Ce qui frappe l'observateur qui saisit l'occasion du 1er juillet pour réfléchir sur l'état actuel de la Confédération canadienne, c'est que le Canada d'aujourd'hui est dans un état de profonde transformation. Alors que le Canada d'hier, celui que nous avons connu et qui date du siècle dernier, est définitivement révolu, celui de demain reste encore largement incertain.
Parlons d'abord de la disparition du Canada d'hier. L'une des caractéristiques essentielles de ce Canada était son caractère bi-national. Cet élément est pratiquement disparu sous l'effet combiné, d'une part, de l'affaiblissement de l'héritage britannique résultant du multiculturalisme canadien et, d'autre part, du remplacement de la nation canadienne-française par la nation québécoise. C'est pourquoi personne n'ose maintenant parler des « deux nations fondatrices » du Canada. Par ailleurs, d'un point de vue sociologique voire même politique, le Québec et le Canada sont en voie de devenir deux pays de plus en plus distincts, comme le constate un nombre croissant d'observateurs à l'échelle de tout le pays. À cela, il faut ajouter que le centre vital de la vie canadienne s'est déplacé de l'Ontario vers les provinces de l'Ouest, ce qui entraine un changement important des valeurs à la base du pays: l'influence de la société américaine (surtout celle du mid-west) prend progressivement le pas sur celle exercée jusqu'alors par la culture européenne des origines. Même la solidarité nationale, ce ciment du Canada d'hier, est en voie de s'effriter, comme on peut le voir dans la diminution accélérée de la redistribution de la richesse collective des provinces les plus riches vers les provinces les plus pauvres, tant en ce qui concerne les programmes conjoints que la péréquation proprement dite. Avec l'élection, pour les quatre prochaines années, du gouvernement Harper, et avec celle, probable, d'un gouvernement Marois à Québec, il est légitime de penser que cette transformation déjà en cours ira en s'accélérant.
Qu'en résultera-t-il pour le Canada de demain? Cela est, pour le moment, impossible à prévoir. Mais une chose est certaine: ce Canada sera bien différent de celui que nous avons connu jusqu'à maintenant.