Des ténors péquistes veulent stopper la réforme scolaire

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Marois "tannée"

La chef péquiste Pauline Marois affronte une nouvelle tempête à l'intérieur de son propre parti, cette fois autour de la réforme de l'éducation. Hier, toutefois, c'est au mauvais temps qui obscurcissait le ciel de Montréal qu'elle devait faire face. (Photo Patrick Sanfaçon, La Presse)

Isabelle Hachey - Jugeant que la réforme scolaire a déraillé, des ténors péquistes, dont l'ancien premier ministre Bernard Landry, veulent stopper le train fou. Ils exigent un moratoire sur l'implantation de la réforme en 4e et 5e secondaire et à l'éducation aux adultes. Mais ils insistent: leur sortie ne doit pas être interprétée comme un désaveu envers la chef du Parti québécois, Pauline Marois, qui a veillé à la mise en oeuvre de la réforme en tant que ministre de l'Éducation, il y a une décennie.

Hier, Mme Marois a refusé de joindre sa voix à celles de M. Landry, de l'ex-ministre Joseph Facal, du conseiller du PQ Jean-François Lisée et de l'actuel vice-président du parti, François Rebello. «Il est nécessaire qu'il y ait des redressements, mais je crois que ce serait une erreur magistrale de procéder à un moratoire», a dit Mme Marois, qui estime que les enfants en paieraient le prix. «Imaginez, la réforme est rendue en troisième secondaire. On a changé les cours, les façons de faire.»
Un grand-père inquiet
C'est d'abord en tant que grand-père que M. Landry s'inquiète des «dérives» de la réforme. Il a sept petits-enfants, «assez pour que ça me préoccupe», a-t-il confié à La Presse. Les piètres résultats obtenus par les élèves québécois dans diverses matières ont alerté l'ancien premier ministre. Il dit avoir constaté un «recul très alarmant dans les secteurs cruciaux des sciences, de la langue, de la culture et de la lecture».
Les personnalités péquistes ont signé le «manifeste pour une école démocratique, exigeante et centrée sur les connaissances», selon lequel la réforme «est un échec et son implantation aveugle et obstinée met en péril l'avenir de nos élèves et de la société québécoise».
M. Landry, qui était membre du cabinet Bouchard lorsque la réforme a été adoptée en 1997, affirme qu'elle l'a été «de bonne foi», puisqu'elle devait «améliorer les connaissances dans les matières de base, le français, les mathématiques et l'histoire». Sauf que «des idées en général bonnes ont sombré dans la technocratie, dans une espèce de manie qui, dans certains cas, a tourné au délire».
Cette sortie publique des ténors du PQ a fait «sourire» la ministre de l'Éducation. «C'est un désaveu assez incroyable de la capacité de Pauline Marois de diriger le PQ, a commenté hier Michelle Courchesne. C'est encore la bonne vieille histoire des membres Parti québécois que se chicanent entre eux. Je ne peux pas interpréter cela autrement.»
Bernard Landry a réfuté cette vision des choses. «C'est une question d'intérêt national, et je pense bien que tout le monde au Parti québécois qui aura observé les effets de la réforme voudra qu'on change de trajectoire. Ça dépasse de beaucoup toute question partisane.»
Jean-François Lisée, proche de la chef péquiste, partage cet avis. «Les premiers textes de la réforme que Mme Marois avait avancés faisaient consensus. Maintenant, on constate qu'il y a une dérive dans l'application de certains aspects, et il faut se poser la question à l'intérieur des deux partis», dit ce père de famille, lui aussi inquiet pour l'éducation de ses propres enfants.
Mme Marois a noté que les signataires du manifeste «sont des gens qui ont des points de vue personnels, et je les respecte». Même si leur position n'est pas celle du PQ, elle a aussi nié toute «scission» de la famille péquiste.
Michelle Courchesne dit non au moratoire
Michelle Courchesne a qualifié de «totalement irresponsable» cette demande de moratoire. «C'est bien beau de nous dire qu'ils (les ténors du PQ) agissent dans l'intérêt de l'élève, ils auraient dû y penser quand ils ont coupé les ressources professionnelles pour soutenir l'implantation du Renouveau pédagogique auprès des enseignants.» Elle a répété que des correctifs «sont apportés et seront apportés à la réforme. Depuis que je suis là, je prends les mesures. Mais ne me demandez pas de corriger la situation en quelques mois.»
En plus des ténors péquistes, de nombreux universitaires réputés ont aussi signé le manifeste, dont Normand Baillargeon, Robert Comeau et Jacques Dufresne. L'initiative provient de la Coalition Stoppons la réforme, qui organise par ailleurs une manifestation samedi à Montréal. Jusqu'ici, la pétition antiréforme de la Coalition a recueilli plus de 25 000 noms.
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