«Le Parti québécois est en danger»

Le leadership d’André Boisclair n’explique pas à lui seul la débandade. " Les péquistes ne doivent pas se servir de M. Boisclair comme paratonnerre pour évacuer une réflexion de fond sur leur parti, leur message, leur attitude ", a souligné M. Guay.

PQ - stratégie revue et corrigée

Pascale Breton - Au lendemain de sa débâcle électorale, le Parti québécois est en danger. Il doit entreprendre une sérieuse réflexion sur son avenir et la façon de présenter l'option souverainiste, croient des militants.
Plusieurs évoquent aussi la question du leadership du chef, André Boisclair, déjà contesté. Mais ils hésitent à lui lancer la première pierre.
" Il faut remettre en question le discours, le programme, l'attitude. Le Parti québécois est en danger. Il y a lieu de faire une réflexion intelligente, mesurée et de tout remettre sur la table, y compris le leadership ", a déclaré le militant de longue date Yves Michaud, en réclamant des états généraux.
Questionné sur la confiance qu'il témoigne à André Boisclair, il a hésité quelques secondes. " René Lévesque n'a pas réussi à amener le peuple québécois à l'indépendance. Jacques Parizeau n'a pas réussi. Il est arrivé tout proche, mais il n'a pas réussi. Et André Boisclair n'est pas de même taille ", a commenté M. Michaud.
L'ex-ministre Jacques Brassard, ancien député péquiste de Lac-Saint-Jean, porte aussi un regard critique au lendemain de cette " sévère défaite ".
La tenue d'une élection référendaire n'était pas une bonne idée, selon lui. Il vaut mieux garder la position des anciens premiers ministres Lucien Bouchard et Bernard Landry, qui parlaient de tenir un référendum si les conditions gagnantes étaient réunies, a souligné M. Brassard, qui a démissionné en 2002, évincé du Conseil des ministres par Bernard Landry.
" Le Parti québécois doit revenir à cette vision, sinon il va risquer de rester dans la position que l'électorat vient de lui confier, c'est-à-dire celle de troisième parti. C'est clair qu'une remise en question des orientations du PQ doit être faite. "
Pour les politologues, le message envoyé par l'électorat est clair. " Le mouvement souverainiste n'est pas très porté à l'introspection, mais franchement, il faut regarder les choses en face : c'est un revers très sérieux ", a commenté le politologue de l'Université de Montréal, Louis Morissette, professeur invité à l'American University of Washington.
Non seulement le mouvement souverainiste se contracte et se divise, mais la souveraineté est reléguée au deuxième rang, a ajouté le politologue Jean-Herman Guay, de l'Université de Sherbrooke. " Tout ce projet n'est pas aussi urgent qu'on le croyait. Il ne s'impose pas aussi nettement comme projet réel. "
Le leadership d'André Boisclair n'explique pas à lui seul la débandade. " Les péquistes ne doivent pas se servir de M. Boisclair comme paratonnerre pour évacuer une réflexion de fond sur leur parti, leur message, leur attitude ", a souligné M. Guay.
Chez les jeunes péquistes, le sentiment d'urgence est de brancher le parti sur la réalité de la population et des enjeux d'aujourd'hui. " La souveraineté, si on ne l'adapte pas, est la solution aux problèmes d'hier ", a lancé l'ex-député de Joliette, Jonathan Valois, qui a choisi de ne pas se représenter.
Sa tournée du Québec avec les ex-députés Stephan Tremblay et Alexandre Bourdeau avait donné lieu au rapport La révolution verte et bleue.
Enjeux d'aujourd'hui
Les enjeux d'aujourd'hui sont le mouvement vert, le développement durable, les accommodements raisonnables, la diversité culturelle, a insisté M. Valois. «Nous devons aujourd'hui donner la souveraineté comme une réponse globale à ces enjeux. Nous n'avons pas réussi.»
Plusieurs préconisent d'ailleurs un rapprochement ou une coalition avec les autres militants souverainistes qui pourraient se trouver au Parti vert ou chez Québec solidaire.
Pour l'ancienne ministre Louise Beaudoin, la souveraineté est toujours possible, mais pas dans un avenir immédiat. «Je n'imagine pas le PQ ne pas garder le cap à long terme, mais il peut y avoir un long détour.»
Les artistes jettent un autre regard sur la mouvance souverainiste. La souveraineté ne se limite pas au mot «référendum».
«Il faut plutôt parler d'indépendance, de rêve, le rêve d'un peuple qui veut devenir un pays. Ce sont des choses qui n'ont pas été abordées dans la campagne», a déploré Chafiik, du groupe Loco Locass.
«On ne pourra pas faire la souveraineté si on ne vend pas l'idée. On ne peut pas juste parler de référendum et espérer que les gens adhèrent», a renchéri le chanteur Paul Piché.


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