Mario Dumont veut être le champion de l’identité québécoise dans le dossier linguistique. Mais il est un piètre défenseur de nos intérêts lorsqu’il soutient qu’il faut reprendre le débat sur les niveaux d’immigration. La hausse à venir est nécessaire.
Le chef adéquiste aimerait bien refaire le coup des accommodements raisonnables, se repropulser à l’avant-scène de l’actualité. Son nouveau marchepied? Les inquiétudes grandissantes sur l’avenir du français au Québec.
Or, si c’est une chose d’accuser le gouvernement Charest d’avoir caché l’étude démolinguistique du chercheur Marc Termote, c’en est une autre de dénoncer l’augmentation des niveaux d’immigration.
M. Dumont oublie que la hausse de 45 000 à 55 000 du nombre d’immigrants est indispensable au développement économique et à la croissance démographique du Québec.
Nous devons tous nous montrer vigilants quant à l’avenir du français. Le jovialisme qu’affiche le gouvernement Charest est préoccupant. Mais il n’y a pas lieu d’appuyer sur un quelconque «bouton panique» pour l’instant.
Le Parti québécois l’a parfaitement compris, lui qui est pourtant sur un terrain où il pourrait facilement tenter de marquer des points. La réaction de Pauline Marois a été fine et mesurée.
Car, enfin, que dit cette étude que l’Office de la langue française tarde à rendre publique? Selon son auteur, elle confirme que les citoyens de langue maternelle française sont désormais (bien que légèrement) minoritaires sur l’île de Montréal. Exactement ce que disait Statistique Canada en décembre.
Marc Termote s’inquiète aussi de constater que seulement 52,6 % des citoyens de l’île de Montréal parlent français à la maison. Il est indéniable que la langue parlée en famille autour des tables montréalaises ne sera plus majoritairement le français d’ici quelques années.
Des explications? La très forte migration des francophones vers les banlieues, l’immigration internationale et le très bas taux de fécondité des Québécois «de souche».
Le portrait serait différent si l’on tenait compte des banlieues des couronnes nord et sud, habitées très majoritairement par des francophones, des francophones qui se retrouvent le jour à Montréal pour travailler.
Prises globalement, toutes ces données sont préoccupantes. Mais rien n’indique qu’il faut s’alarmer. À moins de croire que c’est en paniquant qu’on agit le plus intelligemment.
Dans une ville cosmopolite comme Montréal, ce n’est pas seulement en mesurant la langue parlée à la maison qu’on peut mesurer la vitalité du français. C’est en tenant compte de la langue parlée par les immigrants dans l’espace public.
On ne s’étonne pas que les membres d’une même famille grecque parlent grec chez eux le soir dans le Mile-End. En revanche, on tient à ce qu’ils accueillent en français les clients qui pénètrent dans le commerce qu’ils tiennent sur l’avenue du Parc.
Si l’on veut mesurer les succès et les insuccès de la loi 101, c’est bien davantage la langue employée dans les relations quotidiennes que celle parlée à la maison qu’il faut prendre en compte.
Les données du recensement concernant la langue parlée au travail seront dévoilées au printemps. Ce sont elles qui donneront la vraie mesure de la situation.
La chef du Parti québécois a fait preuve de responsabilité en affirmant que les nouveaux niveaux d’immigration n’ont pas à être remis en question, qu’il faut plutôt favoriser la francisation de tous les nouveaux arrivants non francophones.
Cela étant, pourquoi pas une commission parlementaire pour faire le tri dans les moyens à mettre en place pour parvenir à cet objectif essentiel? Nos élus joueraient un rôle constructif s’ils s’adonnaient à cet exercice. Ils pourraient même, peut-être, nous éviter une crise inutile…
- source
Se tourner la langue
Les données du recensement concernant la langue parlée au travail seront dévoilées au printemps. Ce sont elles qui donneront la vraie mesure de la situation.
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