Il est encore temps de prendre des résolutions pour 2004, et je vous en soumets une qui change des promesses de faire plus d'exercice et de cesser de fumer. Elle m'est inspirée par l'écrivain français Jean-Claude Guillebaud qui nous propose de retrouver, comme l'indique le titre de son dernier ouvrage, le goût de l'avenir.
Avoir le goût de l'avenir, c'est vouloir gouverner celui-ci, écrit-il. C'est refuser qu'il soit livré aux lois du hasard, abandonné à la fatalité ou, pire encore, à la domination des puissants, aux logiques mécaniques, au déterminisme technologique ou aux lois du marché. C'est «être habité par l'idée du lendemain à construire» et «renoncer au renoncement contemporain». C'est rejeter la dictature du présent. C'est «réapprendre à dire non» et mettre en pratique le beau slogan des altermondialistes : Un autre monde est possible.
Une certaine gaieté nous fait défaut, selon Guillebaud. «La joie véritable que nous avons perdue, c'est celle de l'aube, celle des printemps, du lilas, des projets.» Il nous presse également de redécouvrir les colères véritables, «celles qui engagent».
Il s'agit, en somme, de réhabiliter l'espérance en un monde meilleur, évanouie dans le tumulte de la vie quotidienne et dont l'érosion nous est dissimulée par l'incantation obsessionnelle du changement.
L'espérance est, avec la liberté, l'antidote à l'autoritarisme. Dans son chef-d'oeuvre indémodable, The Great Dictator, Charlie Chaplin joue un barbier qui, parce qu'il lui ressemble à s'y méprendre, passe pour le dictateur Adenoid Hynkel, une caricature d'Adolf Hitler, et prononce à sa place un discours qui n'a rien perdu de sa pertinence plus de soixante ans après la première du film le 15 octobre 1940.
Au lieu d'y célébrer les vertus du fascisme et de l'impérialisme, comme l'aurait fait le dictateur, Chaplin fait un appel au peuple pour que celui-ci, redécouvrant les vertus de la démocratie et de la solidarité, garde espoir dans l'avenir.
«Je dis à tous ceux qui m'entendent : ne désespérez pas ! Le malheur qui est sur nous n'est que le produit éphémère de l'avidité et de l'amertume de ceux qui ont peur des progrès qu'accomplit l'humanité.»
«Vous le peuple, dit-il, vous avez le pouvoir de créer le bonheur, vous avez le pouvoir de faire de cette vie une merveilleuse aventure. Unissons-nous. Il faut nous battre pour construire un monde de raison, où la science et le progrès mèneront tous les hommes vers le bonheur.»
D'abord, donc, vaincre le fatalisme, y compris quand la situation semble perdue.
Guillebaud prétend qu'il nous faut sortir du deuil qui a commencé en 1989. Deux cents ans après la Révolution française, est mort avec la chute du Mur de Berlin le mythe révolutionnaire. C'était «la fin de l'histoire». Le capitalisme et la démocratie libérale n'avaient plus de rivaux.
Certes, l'humanité était ainsi soulagée des horreurs du XXe siècle. Mais la déroute du communisme entraînait la fin d'une espérance, celle qu'il pouvait y avoir un autre chemin, une autre conception du monde. Nous attendons encore la nouvelle pensée sur laquelle asseoir le refus du fatalisme et une volonté de peser sur le cours de l'Histoire.
À défaut, nous avons assisté au repli sur soi. Ce nouvel individualisme, écrit Guillebaud, «a toutes les chances de correspondre à un retrait progressif, un désengagement général, un refus de civiliser ou de corriger le monde. On se contentera dorénavant d'échanger des marchandises, de gérer le présent, d'y maintenir un ordre légal, de réguler au jour le jour les contradictions ou de contenir les violences qui rôdent».
Le discours politique est remplacé par les bons sentiments. Le citoyen est lentement destitué et est invité à confier aveuglement son destin aux mécanismes du marché et de la technoscience. Il s'en remet aux nouvelles oligarchies capables de gérer les mécanismes mondialisés. Il prend congé de l'Histoire. Il accepte la perspective d'une disparition de la politique et, donc, de la démocratie.
Pour des peuples sans mémoire et privés de projets, le présent occupe tout l'espace. Nous n'acceptons plus de sacrifier quelques heures aujourd'hui contre la promesse d'un futur meilleur. Dès lors que l'espérance s'évanouit, «le présent devient un butin dont chacun veut sa part». Ce sont les chamailleries et le moralisme bon marché qui remplacent la délibération, les querelles élitistes entre dogmatismes qui tuent l'idée même de progrès.
Mais il ne faut pas remplacer une incantation par une autre. Il ne suffit pas de gémir sur la mort de l'espérance ni de se contenter de chanter comme les «phénomias» que «l'avenir on le bâtit ensemble», ou comme les stars de l'académie, que l'on va «changer le monde avec une chanson». Il faut retrouver les vertus mobilisatrices des rêves partagés, réapprendre à débattre et à formuler des idées qui deviendront des projets. Il s'agit de réenchanter le présent en y réintroduisant l'avenir.
Au cours des prochaines semaines, je vous proposerai une série de réflexions sur les sujets importants pour l'avenir du Québec et pour lesquels il me semble nécessaire de retrouver le goût de débattre. Au terme de cette série, je vous inviterai à poursuivre la discussion dans un lieu où il sera possible de former et de réaliser des projets. Ceux que cette perspective intéresse voudront bien me le faire savoir en m'écrivant à l'adresse ci-dessous.
Michel Venne est directeur de L'annuaire du Québec, chez Fides.
vennem@fides.qc.ca
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Quelle famille! - 2
Michel Venne
Le Devoir lundi 19 janvier 2004
Il y a déjà plus d'une trentaine d'années, Jeannette Bertrand avait imaginé un téléroman relatant la vie quotidienne d'une famille québécoise typique: deux parents vivant sous le même toit avec leurs quatre enfants et leur chien. Le programme avait pour titre Quelle famille! et chacun y reconnaissait les grandes joies et les petites misères de sa propre vie. Aujourd'hui, les téléséries reflètent la disparité des formes d'organisation familiale, du célibataire endurci à la famille monoparentale, du couple homosexuel à la famille reconstituée, jusqu'au cas des Bougon, archétype du ménage dysfonctionnel mais uni.
La famille est un thème très présent dans l'actualité et pour cause. Elle constitue l'unité de base d'une société, la première dans laquelle se créent des liens durables, se développe le sens d'une responsabilité mutuelle, où s'enracinent et se transmettent les valeurs et les traditions. C'est le premier lieu d'exercice de l'autorité et de contestation de celle-ci.
Ainsi va la famille, ainsi va la société. En 1983 dans La Troisième Planète, Emmanuel Todd avait établi les liens entre structures familiales et systèmes idéologiques. C'est à partir de l'étude des transformations de la famille en Union soviétique qu'il avait, par la suite, prédit l'éclatement de l'empire communiste. Selon le directeur de l'Institut de formation d'aide communautaire à l'enfant et à la famille (Ifacef), Benoît Clotteau, «notre société est en crise car la famille québécoise est en crise» (Les Cahiers du 27 juin, vol. 1 no 2). Mais cette crise peut devenir l'occasion de créer une nouvelle situation d'équilibre pour que cette institution soit le «lieu de partage, d'acceptation inconditionnelle et de solidarité» que nous voulons, et qu'elle soit «cet espace privilégié où ses enfants de sang, de lait, d'adoption ou par alliance trouveront la place de se développer avant de choisir leur place dans le monde».
On aborde souvent la question familiale par l'entremise de la dénatalité. Ce n'est pas en soi une erreur, sauf si l'on cherche à réhabiliter la famille en culpabilisant les jeunes adultes de ne plus faire autant d'enfants que leurs aînés. L'urbanisation, la sécularisation et l'industrialisation ont complètement modifié le rapport aux enfants. Le féminisme mais aussi l'augmentation prodigieuse de l'espérance de vie ont fini de casser les modèles uniques.
On ne peut pas examiner l'avenir de la famille sans tenir compte de ces transformations qui sont là définitivement. Les nouvelles technologies de reproduction, l'adoption internationale et la fin prochaine de la discrimination envers les couples de même sexe vont encore mêler les cartes et soulever des questions déchirantes sur les notions de filiation et de transmission. Les taux élevés de rupture conjugale bouleversent les rôles parentaux et en particulier celui du père. N'est-il pas troublant d'apprendre que, cinq ans après une séparation ou un divorce, un enfant sur quatre né de l'union dissoute perd tout contact avec son père? En contre partie, le nombre d'hommes appelés à jouer le rôle de père auprès d'autres enfants dans une famille reconstituée va grandissant.
Ainsi, les questions à débattre entourant l'avenir de la famille concernent évidemment les politiques natalistes, mais aussi bien autre chose. Les spécialistes estiment qu'un tout petit effort serait suffisant pour rehausser les taux de fécondité. On évoque souvent les mesures de conciliation entre la famille et le travail, la réforme des congés parentaux et l'organisation efficace des services de garde. Ce qui décourage souvent les petites familles est lié aux compressions du temps. À cet égard, les normes du travail ne sont pas seules en cause. Le regard des prospectivistes se tourne de plus en plus vers d'autres sujets de préoccupations, tous liés à une meilleure qualité de vie, comme l'aménagement des villes, la proximité des services publics et la disponibilité du transport en commun.
Une famille crée des liens entre générations et au sein d'un réseau élargi de cousins, de tantes et d'arrière-grands-oncles qui compose un faisceau d'ancrages symboliques, identitaires et de solidarité. Toute question relative à la famille doit prendre en compte le rôle des grands-parents, qui vivent en santé de plus en plus vieux. Ces retraités toujours alertes peuvent-ils jouer un rôle dans l'école, comme ce grand-père vietnamien que j'avais rencontré à Hanoï et qui se chargeait d'apprendre le français à son petit-fils, après les heures de classe? Le marché de l'habitation favorise-t-il les rapports intergénérationnels?
Le bouleversement de la famille remet également en question le droit et les critères qui fondent les politiques sociales. Les programmes de soutien du revenu, les règlements sur l'iimmigration, les assurances, les conventions collectives, les lois et jusqu'aux règles de preuve en droit criminel se réfèrent à l'unité conjugale pour fixer les normes sociales. Est-il toujours pertinent de le faire? La Commission de la réforme du droit du Canada mène des travaux sur ces questions depuis déjà plusieurs années.
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Il y a cent façons de découper la réalité pour la soumettre au débat. Pour cette série sur «le goût de l'avenir» (lire ma chronique du 12 janvier), j'ai choisi de partir de ce que j'estime correspondre, peut-être à tort, aux préoccupations courantes de la population plutôt que de le faire selon des catégories intellectuelles comme la liberté ou le nationalisme. Dans les prochaines semaines, j'aborderai successivement le travail, les impôts, l'école, la campagne et la ville, la langue, la guerre, l'éthique, la culture et les droits et puis les institutions politiques, avant de proposer l'organisation d'activités pour favoriser la participation des citoyens à des débats sur les grands enjeux de notre temps. Déjà, 125 lecteurs m'ont indiqué leur intérêt à recevoir de l'information sur ce projet qui prendra forme prochainement. Si une telle perspective vous intéresse, je réitère l'invitation à m'écrire à vennem@fides.qc.ca. Vous serez ainsi les premiers informés.
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Le fisc veut votre bien... - 3
Michel Venne
Le Devoir lundi 2 février 2004
Lorsqu'il était ministre du Revenu dans le gouvernement de Robert Bourassa au début des années 1990, l'actuel ministre des Finances Yves Séguin commençait parfois ses discours par cette blague: «Le fisc veut votre bien... Et il va l'avoir!» Manière de détendre l'atmosphère, sans doute, mais qui renforce l'impression tenace que lorsque l'État perçoit des taxes et des impôts, ils vous prive injustement de quelque chose.
On oublie généralement d'ajouter qu'en retour de l'impôt, le gouvernement rend d'innombrables services que les contribuables devraient se payer autrement, sur le marché privé, si de tels services n'étaient pas rendus par l'État. C'est sans parler des fonctions étatiques que le secteur privé ne pourrait jamais remplir puisqu'elles concernent la redistribution de la richesse, la protection du territoire, la sécurité, la représentation des intérêts de la nation ou l'exercice de la démocratie.
La fiscalité n'est pas une opération de collecte de fonds pour une entreprise charitable. Elle ne sert pas non plus seulement à recueillir les deniers nécessaires à la livraison de services. La fiscalité est une loi qui permet à l'État de percevoir son financement auprès des citoyens qui, collectivement, lui confèrent une légitimité, lui confient des tâches, et auxquels il rend des comptes. L'une des fonctions de la fiscalité est d'assurer l'équité de traitement entre les contribuables. Elle peut aussi servir à mettre un prix sur des activités qui constituent une nuisance. Un juge américain a déjà dit que la fiscalité était «la clé de la civilisation».
Depuis quelques semaines, on voit à la télévision la publicité d'un courtier en placement qui offre à ses clients l'option «zéro impôt», s'appuyant sur l'argument fallacieux selon lequel il y a mieux à faire dans la vie que payer des taxes. Par exemple, on peut acquérir un rutilant véhicule sport de luxe... pour parcourir les chemins entretenus par l'État, bien entendu.
Depuis quelques années, les hommes et les femmes politiques sont obsédées par la promesse de réduire les impôts. Lorsque l'on se compare aux autres territoires en Amérique du Nord, on constate que le fardeau fiscal est plus élevé au Québec. Conclusion simpliste: nous serions surtaxés, alors baissons vivement les impôts.
Lors du forum public sur le modèle québécois tenu il y a tout juste un an à Montréal (voir à ce sujet Justice, Démocratie et Prospérité. L'avenir du modèle québécois, Québec-Amérique), un participant s'était indigné de l'insignifiance du discours électoral ambiant : «Les politiciens nous prennent pour des consommateurs, dit-il: "Votez pour nous et vous obtiendrez un rabais fiscal de 500 $!"»
Sommes-nous vraiment surtaxés? Si on compare notre fardeau fiscal avec celui de certains pays européens, nous le sommes moins. Évidemment, nous vivons en Amérique du Nord et devons nous mesurer avec nos voisins. Jean-François Lisée s'est adonné à cette comparaison avec l'Ontario. Ses résultats sont éloquents.
Le ministère des Finances du Québec a calculé que si on avait appliqué, en 2001, la structure fiscale ontarienne, les contribuables québécois auraient versé 4,2 milliards de moins au fisc québécois. Par contre, les entreprises québécoises auraient versé 1,4 milliard de plus. Globalement (particuliers et entreprises), les Québécois paient donc 2,8 milliards de plus en impôts et taxes que s'ils vivaient en Ontario.
En revanche, les Ontariens paient l'électricité beaucoup plus cher qu'au Québec. La différence s'élève à près de 2,5 milliards de dollars, selon les calculs de Lisée. En somme, ce que les Québécois paient en impôt, les Ontariens le paient en électricité, à la différence que, pour le même montant, les Québécois reçoivent, en retour, plus de services publics.
Lisée a produit une liste non exhaustive de programmes existants au Québec, mais pas en Ontario (services de garde à 7 $, prestations pour enfants, assurance-médicaments, bourses aux étudiants, subvention à l'école privée, etc.) Il en a découvert pour plus de 4 milliards de dollars. Donc, les Québécois paient peut-être 2,8 milliards de plus en impôts que les Ontariens, mais ils obtiennent pour 4 milliards de plus en services et ils paient pour 2,5 milliards de moins que leurs voisins en électricité.
N'est-il pas curieux que l'on accepte relativement aisément, souvent avec fatalisme, les hausses de prix pour des biens non durables que l'on achète sur le marché, mais que l'on rechigne à la moindre hausse de taxes pour des services essentiels et dont l'effet est durable, y compris la santé et l'éducation?
Tous les débats sur l'avenir des services publics et sur le rôle de l'État butent sur la question du financement. C'est pourquoi le financement sera au coeur des débats des prochaines années: privé ou public? impôt ou tarification? régimes d'assurance ou d'assistance? Quelle sera, dans chacun des secteurs, la meilleure combinaison en fonction des objectifs sociaux, économiques, culturels et politiques que se fixe la nation?
Quant à l'impôt lui-même, il y a lieu de réexaminer la progressivité du système, qui s'est effritée au cours des dernières années sous le coup de la réduction des paliers d'imposition et de l'augmentation de l'espace qu'occupent dans les revenus les taxes à la consommation ou l'impôt foncier. C'est la capacité même de l'État de compenser les inégalités du marché qui est mise en cause.
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J'ai lancé, dans ma chronique du 12 janvier, une invitation aux personnes qui ont «le goût de l'avenir», qui aimeraient participer à des débats sur les enjeux de notre temps et auxquels je cherche à contribuer avec la présente série d'articles, à me laisser leurs coordonnées. Si la perspective de participer aux activités d'un institut non partisan voué à l'animation du débat public vous intéresse, écrivez-moi. Lancement en mars. Vous serez les premiers informés.
Michel Venne est directeur de L'annuaire du Québec, chez Fides.
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L'éducation pour tous - 4
Michel Venne
Le Devoir lundi 9 février 2004
Jusqu'au milieu des années 1960, l'éducation incombait d'abord à la famille, aux groupes privés comme l'Église et aux communautés locales par le moyen de l'impôt foncier perçu par les commissions scolaires. Cela ne pouvait pas durer. La population francophone était affligée de sous-scolarisation. En 1958, à peine 13 % des francophones terminaient la 11e année, contre 36 % chez les anglophones. Seulement 3 % fréquentaient l'université.
À quoi bon rappeler ces chiffres puisque la présente série d'articles porte sur l'avenir ? Parce qu'il est important de se rappeler d'où l'on vient. Et que l'on vient de loin. Rattrapage spectaculaire en quelques générations à peine. Aujourd'hui, 43 % de la population possède un diplôme d'études secondaires et 17 % un diplôme universitaire. Ce progrès n'est certainement pas étranger à un changement de cap radical dans la manière même d'envisager l'éducation non plus comme un bien privé mais comme un bien public.
Ce virage a été formulé par la Commission royale d'enquête sur l'enseignement dans la province de Québec, créée en 1961 par le gouvernement de Jean Lesage et présidée par Mgr Alphonse-Marie Parent. Son rapport, dont le premier volume fut publié en 1966, est considéré comme un «document fondateur de la société québécoise», écrit Claude Corbo dans l'anthologie qu'il consacre au Rapport Parent (PUM, 2002).
Les commissaires proposent une petite révolution des mentalités : «Les bénéfices de l'éducation dépassent l'individu et la localité; le progrès de l'enseignement sert principalement les intérêts généraux de la société, de sorte qu'on peut et qu'on doit désormais considérer l'éducation comme une entreprise nationale». La commission affirme que le financement de l'éducation est un investissement et non une dépense parce qu'elle «contribue à hausser la productivité du travail et à hausser le niveau de vie».
Si l'éducation est une entreprise nationale, celle-ci doit être prise en charge par toute la société. «Lorsqu'un service public est reconnu d'intérêt général, il appartient à la collectivité qui en bénéficie dans son ensemble d'en assumer tous les frais, chacun de ses membres étant appelé à faire sa part, au moyen de l'impôt, selon sa capacité de payer et sans égard au bénéfice immédiat qu'il peut ou non en retirer».
Cette conception de l'éducation comme «bien public» est mise à mal depuis quelque temps. La volonté personnelle est essentielle au succès. Mais faire porter aux seuls individus la responsabilité de l'éducation revient à priver la collectivité d'un outil de progrès, à accroître les inégalités et à priver certains de nos enfants des moyens d'acquérir la liberté.
La commission Parent n'est pas ancienne et ses conclusions sont toujours d'actualité même si la question de l'accessibilité ne se pose pas dans les mêmes termes et ne s'évalue pas avec les mêmes chiffres. Par exemple, à une époque où l'on change de métier plus fréquemment, l'accès à l'éducation ne se calcule plus seulement par le taux de diplomation mais aussi par l'offre et la fréquentation de l'éducation tout au long de la vie. Nous aurions intérêt à articuler les débats sur l'éducation autour de ce concept d'apprentissage continu au lieu de focaliser l'attention sur les problèmes budgétaires.
Ainsi, nous serions plus enclins à débattre des Centres de la petite enfance (services de garde) comme d'un élément du système scolaire plutôt que comme d'un simple service rendu à des parents pour les aider à concilier le travail et la famille.
Nos interrogations sur la place de la formation professionnelle, sur le rôle des cégeps et sur le financement des universités seraient teintées d'une volonté de mobiliser chaque segment du système d'éducation afin de rendre accessible au plus grand nombre l'acquisition de connaissances et de compétences tout au long de la vie dans un monde où le marché du travail ne procure plus la sécurité qu'il assurait durant les trente glorieuses et où le choc démographique rend plus difficile le maintien d'écoles dans les zones en déclin.
Au lieu de regarder l'école privée comme un ghetto, nous chercherions comment l'intégrer davantage au réseau public. On accepterait aussi le principe que l'évaluation publique de la qualité de l'enseignement et de l'encadrement scolaire sont les meilleurs gages d'une amélioration du système d'éducation et, s'éloignant de l'idée d'un palmarès qui compare les écoles comme on compare les automobiles, on pourrait concevoir des outils de mesure plus appropriés pour une activité comme celle-ci.
La réflexion sur l'aide financière aux étudiants serait intégrée dans une discussion plus vaste sur l'ensemble des programmes de protection sociale et de lutte contre les inégalités de manière à mieux couvrir les risques d'insécurité financière, de l'enfance à la retraite, tout en encourageant l'autonomie personnelle par l'acquisition de connaissances.
Le rôle des réseaux communautaires et de participation civique serait envisagé autrement. L'école ne peut tout faire seule. Les sociétés qui réussissent le mieux sont celles qui comptent le plus de lieux de socialité, d'engagement et d'apprentissage continu permettant l'habilitation des citoyens et un soutien plus adapté aux personnes auxquelles le «système» ne convient pas.
Tous les enfants ont droit à la liberté. La liberté vient avec l'éducation. L'éducation est un bien public et ne peut plus être envisagée autrement que comme un processus continu.
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Les personnes désireuses d'en savoir plus sur la création (fin mars) d'un institut voué au renouvellement des idées et à la participation civique au Québec (voir ma chronique du 12 janvier) peuvent me laisser leurs coordonnées à vennem@fides.qc.ca.
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Vaste pays - 5
Michel Venne
Le Devoir lundi 23 février 2004
Avant d'être politique, un pays est un territoire, une lande, un terroir, un ancrage naturel, un écosystème. C'est un lieu que l'on habite et qui nous fait, nous forge. Par les rigueurs ou la clémence de son climat. Par la densité de son occupation. Par la distance à parcourir. Par l'histoire de sa conquête. Par les formes de son aménagement. Un vaste pays devrait ouvrir les horizons. Inspirer l'exploration, la découverte. Et la redécouverte d'un patrimoine et d'une mémoire. Un territoire est un repaire. Le pays réel est d'abord une terre.
Parmi les grandes questions à la fois concrètes et symboliques auxquelles les Québécois doivent répondre pour définir leur avenir est celle de l'occupation de cet espace, prenant la forme d'une main, comme disait René Lévesque, dont la péninsule gaspésienne tient lieu de pouce. Voulons-nous, oui ou non, continuer à occuper l'ensemble de ce territoire d'apparence hostile, mais que nous avions apprivoisé ?
Répondre non à cette question serait renoncer à une partie de ce que nous sommes. Mais répondre par l'affirmative comporte des conséquences : les lois du marché ne suffiront jamais à soutenir des économies locales suffisamment dynamiques pour contenir l'exode des populations vers les grandes villes. Rien n'arrivera sans une volonté politique, un effort financier constant et beaucoup d'imagination.
Les réformes en cours ou qui font l'objet de débat sur le financement des universités, notamment du réseau de l'UQ, l'existence des cégeps, la fusion des établissements de santé, ou la décentralisation, auront des impacts sur l'occupation du territoire. Nous ne sauverons pas la Gaspésie ou la Côte-Nord si nous échouons à procurer à ceux qui vont y travailler un milieu de vie attrayant, des écoles, des services de santé adéquats, un centre culturel et tous ces services de proximité indispensables pour la vie quotidienne.
Pour développer les régions et occuper l'espace, il faut à la fois voir petit et voir grand. Petit, en stimulant partout les projets de développement à hauteur d'homme, en économie sociale ou par l'exploitation par créneaux des produits du terroir. Grand, en dotant les régions d'infrastructures de transport et de communication afin de les désenclaver et de les ouvrir sur les marchés extérieurs.
L'agriculture reste l'une des fonctions économiques dominantes des régions rurales bien que les agriculteurs ne représentent plus que 10 % des ruraux. Mais leurs revenus ont chuté dramatiquement à cause de la concurrence d'agriculteurs d'Amérique latine ou d'Asie payés 1 $ l'heure. La production spécialisée, bio ou autre, ne suffira pas à sauver les grandes fermes qui font la richesse d'un chef-lieu, si l'on ne remet pas en cause l'ouverture non contrôlée des marchés agricoles à une concurrence intenable.
Les tendances actuelles mènent au dépeuplement de plusieurs régions du Québec. Six d'entre elles, celles qui composent la périphérie, ont déjà amorcé leur déclin démographique, au profit de la conurbation qui relie Montréal à Québec, de part et d'autre de la 20 et de la 40. Les capitales régionales restent relativement dynamiques. Mais de vastes portions de la province sont progressivement abandonnées. Peut-on empêcher la décroissance ? Doit-on plutôt gérer le déclin ?
Au début de la Confédération, il a fallu un chemin de fer pour développer l'Ouest canadien. Au début des années 1970, c'est en lançant un vaste chantier de développement hydro-électrique que le gouvernement du Québec a pris possession de cette portion du territoire qui, avec ses habitants, était laissé à lui-même. Cette conquête territoriale avait une portée économique. Elle avait aussi une signification politique et symbolique : le Québec décidait ainsi d'occuper l'ensemble de son territoire et d'y exercer sa souveraineté.
L'occupation du Grand Nord a eu d'autres effets que l'on mesure encore mal aujourd'hui, dont celui de reconnaître la présence sur cette terre d'autres nations, d'amorcer une décolonisation intérieure qui est en voie de transformer ce que l'on appelait des bandes indiennes, en partenaires du développement local et régional. Le boum hydro-électrique n'est pas non plus étranger à l'émergence d'une nouvelle conscience écologique.
À quoi bon, en effet, occuper et développer un territoire, si c'est pour le détruire, épuiser ses ressources puis le laisser en friche avec toutes les conséquences sociales que cela peut avoir pour ses habitants ? Le choix hydraulique était, en 1970, l'option écologiste par rapport au nucléaire. Aujourd'hui, la question se pose autrement. Voulons-nous répondre à la demande de nos voisins américains et mettre à profit le potentiel énergétique du Québec pour le développement économique de la nation ? Et si oui, comment ? Quelles filières faut-il développer ? Les manifestations contre le projet du Suroît témoignent d'un rejet des solutions qui accroîtraient la contribution québécoise à l'effet de serre. Les succès de l'Allemagne avec la filière éolienne ne devraient-ils pas nous inspirer davantage ?
Les mêmes questions se posent pour la forêt.
Voulons-nous continuer d'occuper le vaste pays qui est le nôtre, si oui à quelles conditions économiques, sociales et environnementales et sommes-nous prêts, ruraux comme citadins, à faire les efforts politiques, humains et financiers, pour maintenir ouverts tous nos horizons, ceux du Nord comme ceux de la mer ?
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Cette série sur le goût de l'avenir se terminera fin mars et est un prélude à la fondation d'un institut voué au renouvellement des idées et à la participation des citoyens aux débats publics. Si ce projet vous intéresse, laissez-moi vos coordonnées à vennem@fides.qc.ca. Vous serez parmi les premiers informés.
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Une éthique commune - 6
Michel Venne
Le Devoir lundi 1 mars 2004
Le premier ministre Paul Martin apprend à ses dépens que l’on ne manipule pas aisément les questions d’éthique. Il ne suffit pas de créer une commission d’enquête ou de limoger quelque apparatchik pour blanchir la réputation d’un gouvernement. La classe politique canadienne ne se relèvera pas de sitôt du scandale des commandites.
Les grandes entreprises ne sont pas en reste, dans le sillage des scandales à la Enron ou des fraudes à la Cinar, entre la hausse vertigineuse des profits des banques, la stagnation des revenus des particuliers, les pertes subies par les petits investisseurs et les mises à pied massives effectuées par des managers multimillionnaires qui s’en tirent toujours, de leur côté, accrochés à des parachutes dorés.
Pourquoi Paul Martin a-t-il tant de difficultés à se dépêtrer du scandale ? C’est parce que tout le monde sait bien qu’il était là, puissant, numéro 2 du gouvernement de Jean Chrétien, contrôlant la moitié du cabinet et les deux tiers du caucus libéral, frileux devant la controverse, tranquille en attendant son heure, avec les autres ministres qui n’ont rien dit et qui n’ont rien fait devant des manchettes dévastatrices nourries par des rapports accablants. Tout le monde sait aussi que le parti de Paul Martin est le même que celui de Jean Chrétien, s’abreuvant aux mêmes réseaux de financement.
Que reproche-t-on à Paul Martin ? On lui reproche de ne pas s’être tenu debout.
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Jacques Grand’Maison l’a dit déjà : de quoi avons-nous besoin aujourd’hui pour retrouver un sens à la vie en société ? De quoi les jeunes ont-ils envie aujourd’hui ? Ils ont envie et nous avons besoin d’adultes, de chefs, de leaders qui se tiennent debout. Une élite qui sait lire les aspirations de la population et reconnaître les valeurs qui doivent présider aux choix. Les chefs d’aujourd’hui confondent l’éthique avec la loi. Là où ils devraient chercher le sens des valeurs, ils trouvent un règlement, créent un poste de commissaire ou adoptent un code, dont plus personne n’est dupe. Dans ces circonstances, il arrive que ceux qui parlent le plus d’éthique soient ceux qui l’ont pratiquée le moins.
Divers phénomènes se sont conjugués pour rendre plus difficile l’énonciation des valeurs communes, des règles qui façonnent les choix de société. Les individus sont plus autonomes qu’autrefois grâce entre autres à l’État providence. En voulant nous libérer du joug des religions, nous avons évacué toute notion de morale. Les valeurs sont devenues individuelles. Une personne parle de «ses» valeurs. On n’a pas bien compris le sens des chartes des droits, croyant que la démocratie est le droit de chacun de faire ce qu’il veut.
Les gouvernements ont pour leur part cédé à cet appétit. Les hommes et les femmes politiques ont abdiqué leur rôle aux tribunaux. Les campagnes électorales sont devenues des concours pour désigner celui ou celle qui saura le mieux équilibrer les comptes. On a oublié que l’État avait d’autres fonctions que celle de livrer des services de santé. Et les médias n’ont rien fait pour contrer cette dérive. Au contraire, ils l’ont encouragée.
Au cours des dernières décennies des choix sociaux, moraux, éthiques ont été faits sans que la communauté politique que nous formons se soit vraiment saisie des problèmes à résoudre, que ceux-ci concernent la reproduction humaine, les règles de filiation, l’aménagement du territoire ou la protection sociale.
L’éthique ne naît pas dans un bureau d’avocat spécialisé dans la rédaction de codes de conduite. L’éthique, un ensemble de normes, naît de la délibération permanente entre concitoyens. Comment la Charte de la langue française a-t-elle fini par s’imposer comme une norme acceptable ? Par le débat constant mené à son sujet, au fil des controverses, des procès et des amendements législatifs qui ont permis au peuple de se l’approprier.
Il est difficile de se pencher sur l’avenir d’une société si celle-ci a perdu ses points de repère sans les remplacer par d’autres. Il faut une éthique commune pour déterminer les choix. D’autres, au lieu de parler d’éthique, parleront de culture commune, une expression peut-être encore plus appropriée. Il s’agit de la culture, au sens où l’entendaient Fernand Dumont et Camille Laurin, comme une manière de vivre ensemble.
La culture préside au reste, comme l’exprimait si bien Lise Bissonnette, lors du forum sur le modèle québécois de février 2003 : «Le projet culturel devrait porter le projet social et économique, car c’est une idée de la beauté qui soutient le souci de l’environnement. Car c’est une réflexion éthique qui donne le souci de l’égalité. Car ce sont des références historiques qui portent l’aspiration démocratique. Car c’est l’accès au roman, au théâtre, aux musiques qui permet aux cultures différentes, aux civilisations éloignées, de s’apprivoiser plutôt que de s’affronter.»
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Je veux mentionner deux initiatives porteuses d’un renouvellement de l’éthique commune au Québec et qui passent en ce moment presque inaperçues. À Québec, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse a lancé, en novembre, une réflexion sur le renouvellement de la Charte québécoise des droits de la personne, 25 ans après son adoption (voir à ce sujet : www.cdpdj.qc.ca). À Montréal, le maire Gérald Tremblay a demandé la tenue d’une consultation publique sur un projet de Charte des droits et des responsabilités (pour information : www2.ville.montreal.qc.ca).
Michel Venne est directeur de L'annuaire du Québec, chez Fides. vennem@fides.qc.ca
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Citoyens du monde - 7
Michel Venne
Le Devoir lundi 8 mars 2004
IDÉES - Il y a des succès qui ne trompent pas et qui donnent raison au chanteur Luck Mervil qui disait, au milieu d'un spectacle de la Fête nationale, il y a quelques années: on peut tout faire à partir du Québec, réussir et se projeter dans le monde avec confiance.
À Paris comme à Hollywood, Denys Arcand et Denise Robert étaient là pour en témoigner, présentant au monde une oeuvre originale, cynique mais touchante, universelle dans son propos, livrée par des comédiens de grande classe, et distribuée par des gens d'affaires qui savent désormais tirer leur épingle du jeu dans la jungle hollywoodienne autant que dans les cercles parisiens de la coproduction internationale.
Aux Céline Dion et René Angélil de ce monde, aux Guy Laliberté et son Cirque du soleil, s'ajoutent régulièrement, ces dernières années, d'autres artistes qui éblouissent les étrangers. Yann Martel obtient le Booker Prize avec Life of Pi, Benoît Charest et Béatrice Bonifassi illuminent la soirée des oscars avec la chanson thème des Triplettes de Belleville tandis que les Québécois volaient le show, durant la nuit des césars, avec un extrait de leur adaptation de la comédie musicale Chicago, qui vient de prendre l'affiche à Paris.
Et je ne relate ici que le plus spectaculaire et le plus récent. Je n'ai rien dit encore des victoires de nos sportifs comme Alexandre Despatie, Émilie Heymans, Nicolas Macrozonaris, Mélanie Turgeon, Geneviève Simard ou le Cy Young Éric Gagné. Il faudrait évoquer aussi le théâtre de Michel Marc Bouchard joué régulièrement sur les scènes mexicaines, la diffusion en traduction des oeuvres de nos poètes et de nos écrivains. Parler de nos intellectuels, de Charles Taylor à Gérard Bouchard, appelés partout pour donner des conférences. Quelque 2500 professeurs de 65 pays, dans 40 disciplines, ont fait du Québec le sujet de leurs travaux et sont réunis sous l'égide de l'AIEQ.
Ailleurs, il arrive que, sans que le bruit parvienne aux oreilles du grand public, on s'inspire du Québec pour le financement des arts et des lettres, les coopératives d'épargne et de crédit, l'organisation électorale et le contrôle des dépenses des partis politiques, la protection des langues minoritaires, les relations interculturelles, la reconnaissance des nations autochtones ou le rôle de l'économie sociale dans le développement.
C'est du Québec qu'est venue l'impulsion véritable pour qu'enfin la communauté internationale reconnaisse la diversité culturelle comme principe devant structurer désormais la mondialisation. À cet égard, Paris vient d'imiter une initiative de l'ancienne ministre Louise Beaudoin en créant un Observatoire de la mondialisation, dont la version québécoise a été abolie par le nouveau gouvernement libéral dès qu'il a pris le pouvoir.
Louise Arbour vient d'être nommée Haut Commissaire des Nations unies pour les droits de l'Homme. Elle succédera en juin au Brésilien Sergio Vieira De Mello, tué dans un attentat à Bagdad en août dernier. Le général Roméo Dallaire est un témoin clé du procès pour génocide au Rwanda. Un Montréalais, Philippe Krisch, est le président de la Cour pénale internationale. Louise Fréchette est toujours numéro 2 des Nations unies. Les délégations québécoises sont toujours nombreuses à Davos comme à Porto Alegre.
Bien sûr, cet échange n'est pas à sens unique, et le Québec est perméable aux influences étrangères, situé aux carrefours entre l'Amérique et l'Europe, la francophonie et l'anglophilie, la latinité et la rationalité protestante, ouvert à tous les vents, capable d'accaparer un concept, fût-il culturel ou politique, de l'adapter à sa réalité et de lui donner une forme nouvelle. Les jeunes Québécois accumulent des expériences à l'étranger et apprennent les langues plus spontanément. Ils sont au moins bilingues. Et le sont sans complexe. Cette ouverture à l'Autre est sans doute l'une des sources du succès des nôtres.
Il nous reste à pousser plus loin cette conscience que le monde nous appartient. Les succès individuels ne disent pas tout. Et, comme collectivité, nous n'avons pas tablé autant que nous le pourrions sur les percées que certains des nôtres ont accomplies.
Si nous avons protesté massivement contre la guerre en Irak, il n'existe pas au sein de la société québécoise de vision très claire sur la manière d'assurer la paix dans une région comme le Moyen-Orient et de combattre les dictatures sanguinaires ou les mouvements terroristes. Les débats à ce sujet tournent court, en dépit de la connaissance accumulée chez nos universitaires et nos diplomates. Ce savoir rejoint rarement le grand public, abreuvé, sauf dans quelques médias, par des dépêches rédigées par des étrangers.
Montréal est l'une des villes d'adoption de la diaspora juive, mais nous n'avons pas réussi à faire de la métropole le lieu d'un débat ouvert sur le rôle d'Israël. La communauté haïtienne s'est établie en grand nombre à Montréal, mais ce n'est pas vers nous que les têtes se sont tournées pour trouver des explications au conflit qui a conduit Aristide à l'exil. L'islam est devenu la première religion non chrétienne au Québec, surclassant le judaïsme, mais nous ne nous sommes pas encore saisis de la question musulmane.
Bref, nous tardons, à titre de communauté politique, de corps social, à faire nôtre les débats qui ébranlent le monde alors que nous disposerions des compétences pour ce faire. Nous considérons encore nos succès à l'étranger comme une récompense personnelle offerte aux personnes qui réussissent alors que nous avons, comme collectivité, une vision du monde à offrir, qui vaut bien celle des autres.
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Les personnes intéressées par la création d'un Institut voué au renouvellement des idées et à la participation civique au Québec peuvent me laisser leurs coordonnées à l'adresse michel.venne@inm.qc.ca. Cet institut sera lancé en avril.
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Le «nous» québécois - 8
Michel Venne
Le Devoir lundi 15 mars 2004
Depuis le début de l'année, je recherche dans cette chronique les pistes d'une réflexion sur notre avenir à partir de ce que je crois être les préoccupations des individus qui composent la société: la famille, le travail, l'impôt, l'école, l'éthique, la ville et la campagne. En somme, ce qui fait la vie, qui s'impose à l'horaire quotidien, qui conditionne le cadre des relations avec les autres et forme l'itinéraire d'une existence riche et féconde.
On a pu dire que chaque être humain était une île. Si c'est le cas, ces îles forment des archipels. Nous ne vivons jamais seuls. Chaque vie est liée à d'autres et est soumise aux arrangements formels et informels de la collectivité à laquelle on appartient malgré soi et qui fait que l'on est ce que l'on est. Je suis moi. Mais le fait que je sois Québécois fait de moi une personne différente que si j'étais né et si j'avais fait ma vie ailleurs.
La vie rêvée ne peut se réaliser que si ce rêve est partagé par des concitoyens qui, par les lois, les coutumes, les règles non écrites aménagent les frontières mouvantes de la société dans laquelle je pourrai m'épanouir. La mondialisation ne change rien à cette vérité.
Or, dans presque toutes les sociétés occidentales, les repères les plus fondamentaux de la vie collective sont remis en question et ne sont pas toujours remplacés par d'autres. Comme l'a montré Gérard Bouchard, les pistes sont brouillées autant dans l'ordre symbolique (la tradition, les rituels, la mémoire, l'identité, la nation, la religion), dans l'ordre social (la famille, la communauté, les classes sociales, les institutions) que dans l'ordre politique (la mondialisation, la montée du pouvoir judiciaire, le rôle du citoyen).
Au Québec, les grands mythes, les principes, les idéaux qui furent porteurs de la Révolution tranquille sont soit en désuétude, soit en déclin, soit en cours de redéfinition, ajoute le sociologue et historien, qui appelle à la recherche de nouveaux idéaux, à l'heure pourtant où les utopies, les grands projets collectifs et les grands récits, ceux de gauche comme ceux de droite, n'ont plus bonne presse.
Une espèce de fonctionnalisme plat, la recherche de l'efficacité, l'équilibre des comptes dominent le débat public. L'appel à «l'adaptation» a remplacé l'appel au dépassement et à l'innovation. C'est ainsi que lorsque La Presse a demandé à cinq personnalités de se pencher récemment sur l'avenir économique du Québec, ce «comité stratégique» n'a rien trouvé de mieux à proposer aux Québécois que de s'adapter aux règles en vigueur sur le reste du continent et de s'aligner sur les pratiques imposées par le marché nord-américain.
Lors de ses visites à l'étranger, le premier ministre Jean Charest s'est fait l'apôtre de l'adaptation de l'État québécois aux impératifs dictés par nos partenaires commerciaux.
La «société distincte» ne serait plus une valeur à chérir sauf comme une relique folklorique. Lorsqu'il est question des «vraies affaires», celles qui touchent à l'économie et au rôle de l'État, il ne peut plus y avoir de modèle québécois, de façon de faire qui nous soit propre.
Le même reproche nous est fait lorsqu'il est question des relations interculturelles. Il n'y aurait plus qu'une seule façon d'entrevoir la place de l'immigré au sein de la société. Ce serait, si on en croit les grands prêtres de la presse torontoise, celle, ghettoïsante, du multiculturalisme, du communautarisme. Il n'y a plus moyen de rechercher les normes communes aptes à sauvegarder le lien social et politique sans être traité de raciste et d'intolérant dans le pays légué par Pierre Elliott Trudeau.
Qui, aujourd'hui, est encore capable de parler des Québécois en disant «nous», de nommer les intérêts des Québécois non pas seulement à titre d'individus qui veulent améliorer leur bien-être mais aussi comme nation, comme collectivité ? Capable, bref, de définir quel est notre «intérêt national» dans le grand jeu d'un monde où les frontières font mine de s'estomper pour mieux réapparaître sous la forme d'inégalités. Cette carence cache en fait une grave crise de leadership au Québec. Elle est aussi due à un ébranlement de la nature même de la nation québécoise, devenue pluraliste.
La transition entre l'ancienne nation canadienne-française et la nouvelle nation québécoise, née dans les années 1960 d'une volonté de s'émanciper d'anciennes tutelles symboliques et d'accueillir ouvertement et d'intégrer à soi-même les étrangers, tout en sachant que l'Autre allait nous transformer, n'est pas encore achevée malgré les progrès indéniables.
L'un des freins à la poursuite de cette transformation est le tabou qui fut jeté sur la volonté de faire s'épanouir ici une nation certes pluraliste mais «de langue française». Ainsi est-on gêné de s'opposer à l'enseignement de l'anglais dès la première année au primaire ou à réclamer l'étiquetage des produits dans la langue de la majorité, de peur de passer pour un plouc arriéré. Nous ne savons plus reconnaître les défis que pose, pour la langue commune du Québec, la montée du bilinguisme, et donc la poussée de la langue anglaise dans toutes les sphères de la société qui comptent.
Sans cette capacité à définir notre intérêt national, notre ouverture à l'Autre pourrait finir par être perçue comme un danger et, par une sorte de retournement de l'Histoire, à cause d'une perte de confiance en nos capacités d'intégration (intégration à qui, à quoi?), susciter de nouvelles formes de protectionnisme.
Pour qu'il y ait un avenir pour tous les «je» qui composent le Québec, il est impérieux de savoir de nouveau nommer le «nous» qui les réunit.
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La création d'un institut voué au renouvellement des idées et à l'animation du débat public au Québec va bon train. Ceux et celles qui sont intéressés par une telle initiative peuvent me laisser leurs coordonnées à vennem@fides.qc.ca.
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Le goût de la démocratie - 9
Michel Venne
Le Devoir lundi 29 mars 2004
À l'échelle du malheur des peuples, comme disait Robert Bourassa, la démocratie québécoise se porte bien. Le Québec dispose d'institutions solides. Son système judiciaire est crédible. De nouveaux partis politiques sont nés, à droite comme à gauche, au cours des dernières années. À 70 %, le taux de participation aux élections provinciales reste enviable par rapport à d'autres pays. Nous disposons d'une fonction publique professionnelle, d'une charte des droits, d'une presse libre et d'un foisonnement d'organismes sociaux et culturels, de syndicats et d'organisations patronales fortes.
Le Québec fut également le terreau de plusieurs initiatives civiques innovatrices: les conseils de quartier à Québec, le Bureau de consultation de Montréal, le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), les sommets socio-économiques, la Commission Bélanger-Campeau, les Centres locaux de développement, les coops, ont favorisé la participation des citoyens à la gouverne de la société.
Mais on ressent une détérioration de notre système démocratique. Les séries télévisées Bunker, le cirque et Les Bougon, c'est aussi ça la vie, en sont des symptômes. Les citoyens boudent les institutions politiques. Les partis ont plus de mal qu'autrefois à recruter des membres. Aux dernières élections, le dernier né des partis de gauche, l'UFP, malgré une bonne campagne et des porte-parole crédibles, n'a su recueillir qu'un petit pour cent des voix. À 70 %, le taux de participation a atteint un plancher historique, une chute de plus de dix points depuis 1994. Au fédéral, à peine six électeurs sur dix se sont prévalus de leur droit de vote en 2000. C'est sans parler des élections municipales et scolaires.
Les syndicats sont décriés. Les réseaux communautaires sont fragiles. Leur financement est précaire. La presse est libre des entraves de l'État mais prisonnière de la logique marchande. La concentration de la propriété de la presse rend illusoire la naissance de nouveaux médias de masse. Les émissions d'affaires publiques se raréfient à la télévision privée et une épée de Damoclès plane sur Télé-Québec. L'information se meurt à la radio privée lorsque celle-ci n'est pas kidnappée par des jappeurs à sensation.
La société civile vient de perdre du pouvoir au sein des instances de développement régional et les citoyens auront moins de voix au sein du système de santé. L'Observatoire de la mondialisation (une initiative pourtant copiée par la France) a été aboli comme, bientôt, le Conseil de la santé et du bien-être, deux forums civiques destinés à bien informer les élus, l'État et la population sur les enjeux pour le Québec des transformations du monde et de la société québécoise dans des domaines névralgiques.
Le gouvernement a mis sur les tablettes, sans que l'opposition péquiste ne s'en formalise guère, le rapport des états généraux sur la réforme des institutions démocratiques, résultat d'une démarche de consultation à laquelle ont participé des milliers de Québécois. En lieu et place, il promet de soumettre à la population un projet de loi instituant un nouveau mode de scrutin, alors que la réforme devrait être beaucoup plus étendue.
M. Charest propose une conception élitiste de la démocratie lorsqu'il prétend qu'une fois élu, il dispose du mandat pour agir à sa guise. La même conception prévaut même lorsrqu'il s'agit de réformer les institutions. En Colombie-Britannique, le gouvernement a confié à un forum civique indépendant le soin de proposer un nouveau modèle. Le gouvernement considérait qu'il était en conflit d'intérêts : comment des élus peuvent-ils être les proposeurs d'une réforme du mode de scrutin qui leur a donné le pouvoir?
Il y a pourtant un appétit au sein de la population pour un rajeunissement de nos institutions et la création de mécanismes de participation des citoyens. On ne se satisfait plus de voter une fois aux quatre ans. Spontanément, dans dix régions du Québec, des comités Citoyenneté et Démocratie sont nés des suites des états généraux sur la réforme des institutions démocratiques. Le mouvement D'abord solidaires fait des petits. La réaction de citoyens contre des projets de sites d'enfouissement ou de centrales électriques est un autre signe d'impatience ainsi que les mouvements défusionnistes à Montréal et ailleurs.
Devant ces réclamations en faveur de nouvelles formes de gouverne démocratique, adaptées à une société moderne, scolarisée et responsable, la réponse des dirigeants est décevante. Les puissants ont toujours tendance à protéger leur pouvoir. Ils ont peur du peuple dont ils sont issus. Dans ce domaine comme dans bien d'autres, on sent confusément que la société québécoise est bloquée, qu'elle a du mal à favoriser l'innovation et d'assumer le risque calculé d'un changement véritable.
La poussée pour un renouveau ne pourra venir que des citoyens eux-mêmes.
J'ai perdu votre trace...
Je sais que j'aurai l'air «techno-twit». J'assume. Un virus, je crois, s'est emparé de mon ordinateur la semaine dernière. D'un coup, j'ai perdu une bonne partie des messages que m'ont fait parvenir ceux et celles d'entre vous qui manifestiez votre intérêt pour la création d'un institut voué au renouvellement des idées et à l'animation du débat public au Québec.
Je vous demande donc de m'écrire à nouveau, que je puisse vous transmettre, en primeur, d'ici quinze jours, des informations sur ce projet avant qu'il ne soit lancé publiquement plus tard en avril, afin que vous puissiez faire partie des fondateurs. Vous pourriez aussi, si cela est possible, me renvoyer votre message original. Plusieurs d'entre vous m'avez fait parvenir non seulement vos coordonnées, mais une foule de suggestions, des textes de réflexion, et des idées dont je voudrais tenir compte. Vous étiez plus de 750. Je ne veux pas perdre votre trace. Écrivez-moi à une nouvelle adresse: michel.venne@inm.qc.ca.
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L'Institut du Nouveau Monde - 10
Michel Venne
Le Devoir lundi 19 avril 2004
Le goût de l'avenir - 10 - Depuis le début de l'année, je vous ai conviés à une réflexion sur les enjeux du Québec en devenir. J'arrive au terme de cette série de dix chroniques avec une proposition: créer un institut indépendant, non partisan, voué au renouvellement des idées et à l'animation des débats publics au Québec.
Il s'agit d'une «boîte à idées» originale, axée sur le Québec, fondée sur la participation des citoyens, qui agit dans une perspective de justice sociale, dans le respect des valeurs démocratiques et dans un esprit d'ouverture et d'innovation.
L'Institut du Nouveau Monde sera officiellement lancé jeudi, 22 avril, à Montréal. Vous pourrez, dès lors, en savoir plus sur l'INM par l'entremise des médias et du site Internet de l'Institut, mis en ligne le jour même (www.inm.qc.ca). Quiconque se sent à l'aise avec l'énoncé de mission et avec la vision de l'organisme peut en devenir membre.
L'INM n'est pas une création spontanée. Il n'est en rien une réaction aux événements politiques récents. Il ne s'inscrit pas dans l'axe de la contestation et de l'opposition, mais dans celui de la réflexion, de l'évaluation et de la construction de la société en marche.
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C'est un projet mûri, qui répond à des besoins profonds si j'en crois le succès de l'appel lancé dans cette chronique depuis le 12 janvier.
Je vous avais demandé de me laisser votre adresse si l'idée de former un lieu consacré aux débats d'idées et à la participation civique suscitait chez vous quelque intérêt. J'ai reçu plus de 800 messages de lecteurs et de lectrices enthousiastes.
Des étudiants de 17 ou de 25 ans, qui se découvrent un goût pour la chose publique; des grands mères et des pères de familles, de 76 ou de 42 ans, ou de jeunes professionnels, qui ressentent le besoin de contribuer mais aussi d'échanger des idées avec leurs concitoyens d'autres générations.
J'ai en mémoire une courte lettre d'un homme qui me dit, en substance: «j'étais avec ma femme, hier soir, à la maison, et nous discutions justement du sujet que vous abordez ce matin dans votre chronique; nous nous disions à quel point il serait intéressant de pouvoir élargir le cercle de nos échanges avec d'autres personnes, de confronter nos points de vue, d'obtenir des avis éclairés et de raffiner notre propre réflexion à ce sujet».
Dans vos lettres, j'ai lu parfois un certain agacement au sujet d'une société qui exaspère certains d'entre vous. Vous proposez alors des changements radicaux dans divers domaines. J'ai lu aussi des espoirs fous, une confiance en l'avenir. Du moins, le goût de retrouver la confiance, de former des projets. Un refus du fatalisme.
Je perçois le même intérêt partout où j'ai l'occasion de présenter ce projet, autant chez des gens d'affaires que chez des militants communautaires, aussi bien auprès de chefs syndicaux que de dirigeants patronaux, des intellectuels ou des ouvriers, chez les fédéralistes comme chez les souverainistes.
Nos concitoyens expriment sans équivoque un désir de renouveler les idées, les façons de faire et de penser mais aussi nos solidarités. Ils cherchent de nouvelles voies qui mèneraient à un mieux-être pour l'ensemble des Québécois et répondraient aux problèmes contemporains sans pour autant renier l'identité, la spécificité, les préférences ou les réussites du Québec des cinquante dernières années.
Mais ils ne veulent pas se faire imposer de nouveaux projets de société. Ils veulent en être partie prenante. Le renouvellement des idées et des projets passe par les citoyens. Leur participation est essentielle. L'INM veut offrir une agora et contribuer à créer des conditions favorables à cette participation.
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Le groupe fondateur a vu le jour au printemps 2002 autour d'une idée du professeur Gérard Bouchard, que j'ai proposé de mettre en oeuvre et à laquelle se sont ralliés, au fil des mois, quelques dizaines de personnes: intellectuels, acteurs de la société civile, gens d'affaires, jeunes et moins jeunes, de tous horizons.
Le conseil d'administration de l'Institut à but non lucratif, présidé par M. Conrad Sauvé, est composé de Mme Dominique Anglade, M. Gérard Bouchard, Mme Geneviève Baril, M. Claude Béland, M. Michel Cossette, Mme Karine Blondin, Mme Sophie Dufour, M. Patrick Ferland, Mme Manon Forget,
M. Jacques Fortin, M. Guy Lachapelle, M. Frédéric Lesemann, Mme Susan Rona, Mme Céline St-Pierre, M. Roger Simard et M. Marcel Villeneuve.
L'INM organise en août prochain, avec le soutien financier du Fonds Jeunesse Québec, une université d'été pour les jeunes de 15 à 30 ans. L'annuaire du Québec, publié chez Fides, devient une publication de l'Institut. Nous voulons explorer toutes les possibilités qu'offre Internet à des fins de délibération et d'information du public sur les enjeux de société. Nous organiserons des cercles de réflexion pour les membres. Nous prévoyons la tenue, à compter de l'automne, d'une série de cinq grands rendez-vous stratégiques pour le Québec.
Nous comptons, dans notre entreprise, sur le soutien de l'UQAM et de la firme Conceptis Technologies.
Quant à moi, je prends la direction générale de l'INM tout en poursuivant cette chronique dans Le Devoir qui me fait l'honneur de m'accueillir dans ses colonnes.
Cet institut deviendra ce que ses membres voudront en faire. C'est une invitation.
Rappel - Une série de 10 textes
Le goût de l'avenir
Pour qu’il y ait un avenir pour tous les « je » qui composent le Québec, il est impérieux de savoir de nouveau nommer le « nous » qui les réunit.
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Michel Venne35 articles
Directeur général Institut du Nouveau Monde
Michel Venne est le fondateur et le directeur général de l’Institut du Nouveau Monde. Il est le directeur de L’annuaire du Québec, publié chaque année aux Éditions Fides. Il prononce de nombreuses conférences...
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Michel Venne est le fondateur et le directeur général de l’Institut du Nouveau Monde. Il est le directeur de L’annuaire du Québec, publié chaque année aux Éditions Fides. Il prononce de nombreuses conférences et est l’auteur de nombreux articles scientifiques. Il est membre du Chantier sur la démocratie à la Ville de Montréal, membre du comité scientifique sur l’appréciation de la performance du système de santé créé par le Commissaire à la santé et au bien-être du Québec, membre du conseil d’orientation du Centre de collaboration nationale sur les politiques publiques favorables à la santé, membre du conseil d’orientation du projet de recherche conjoint Queen’s-UQAM sur l’ethnicité et la gouvernance démocratique.
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