Le Grand bond en arrière

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Billet de Caroline



Nous devons nous faire entendre avec notre langue,
nos chansons, nos poèmes et nos histoires,
c’est le seul moyen d’empêcher
que notre voix soit noyée dans le bruit et disparaisse.
Il faut rester vivant dans sa propre langue.
Hugo Hamilton
Le Marin de Dublin


Après ses études à la polyvalente de Châteauguay,
Yannick s’est inscrit à un cours de mécanique.
Pour obtenir une place dans une école de langue française,
les délais d’attente étaient de six mois à un an.
Ils étaient de quatre jours pour l’école anglaise.
Ses parents, Jacqueline et Serge, en sont demeurés éberlués :
« En plus, pour des études en français
on nous réclamait 1500 $ alors qu’en anglais,
on avait 500 $ à payer. Ils disent que ce sont pas les mêmes barèmes,
que les livres en français coûtent plus cher.
Le gouvernement devrait faire quelque chose. Ç'a pas d’allure! »
Certains des fonctionnaires auxquels, pour discuter de la situation,
ils se sont adressés, ne parlaient pas français.
« Ils parlaient anglais, arabe, mais pas français! »

Yannick, qui a appris l’anglais
en jouant au hockey avec les Mohaws de Kanesatake,
a reçu sa formation en anglais.
Pour ses déplacements, ses parents ont voulu lui offrir une voiture.
Des amis les ont mis en garde.
Selon eux, il valait mieux investir dans un véhicule usagé.
Parce qu’il était un « vrai français »,
les anglais risquaient de s’en prendre à son char.
Yannick a eu ses quatre pneus crevés.
« Il a fallu qu’il se fasse des chums anglais pour que ça arrête. »
Un de ses amis, Dan, ne parlait pas du tout français.
« On a été très surpris d’apprendre
que sa mère était francophone. »
Plus tard, lorsque Yannick a postulé
pour un poste d’assistant apprenti-technicien,
parce qu’il était bilingue, il a été choisi
au détriment de d’autres employés, dont son cousin,
lesquels comptaient pourtant
une quinzaine d’années d’expérience.

Serge rapporte aussi qu’une amie
qui s’était vu refuser un emploi à la CSST
a rédigé une nouvelle demande en inscrivant sur le formulaire
anglais-français plutôt que français-anglais,
ce qui a joué en sa faveur.
« Même dans les rencontres de parents au hockey,
si t’en as dix personnes qui parlent français et une qui parle anglais,
ça va se passer en anglais. »
Pour Serge et Jacqueline, il s’agit d’un bond en arrière.
« C’est très inquiétant. »

Le modèle islandais

"En Islande, pays d’un peu plus d’un quart de million d’habitants,
bien que l’apprentissage de l’anglais soit obligatoire
et que le danois y soit couramment parlé ou compris,
l’islandais demeure la langue nationale.
Les candidats à un permis de séjour sont soumis à la loi sur les étrangers:

Un candidat à un permis de séjour doit suivre un cours en islandais destiné aux étrangers pour un minimum de 150 heures. Le candidat doit soumettre un certificat faisant la preuve de sa participation et de assiduité, laquelle doit atteindre un minimum de 85 %. Un certificat faisant la preuve de sa participation doit être transmis par un éducateur approuvé par le ministère de la Justice.
Par ailleurs en Islande, les terminologues du gouvernement travaillent à plein temps pour créer des mots islandais et éviter les emprunts au danois et, maintenant, à l’anglais. L’objectif de la Commission de la langue islandaise est très clair : éviter les anglicismes et assurer l’islandisation du vocabulaire, que ce soit dans les écoles, les usines ou les médias. Cette pratique existe depuis le XVIIIe siècle. En effet, une loi linguistique édictée à cette époque interdisait l'intégration de mots étrangers, de sorte que, par exemple, au lieu d'adopter les termes techniques et scientifiques internationaux — bien souvent d’origine gréco-latine —, les terminologues de l’époque formaient des mots composés à partir des souches islandaises, réutilisaient d'anciens mots tombés en désuétude ou encore créaient des néologismes à partir de racines de la langue. C’est ainsi qu’une commission de terminologie a proposé l’ancien terme simi signifiant "lien" et qui est désormais utilisé par tous pour désigner le téléphone. (…) Aujourd’hui, le système axé sur le purisme linguistique fonctionne à un point tel que les médias attendent patiemment les nouveaux mots au fur et à mesure qu’ils paraissent et évitent, entre-temps, d’employer les anglicismes. Selon certaines sources, il s’agit presque d’une "religion" au sein de la population islandaise. D’ailleurs, dans ce pays, les terminologues sont considérés comme des "sages" veillant à la pureté de la langue, et non comme des fonctionnaires "bornés" campés sur leurs positions. » Jacques Leclerc, texte extrait du site de l’Université Laval.
Les Islandais ont été très tôt majoritairement alphabétisés. Ils restent parmi les plus gros lecteurs au monde. Pour une langue aussi minoritaire (moins de 300 000 locuteurs), la production littéraire et l'édition islandaise restent très florissantes : on publie quelque 1 300 livres par an." (source BiblioMonde)


On objectera que le Québec n’est pas un pays.
C’est la preuve qu’il doit le devenir.

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Caroline Moreno476 articles

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Château de banlieue

Mieux vaut en rire que d'en pleurer !


Chapitre 1
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Chapitre 2
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Chapitre 3
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1 commentaire

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    10 septembre 2007

    Autre preuve aujourd'hui dans les actualités que le Québec se fait canadianiser: La poursuite journalistique, basée à L'aut'journal, contre la Société Radio-Canada. Partialité dans la couverture de la mission en Afghanistan. Tout le monde a hurlé dans les chaumières en voyant Bernard Derome roucouler avec les militaires du 22 et leur faire dire quelle belle oeuvre de reconstruction et d'éducation ils sont en train de réaliser. Pendant ce temps, son collègue Patrice Roy qui a "faibli" sous le choc et s'est demandé devant micros ce qu'ils faisaient vraiment là, eh bien, pouf! Patrice est disparu sous le tapis. Lui et son caméraman amputé on n'en entend plus parler... O Canada!...