Les gestes de souveraineté, rien de nouveau!

Des gestes de souveraineté, il y en a eu de nombreux dans l'histoire récente du Québec.

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PQ - gouvernance nationale<br>Conseil national 14-15 et 16 mars

(Archives La Presse)

Si on souhaite que le débat politique, au Québec, se déroule de façon éclairée, il faudrait éviter que toute nouvelle idée ou toute déclaration d'un chef de parti soit rejetée ou abattue en flamme avant même d'avoir pu être examinée à son mérite. La controverse au sujet des «gestes de souveraineté» proposés par Gérald Larose et envisagés avec intérêt par Pauline Marois en est un nouvel exemple.


Des gestes de souveraineté, il y en a eu de nombreux dans l'histoire récente du Québec. La plupart d'entre eux, s'ils ont pu être contestés à l'origine, sont aujourd'hui considérés avec faveur par la grande majorité des Québécois. Prenons l'adoption du fleurdelisé comme drapeau québécois par Maurice Duplessis, en 1948. C'était certainement un geste de souveraineté. Même chose pour l'adoption, en 1955, du premier impôt québécois sur le revenu. Le gouvernement Lesage, dans les années 60, a posé plusieurs gestes de souveraineté: l'adoption du Régime des rentes du Québec et la création de la Caisse de dépôt et placement, le retrait des programmes conjoints, l'établissement de délégations du Québec à l'étranger, la signature d'accords avec la France. Le gouvernement de l'Union nationale, qui lui a succédé, n'a pas été en reste: création de Radio-Québec, abolition du Conseil législatif et adoption du nom d'«Assemblée nationale» pour désigner l'Assemblée législative, participation du Québec à la Francophonie.
Sous René Lévesque, il y a eu, évidemment, l'adoption de la loi sur la consultation populaire, celle de la Loi 101 et la tenue du premier référendum. Sous Robert Bourassa, la participation au premier sommet de la Francophonie, l'utilisation de la clause «nonobstant» au soutien de la Loi 101, la création de la commission Bélanger-Campeau et la conclusion de l'accord sur l'immigration. Sous Jacques Parizeau, les commissions sur l'avenir du Québec et le second référendum. Sous Lucien Bouchard, le rapatriement en matière de main-d'oeuvre et la création d'Emploi-Québec. Sous Bernard Landry, la reconnaissance de la nation québécoise. Sous Jean Charest, le rapatriement du congé parental. Et j'en oublie sûrement plusieurs.
Que le Parti québécois s'engage à continuer dans cette lignée et à utiliser au maximum les pouvoirs de souveraineté que lui reconnaît la Constitution actuelle, il n'y a rien là qui devrait inciter les fédéralistes à monter au créneau. Au contraire, Mme Marois ayant indiqué qu'elle verrait à ce que tout se fasse dans le respect des lois et de la légalité constitutionnelle, c'est une position qui ne devrait pas alarmer les tenants du système fédéral canadien.
Car le vrai débat, le seul, c'est celui de l'orientation stratégique du Parti québécois. À la suite de son échec électoral de 2007, le PQ a un choix crucial à faire: devrait-il recentrer clairement son action autour de l'accession du Québec à la souveraineté (quitte à ne pas être élu tant que les Québécois ne seront pas prêts à être indépendants), ou devrait-il se présenter comme un parti de gouvernement, axé sur la défense et la promotion des intérêts du Québec en posant tous les gestes nécessaires, y compris des gestes de souveraineté? Qu'est-ce qui serait dans le plus grand intérêt du Québec et des Québécois, à court et à long terme? Voilà le débat qui demande réflexion! Car la réponse, pour plusieurs, n'est pas évidente. Elle le sera sans doute davantage après les prochaines élections.
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Louis Bernard
Candidat défait à la direction du PQ en 2005, l'auteur est un ancien secrétaire général du Conseil exécutif sous René Lévesque et Jacques Parizeau.
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