Pour l’élite péquiste, il fallait en finir avec la stratégie référendaire, et tout particulièrement avec l’exigence de la tenue d’un référendum sur la souveraineté durant le premier mandat. Pauline Marois en avait déjà fait la condition de son couronnement à la direction du PQ. Voilà, ce sera sans doute fait au prochain Conseil national du PQ qui doit se tenir les 14-15 et 16 mars prochain.
Derrière quels oripeaux cacher l’abandon de la stratégie souverainiste ? L’abandon de la perspective référendaire et de la souveraineté comme projet immédiat doit remplir certaines conditions politiques pour s’imposer sans trop de dommages pour le Parti. D’abord, la direction Marois a compris qu’il ne fallait pas commettre la même erreur que Pierre-Marc Johnson lorsqu’il a imposé le tournant affirmationniste, en l’opposant ouvertement à la perspective souverainiste. Non, l’abandon de toute lutte effective pour la souveraineté du Québec va se cacher derrière un Manifeste pour la souveraineté, une gouvernance dite « nationale » faite de gestes de rupture respectant la légalité constitutionnelle canadienne et enfin une vaste conversation nationale. Le Manifeste pour la souveraineté pourra toujours inspirer les discours commémoratifs du dimanche en mémoire de la grandeur de la lutte du Québec pour l’indépendance. La conversation nationale pourra servir de cadre à bien des discussions de salon. Mais tout cela ne sert qu’à créer un vaste écran de fumée au ralliement de Pauline Marois et de son parti à l’autonomisme provincialiste… tenir un référendum le plus tôt possible dans le premier mandat » adopté par leur dernier congrès.
Des gestes de rupture ou la politique velléitaire élevée au rang de principe
Gérald Larose retrouve dans la rhétorique de Pauline Marois sa propre stratégie. On s’en doutait un peu. On sait maintenant comment interpréter ses discours antiréférendaires. Il faut interpréter les appels de M. Larose comme un défi posé à la direction péquiste d’avoir le courage d’en finir avec la nécessité d’aller chercher la légitimité de la souveraineté populaire.
Quand on regarde ce que nous a proposé le PQ en termes de gestes de ruptures jusqu’ici - gestes que plusieurs propositions déposées au Conseil national prennent comme modèle - on voit dans quelle terrible impasse la direction Marois veut conduire les indépendantistes du Parti. On se rappellera que le projet de loi 195 sur la nouvelle citoyenneté citoyenne affirme que ne peut devenir citoyen ou citoyenne du Québec q’un-e ou une citoyen-ne du Canada. Ce sont les gestes de « rupture » qui se feront, comme l’a promis Pauline Marois, dans le cadre du respect de la légalité de la constitution canadienne. Pour le PQ de Pauline, l’intégration citoyenne et nationale au Québec… devrait passer par Ottawa. Voilà qui n’est guère enthousiasmant… et ne pose aucun défi démocratique aux forces fédéralistes. Il n’y a là aucune démarche de rupture et de confrontation avec le fédéralisme canadien.
Dans son projet de loi 195, Pauline Marois et le Parti québécois proposent l’adoption d’une Constitution interne (décrite dans le projet de loi 196), qui respecte l’empire de la constitution canadienne, son caractère monarchique et constitutionnel et le rapetissement du Québec. La volonté de souveraineté nationale est passée sous silence, remise aux calendes grecques. On ose prétendre qu’une telle constitution va assurer la prédominance de la langue française alors que l’on sait pertinemment que la Cour suprême continuera à pouvoir estropier la Charte de la langue française.
C’est pourquoi dans ce projet de constitution vous n’y verrez pas le mot souveraineté ; vous n’y verrez aucune demande d’un nouveau partage des pouvoirs. Vous pourrez y lire, par contre, de longs paragraphes sur les symboles québécois… La constitution péquiste est une constitution folklorique et provincialiste. Bref, ce projet de constitution péquiste a tout de l’aplatissement devant le fédéral, du rapetissement de nos volontés émancipatrices. C’est l’étroitesse et la poltronnerie péquistes dans leur triste splendeur.
Les indépendantistes n’ont plus rien à faire au Parti québécois
La proposition de la région de Montréal Centre soulève la perspective d’une l’établissement d’une Assemblée constituante du Québec et parle d’une Constitution québécoise pour l’État indépendant du Québec… Il reste des indépendantistes au PQ.
Malheureusement, lorsqu’on regarde les propositions faites par les différentes régions sur la question de la souveraineté, on doit avouer que l’Exécutif national a déjà réussi à gagner la majorité du parti avec son « show de boucane ». Il semble que la perspective, si ce n’est de reprendre le pouvoir, du moins de redevenir l’opposition officielle est suffisamment mobilisatrice pour les ministrables de tout bord, pour que le discours de la cheffe ait réussi à s’imposer au Parti québécois.
Les indépendantistes du Québec doivent comprendre que l’élite péquiste cherche encore une fois à garder son monopole politique sur les aspirations nationales à l’indépendance pour mieux les utiliser pour accéder au pouvoir, mais sans oser offrir une stratégie permettant d’aller de l’avant et de gagner. La gestion d’un gouvernement provincial est pour cette élite le seul horizon de leurs ambitions…
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