Dans l’œil du citoyen - Appuyez-vous sur nous!

L’unité se fait dans l’action. Et le Québec, aujourd’hui, a besoin de se rassembler.

Crise <i>canadian</i>


Madame la Première Ministre,
L’Assemblée nationale compte peut-être seulement 54 députés élus sous la bannière de votre parti. Votre gouvernement est certes minoritaire. Mais nous sommes huit millions de citoyens pouvant agir, pour peu que vous nous le demandiez.
L’unité se fait dans l’action. Et le Québec, aujourd’hui, a besoin de se rassembler.
Vous n’avez pas les mains attachées. Vous détenez la légitimité du pouvoir. Il y a parmi nous d’irréductibles adversaires de votre politique, mais la majorité veut le bien et ne demande pas mieux que d’être mobilisée pour l’atteindre.
Plusieurs de vos propositions recueillent l’appui du public et les autres partis les soutiendront à l’Assemblée nationale. Mais au-delà, vous trouverez des alliés dans la société, parmi les organisations mais surtout auprès des citoyens eux-mêmes, à qui je vous invite à vous adresser directement le plus souvent possible.
La population est sortie blessée de la récente période politique. L’apparente tolérance à la corruption, les effets de la crise économique et financière mondiale, l’élargissement des inégalités encouragé par des politiques fiscales et tarifaires régressives, le conflit étudiant et le refus du dialogue qui ont entraîné une crise sociale sans précédent, tout cela a exacerbé les tensions entre nous.
Cela a cependant fait renaître également le désir d’espérer. Le peuple a besoin de réconfort et d’encouragement. Ne vous laissez pas entraîner dans les petites batailles partisanes. Restez au-dessus de ce jeu. Soyez celle qui redonnera confiance et envie d’agir. Je suis persuadé que vous le pouvez. Vous le devez.
***
Les élections sont un moyen commode de désignation de nos gouvernants. Mais parce qu’elles prennent la forme d’un combat et non celle d’une délibération, plutôt que de produire de l’intelligence collective, elles font apparaître les divisions. Voilà pourquoi il est nécessaire de reconnaître et d’établir d’autres mécanismes de formation des consensus sur les buts à poursuivre et les actions à mettre en oeuvre.
Qu’ils soient des sommets ou des consultations, ces processus prennent place entre les élections. Ils vous seront d’un grand secours pour surmonter les blocages prévisibles à l’Assemblée nationale ou pour réorienter des programmes comme le Plan Nord, la politique énergétique, l’avenir de nos universités ou la rédaction d’une constitution québécoise.
N’écartez pas les questions sensibles. Les débats sur la langue et sur la laïcité doivent être faits. Évitez la méthode matamore. Acceptez d’avance la possibilité que les discussions aboutissent à des compromis. Que la sagesse prédomine. Nous sommes une nation pluraliste qui chérit les libertés fondamentales.
***
Madame la Première Ministre (j’aime l’écrire au féminin), au-delà de ces processus délibératifs où domine la parole, les citoyens veulent et peuvent agir et assumer des responsabilités. Ils ont des idées. Ils savent créer des alliances pour revitaliser un village. Ils prennent des risques en lançant des entreprises. J’ose vous suggérer de tabler sur cette volonté, de canaliser l’énergie citoyenne et entrepreneuriale des Québécois, pour transcender les divisions exprimées dans les urnes.
À défaut de pouvoir vous appuyer sur une majorité en Chambre, appuyez-vous sur nous ! Faites-nous confiance !
Interpellez vos concitoyens. Invitez-les à se mettre en mouvement. Votre rôle consiste à formuler les objectifs que nous avons en commun puis à créer les conditions de réussite.
Les mauvaises nouvelles s’accumulent sur le plan économique. Prévoyez des mesures qui misent sur l’entrepreneuriat traditionnel comme sur l’entrepreneuriat social. Soutenez l’économie verte. Harnachez les projets d’infrastructures à des fins progressistes. Sachez attirer les investissements privés. Soutenez les initiatives d’innovation sociale et technologique. Valorisez le savoir de nos chercheurs et le rôle de la culture dans le développement durable du Québec. Agissez comme un accélérant de bons coups.
N’annoncez pas un « plan Marois ». Annoncez un « plan Québec » dans lequel chacun doit mettre l’épaule à la roue, à petite et grande échelle, et où l’invention et la créativité seront reconnues et appuyées. Appelez-nous à l’action et mettez sur pied les structures d’accompagnement pour que les choses bougent et que l’énergie se canalise en projets constructifs.
Nous sommes prêts.

Michel Venne est directeur général de l’Institut du Nouveau Monde. Continuez de le suivre sur son blogue à michelvenne.inm.qc.ca

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Directeur général Institut du Nouveau Monde

Michel Venne est le fondateur et le directeur général de l’Institut du Nouveau Monde. Il est le directeur de L’annuaire du Québec, publié chaque année aux Éditions Fides. Il prononce de nombreuses conférences et est l’auteur de nombreux articles scientifiques. Il est membre du Chantier sur la démocratie à la Ville de Montréal, membre du comité scientifique sur l’appréciation de la performance du système de santé créé par le Commissaire à la santé et au bien-être du Québec, membre du conseil d’orientation du Centre de collaboration nationale sur les politiques publiques favorables à la santé, membre du conseil d’orientation du projet de recherche conjoint Queen’s-UQAM sur l’ethnicité et la gouvernance démocratique.





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