Ignatieff et le Québec - Rien dans les mains

Ignatieff - le PLC et le Québec

Michael Ignatieff ne manque jamais une occasion, chaque fois qu'il le peut, de se dire ouvert aux aspirations des Québécois. Jusqu'ici, son discours, vague à souhait, pouvait laisser espérer de la part d'un prochain gouvernement libéral l'octroi au Québec de plus de reconnaissance et d'autonomie. Il serait illusoire d'attendre quoi que ce soit à cet égard. Le chef du Parti libéral le reconnaît lui-même. Il n'a rien à offrir.
Dans des entrevues accordées au Devoir et à The Globe and Mail juste avant la tenue d'un grand rassemblement partisan à Montréal jeudi soir, Michael Ignatieff a précisé sa pensée. La reconnaissance du Québec comme nation qu'il a été le premier à prôner n'a pas de signification particulière. C'était reconnaître une évidence, un état de fait. Point! Il ne faut attendre, d'un gouvernement libéral, rien de plus. Pas question donc de soumettre les institutions fédérales à l'autorité de la loi 101 au Québec, comme le propose le Bloc québécois. Pas question non plus d'accorder au gouvernement Charest la souveraineté qu'il réclame en matière de culture.
Le chef libéral fait là un pas en arrière. Pendant plusieurs mois, il aura joué la carte nationaliste en laissant entendre subtilement qu'il comprenait le Québec et était désireux de faire la paix. Son entourage et lui nous rappelaient sans cesse l'appui donné à l'encontre des bonzes du Parti libéral à la reconnaissance de la nation québécoise, une proposition qui a fini par se rendre jusqu'à la Chambre des communes, où elle fut adoptée à la quasi-unanimité. Le message, à peine subliminal, était voilà un leader courageux et déterminé, à qui les Québécois pourraient faire confiance pour défendre leurs aspirations et faire avancer leur cause.
La main tendue est tout à coup retirée. Michael Ignatieff revient à l'orthodoxie libérale voulant qu'il n'y ait pas lieu de modifier le fédéralisme canadien puisqu'il fonctionne bien et qu'ouvrir des négociations constitutionnelles serait ouvrir une boîte de Pandore. La chose n'est pas surprenante. Michael Ignatieff, si jamais il a eu quelque velléité de s'engager envers le Québec, se sera fait rappeler par l'establishment du parti qu'une trop grande ouverture à l'égard de cette province pourrait lui coûter des votes précieux dans le reste du Canada. Pas de traitement particulier pour le Québec.
La position du chef libéral a tout au moins le mérite de la franchise. Mieux vaut savoir maintenant qu'il est pour le statu quo que découvrir trop tard qu'il ne tient ses promesses qu'à moitié ou pas du tout... comme ce fut le cas pour plusieurs des engagements pris par Stephen Harper, qui pour cette raison a justement presque perdu totalement la confiance des Québécois. Cela étant, Michael Ignatieff fait le pari que le vote massif de protestation contre les conservateurs qui se prépare au Québec ira majoritairement vers le Parti libéral plutôt que vers le Bloc québécois. Il compte s'approprier ce vote en affirmant que seul un vote libéral peut assurer la défaite des conservateurs. Que seul un vote libéral peut garantir le retour des subventions aux entreprises culturelles.
Ce discours de Michael Ignatieff est un classique du genre. Il ne nous invite pas tant à voter libéral qu'à défaire les conservateurs, ce qui aurait pour effet de déplacer notre point d'attention et de ne pas mettre en doute les politiques qu'il entend mettre en oeuvre. Le piège est là. Il est d'autant plus dangereux que Michael Ignatieff revient à l'orthodoxie libérale des années Chrétien. Il n'est pas en train de changer le Parti libéral, condition essentielle pour renouer avec le Québec.


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