Le gâchis scolaire

École - "le gâchis scolaire"

Au début de cet été, le ministère de l’Éducation publié un document intitulé Résultats aux épreuves uniques de juin 2007 et diplomation. Il s’agit de la compilation des résultats des examens imposés par le Ministère pour sanctionner la fin des études secondaires.
Une section de ce document cherche à répondre à la question suivante : de tous les élèves qui sont entrés en 1re année secondaire au cours d’une année donnée (et qui sont désignés comme étant une cohorte, par exemple, la cohorte 2000), quelle proportion va obtenir un premier diplôme à la fin de la année secondaire, donc après cinq ans en 2005 ? Le premier diplôme dont il s’agit, c’est évidemment le diplôme d’études secondaires (DES), ou un diplôme d’études professionnelles.
Comme tous les élèves ne réussissent pas du premier coup, on va aussi établir la proportion de diplômés six ans et sept ans après l’entrée en 1re secondaire.
Il ne s’agit que des jeunes ; on ne tient pas compte des adultes de plus de 20 ans. Pour l’ensemble du Québec, le nombre de diplômés après cinq ans représente, en 2007, 59% de la cohorte de 2002. En somme, moins de 60% de tous ceux et celles qui étaient en- trés en 1re secondaire vont avoir leur diplôme en cinq ans. C’était un peu plus élevé (61%) pour les cohortes de 2000 et 2001, mais le même niveau pour celle de 1999. Tout est compté: l’enseignement privé, public, anglais et français. Il n’y a donc que trois jeunes Québécois sur cinq qui suivent le cheminement régulier de leurs études secondaires.
Continuons. Nous savons tous que les résultats sont meilleurs dans l’enseignement privé que public. Ça s’explique, puisque l’enseignement privé peut choisir ses élèves, alors que l’enseignement public ne le peut pas. De la cohorte 1999, 55 des élèves du secteur public ont eu leur diplôme après cinq ans, contre 80 % des élèves du privé. Pour ce qui a trait à la plus récente des cohortes, celle de 2002, l’écart s’agrandit encore, 53 % contre 83 %. C’est proprement effrayant. Mais ce n’est pas fini. Les chiffres dont je viens de faire état indiquent les résultats des élèves anglais comme français.
Il faut maintenant distinguer les ré- sultats des deux groupes, en tenant compte dans les deux cas des secteurs public et privé. Dans la cohorte 1999, 59% des élèves francophones obtiennent leur premier diplôme après cinq ans, contre 70% des élèves anglophones. Dans le cas de la cohorte 2002, les chiffres correspondants sont de 58% et 69%.
En lui-même, cet écart n’est peutêtre pas significatif. En vertu de la loi 101, les enfants d’immigrants doivent être inscrits dans le secteur francophone. L’apprentissage du français peut, peut-être, expliquer une partie de l’écart. Poursuivons dans le secteur public. Poursuivons notre démonstration.
On n’a pas tenu compte jusqu’ici de la disparité entre garçons et filles. On sait que les filles obtiennent de meilleurs résultats, ici comme dans bien d’autres pays. Nous allons dans ce cas-ci tenir compte du taux de diplomation après cinq ans d’études, après six ans et après sept ans. Peutêtre l’écart entre garçons et filles diminue-t-il avec le temps ? On ne retient du rapport du ministère de l’Éducation que les résultats dans le secteur public.

On le voit, le temps n’y change pas grand-chose, l’écart est à peu près constant. Ces chiffres mêlent cependant les résultats des réseaux français et anglais. Pour les distinguer, j’ai refait le même tableau pour la Commission scolaire de Montréal et pour la Commission scolaire English-Montréal. (ci-contre)

Après cinq ans, selon le cheminement normal des études, à peine plus du tiers des garçons ont obtenu leur premier diplôme (le chiffre exact est de 35,6%). Après sept ans, le nombre de garçons diplômés n’a pas encore atteint la moitié de la cohorte.
Voici les taux correspondants pour la Commission scolaire English-Montréal.

Le taux de diplomation après cinq ans des garçons anglophones est presque deux fois plus élevé que celui des garçons francophones. Après sept ans, comme nous l’avons vu, plus de la moitié des garçons francophones n’ont toujours pas de diplôme, contre à peine plus de 20 des élèves anglophones.
Un écart aussi prodigieux seraitil, comme je l’ai souligné plus haut, un effet pervers de la loi 101 ? Non. J’ai compté 13 commissions scolaires où le taux de diplomation des garçons après cinq ans est inférieur à 40 %. Dans la région des Laurentides, des quatre commissions scolaires, trois affichent des taux inférieurs à 40 %.
En fait, nous sommes simplement confrontés à une situation scandaleuse, à un formidable gaspillage qui compromet l’avenir. J’ai connu un tel choc en 1962 quand un recen- sement de la scolarité des Québécois avait fait ressortir que 54 des adultes de plus de 25 ans n’avaient pas dépassé la sixième année d’études. Le Québec avait le plus bas taux de scolarisation secondaire du monde dit civilisé avec le Portugal.
De ce recensement est sortie la Révolution scolaire, la partie la plus importante de la Révolution tranquille. On a construit, on a recruté, on a augmenté les impôts pour financer. On a brassé, ce qu’un auteur français d’autrefois décrivait comme «ce matériau qu’on appelle le million d’hommes ». C’était plus simple que de s’occuper de la qualité du système.
Ce n’est plus de ressources ni d’argent qu’il s’agit aujourd’hui, c’est à l’effondrement d’un système auquel nous assistons.
La situation est beaucoup trop sérieuse pour que l’on se contente du jeu habituel de la recherche des coupables des accusations de tout un chacun et des modifications de structure. Il faut d’abord poser un diagnostic correct. Qu’est-ce qui est arrivé ? Pourquoi en est-on là
Pourquoi les résultats du système anglais d’enseignement sont-ils à ce point meilleurs que ceux du système français ? On veut savoir et il n’ a que le ministère de l’Éducation qui puisse répondre. Depuis des années, par le truchement d’une succession de ministres des deux bords, dans un charabia brumeux, avec la complicité des facultés d’éducation, on s’est servi des jeunes comme de cobayes, on a imposé aux enseignants des contorsions intellectuelles étonnantes. Devant le gâchis que ses propres chiffres révèlent, il faut qu’il s’explique, le «Ministère». Qu’est-ce qui s’est passé ? Qu’est-ce qui se passe?
-Jacques Parizeau

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En 1994, Parizeau mène le Parti québécois à la victoire électorale, formant un gouvernement majoritaire convaincant et devenant premier ministre du Québec. Parizeau promet de tenir un référendum sur la souveraineté du Québec dans la première année de son mandat, et malgré des objections de toutes parts, il respecte sa promesse. Il fixe la date du référendum pour le 30 octobre 1995. Au début, l'appui à la souveraineté se situait à environ 40 % dans les sondages d'opinion. À mesure que la campagne avance, toutefois, les appuis à l'option du « Oui » se mettent à monter. Malgré cela, l'option souverainiste plafonne, et Parizeau fait l'objet de pressions pour s'adjoidre les services de Lucien Bouchard, le chef extrêmement populaire du Bloc québécois, perçu comme plus modéré et plus pragmatique, en le nommant "négociateur en chef" advenant la victoire du "Oui". Pour le succès de la cause, Parizeau accepte ainsi de jouer un second rôle pour la suite de la campagne.

{[Wikipedia->http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Parizeau]}





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