La chef du Parti québécois, Pauline Marois, rendait publique dimanche une nouvelle feuille de route vers la souveraineté. La date d'un prochain référendum étant toujours aussi lointaine qu'imprécise, un prochain gouvernement péquiste, annonce-t-elle, se consacrera d'abord à la défense tous azimuts des intérêts du Québec face à Ottawa. En attendant le Grand Soir de la souveraineté, il aura comme mandat d'obtenir d'Ottawa de nouveaux pouvoirs.
Cette proposition de Mme Marois à ses membres vient combler le vide laissé par la mise au ban du «référendisme» qu'elle avait elle-même imposée en prenant la tête du parti. La tenue d'un référendum sur la souveraineté devant ne venir que lorsque le fruit sera mûr, elle veut entre-temps mobiliser son parti autour d'une démarche de revendications qui n'est rien d'autre que la recherche de la plus grande autonomie pour le Québec vue comme une étape vers la totale autonomie.
Le Parti québécois, selon cette proposition, se fait autonomiste, un qualificatif que la chef péquiste se garde bien d'employer pour ne pas braquer ses militants les plus engagés qui pourraient voir dans sa démarche un report du prochain référendum aux calendes grecques. Si elle avait du succès, la démarche autonomiste pourrait constituer une démonstration par l'absurde que le Québec peut trouver au sein du Canada la place qui lui convient.
L'autonomie, si cela est devenu la marque de commerce de l'Action démocratique, demeure néanmoins ce qu'ont pratiqué tous les gouvernements québécois, peu importe leur couleur. Cela a été aussi le fait de tous les gouvernements péquistes, parfois avec succès. C'est le gouvernement Lévesque qui, en 1979, signait avec Ottawa l'entente Cullen-Couture qui confiait au Québec la sélection de ses immigrants. C'est Pauline Marois qui, au nom du gouvernement Bouchard, a été à l'origine de l'entente qui a permis la création, sous le gouvernement Charest, du programme d'assurance parentale. Cette proposition est donc toute naturelle.
Pour convaincre ses militants de sa bonne foi, Mme Marois a dressé un plan de campagne chargé. Sa volonté de sortir de l'attentisme l'amène toutefois à aller dans l'excès contraire d'un activisme débridé. Lorsqu'elle arrivera au gouvernement, elle en aura déjà plein les bras avec la gestion courante des affaires. Aussi, il lui faudra choisir ses batailles sur le front constitutionnel. L'idée qu'elle nous lance d'une seule déclaration de revenus faite au Québec est peut-être attrayante, mais c'est une chose bien secondaire comparativement au rapatriement des pouvoirs en matière de culture et de langue. Si son objectif est de faire la preuve qu'Ottawa dit non à tout, il va de soi qu'il faut demander la lune. Si l'idée est de faire progresser le Québec, il faudra se concentrer sur ce qui est essentiel au développement de la société québécoise.
Qui peut le mieux faire avancer le Québec sur des questions comme celles-là? demandaient hier les libéraux en affirmant qu'Ottawa ne prendra jamais au sérieux la démarche cousue de fil blanc de Pauline Marois. Cette question renvoie toutefois le gouvernement Charest à ses propres objectifs en matière de défense des intérêts du Québec, lui dont les revendications ne sont pas entendues dans la capitale fédérale. Formulé il y a un an, le transfert de pouvoirs et de budgets en matière culturelle au moyen d'une entente administrative est rejeté tant par les conservateurs que par les libéraux. Il y a là un test pour le premier ministre Jean Charest qui, s'il échoue, donnera de la valeur à l'approche autonomiste vigoureuse prônée par la chef péquiste lors des prochaines élections.
bdescoteaux@ledevoir.com
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