pourquoi ne l’a-t-il pas déclaré quand il était premier ministre? Que la réforme soit ajustée, oui. Mais ce serait de la folie d’imposer un moratoire.
Au test de la crédibilité et de la légitimité, Pauline Marois l’a emporté haut la main depuis qu’elle a pris les rênes du PQ. Sauf une fois, en fin d’année dernière, où c’est Bernard Landry qui a eu raison sur le fond.
Il est en effet indigne de vouloir rendre inéligibles aux élections provinciales, municipales et scolaires les nouveaux arrivants qui n’auraient pas une connaissance «appropriée» du français au bout de trois ans.
Mme Marois peut bien appeler tous les électrons libres à réserver leurs critiques pour les instances du parti. En fin de compte, il faudra continuer à évaluer au cas par cas les propositions et les dénonciations des uns et des autres.
Car ce ne sont pas les querelles internes qui nuisent le plus au PQ. C’est qu’il ne parvient pas à rendre désirable le projet de souveraineté à une majorité de Québécois. Il ne sait même plus quels liens concrets il envisagerait avec le reste du Canada si son option devait un jour l’emporter.
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