Attendons-nous au pire!

La suite logique du mépris, c’est la brutalité

Une loi matraque historique est en train de s’écrire. Elle mettra les leaders étudiants en prison et bannira les grévistes des campus en plus d’imposer des amendes records aux perturbateurs.

Crise sociale - printemps 2012 - comprendre la crise

Sous la pression de ses porte-queue médiatiques qui mènent depuis des semaines une campagne sans précédent contre le mouvement étudiant, le gouvernement de Jean Charest a finalement décidé de rouvrir les salles de classe à grands coups de matraques. Rien de surprenant! Les tyrans ont toujours assis leur règne sur la force brutale. Hitler l’a fait, Khadafi l’a fait, Pinochet l’a fait, et maintenant Charest le fait.
Commençons par le début. Les médias vivent et se nourrissent du chaos et de la violence. Ça fait vendre de la copie et grimper les cotes d’écoute. Oubliez la neutralité ou l’attachement de Richard Martineau ou de tous les autres caniches à la solde du pouvoir qui larmoient sur les principes sacrés de la démocratie ou du respect des lois. Tout cela n’est que poudre aux yeux et foutaise. Ce que l’on désire, c’est de la casse, des émeutes et du sang bien rouge à pleines pages dans le Journal de Montréal.
Voilà ce qui motive la sale croisade des médias. Pas étonnant qu’ils soient détestés des étudiants. Combien de ces fumistes leaders d’opinion en faveur de la hausse et de son application par la force a-t-on entendu depuis des semaines? On ne les compte même plus. Même le « brillant » Claude Poirier a bredouillé son opinion sur la crise étudiante.
Mais au fond, pourquoi cet appel aux armes? Le mouvement étudiant n’est quand même pas le FLQ à ce que je sache.
Le milieu de la finance a aussi été le porte-étendard de la hausse des frais de scolarité dont il a fait valoir la soi-disant nécessité depuis des années à travers les médias qu’il possède. Quand le président de la Fédération professionnelle des Journalistes du Québec Bryan Miles fait son prêchi-prêcha sur la pseudoneutralité journalistique, il se pose en curé de campagne qui disait aux fidèles le dimanche que Duplessis voulait notre bien. Si l’auguste monsieur Miles pense que les salles de rédaction sont encore neutres et que nous ne vivons pas l’effet désastreux de la concentration de la presse, c’est que son cerveau est resté jammé quelque part dans les années 50. Il serait temps pour lui de se recycler et de faire quelques miles pour se rapprocher de la réalité. On n’écrit plus à la dactylo de nos jours.
Voilà toute cette bande d’irresponsables, supportés par les tribunaux qui leur accordent à répétition des injonctions allant à l’encontre des mouvements de grèves. Ils ont encouragé et soutenu financièrement des étudiants de l’école des trois boutons, désireux de faire valoir leurs petits droits individuels et égoïstes, se fichant éperdument des étudiants plus démunis qui se battent pour l’accessibilité aux études.
La démocratie étudiante a été dévalorisée et foulée au pied. Sous le fallacieux prétexte d’une démocratie gouvernementale qui permet à un parti de gouverner avec 26% d’appui populaire, le premier Ministre Charest et ses sbires se sont approprié le contrôle du discours et monopolisé les droits. Une démocratie à géométrie variable dont on se sert allégrement quand cela fait son affaire.
La suite logique du mépris, c’est la brutalité. Le gouvernement va prendre les moyens pour gagner, du moins en apparence. Dès le début, il s’est campé dans une position dont il n’a jamais démordu. Il a pris unilatéralement SA décision, se sentant légitimé par son mandat boiteux. Que les arguments en faveur de la hausse des frais de scolarité se tiennent comme de la morve importait peu. Pour l’impopulaire gouvernement Charest, il fallait prendre une décision et aller jusqu’au bout, quitte à transformer un débat hautement délicat et éminemment politique en crise sociale majeure. La mode n’est pas aux compromis. Ce gouvernement corrompu a donc fait un fin calcul politique et assurément, il exploitera la crise au maximum.
Les étudiants ont fait courageusement face à la plus impitoyable et la plus gigantesque machine médiatique, légale, et gouvernementale visant à bâillonner un groupe social au Québec, et ce, depuis des décennies. Ils sont humiliés, défaits, gazés, assourdis et aveuglés par les bombes. Ils ont été battus à coups de matraque. On leur a donné des constats d’infraction par milliers et jetés en prison. Il ne manque qu’une loi matraque qui viendra sans doute ces jours-ci et qui, on peut le parier, attaquera encore plus le cœur du mouvement étudiant. Malgré cela, les étudiants ne lâchent pas.
Le gouvernement appliquera la fermeté que désire la majorité selon la Presse de Power. Une loi matraque historique est en train de s’écrire. Elle mettra les leaders étudiants en prison et bannira les grévistes des campus en plus d’imposer des amendes records aux perturbateurs.
C’est de cette façon que l’on traite notre jeunesse au Québec. Et dire qu’il y en a assez stupides pour croire que cela va s’arrêter en écrasant de la sorte le mouvement étudiant. Pensez-vous sincèrement que la paix s’impose par les armes? Notre naïveté collective est le symptôme numéro un de notre ignorance grandissante. C’est très loin d’être fini. Nous n’avons encore rien vu. Attendons-nous au pire!


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9 commentaires

  • Jean Lespérance Répondre

    19 mai 2012

    La seule force que le faible d'esprit est capable d'utiliser est la brutalité. Un mégalomane rabaisse les autres, les méprise pour mieux se valoriser, se hausser dans sa propre estime. Incapable de faire face à des étudiants plus intelligents que lui, il tente de les annihiler, de les détruire en utilisant non pas la force de son intelligence parce que c'est un grand handicapé sur ce plan, mais la force du pouvoir judiciaire car c'est la seule qui lui reste.

  • Archives de Vigile Répondre

    19 mai 2012

    Quel élan Daniel pour surtout faire savoir la tristesse que nous éprouvons de vivre avec un gouvernement incapable de PARLER et de vivre AVEC ses citoyens.
    Et si l'accessibilité à l'éducation était un vrai projet de notre société québécoise qui se veut différente à celle de ses voisins du sud et égalitaire au même titre que des soins de santé accessibles à tous?
    Salutations,
    Jean-Pierre qui a mal à sa démocratie.

  • Archives de Vigile Répondre

    17 mai 2012

    Que voulez-vous que ces pauvres étudiants fassent contre une puissante dame d'acier pas plus tendre et maternelle qu'il le faut comme madame Courchesne.
    Elle va te les retourner en classe assez rapidement, ça m'en a tout l'air...
    Devant une amende salée, tu prends ton trou...

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    17 mai 2012

    Lettre envoyée à Anne-Marie Dussault,
    Madame Dussault
    Ce monsieur Poëti... qui en est à tous ses aises dans l'émission, jadis discret dans un rôle de témoin comme policier retraité, qui ne se prive plus d'élever le ton contre des invités articulés, mais à la voix moins tonitruante, comme cette dame défendant les humains contre les abus policiers... ce monsieur Poëti, madame Dussault, n'affiche-t-il pas un sacré "toupet" de dissimuler Madame Dussault, à peine sa matraque sous un costume civile qui craque? Ces faux doux qu'on impose aux émissions d'information nationale, c'est un signe des temps: le contrôle de l'opinion, non seulement par la concentration des médias mais, plus terrifiant encore, par le placement ouvert de "voix fortes" dans les forums où les citoyens sont prétendus libres de s'exprimer.

    Madame Dussault, ces "têtes bien faites" peuvent déteindre sur l'animation d'une émission qui ne doit pas perdre sa bonne réputation. On a vu l'animatrice opiner devant ce monsieur déchaîné à Victo, qui voulait faire passer pour victime ce policier infiltré sans casque et plaquant un jeune au sol, pendant que ses amis protestaient avec des canes de bambou et coups de pieds au cul... alors que les robots tiraient à bout portant avec cette cartouche palestinienne...

    Ce gouvernement glisse dangereusement, et nous vous recommandons la vigilance.

  • Archives de Vigile Répondre

    17 mai 2012

    On me disait quand j'étais plus jeune que contrairement au communisme, le capitalisme ne pouvait pas, lui, devenir totalitaire parce qu'il allait dans le sens de la nature humaine et ainsi il n'avait pas à s'imposer par la force.
    Et malgré que partout en Occident, on impose de plus en plus des mesures d'État policier pour imposer le capitalisme méritocrate aux populations (en particulier pour faire croire aux pauvres qu'ils ont tout simplement la misère qu'ils méritent), beaucoup tiennent encore pour vérité cette suggestion que le capitalisme va dans le sens de la nature humaine et est ainsi accepté tout naturellement par les populations.
    Sans se débarrasser du capitalisme, il y aurait peut-être moyen de faire en sorte que tous puissent vivre décemment et sans inquiétude du lendemain au Québec et au Canada. Un revenu universel serait, il me semble, une bonne solution.
    Parce que même l'ONU s'inquiète de la pauvreté et de l'insécurité alimentaire au Canada:
    "Trois millions de Canadiens pauvres sont sous-alimentés..."
    http://journalmetro.com/opinions/un-oeil-sur-le-monde/74818/trois-millions-de-canadiens-pauvres-sont-sous-alimentes-selon-lonu/

  • Archives de Vigile Répondre

    16 mai 2012

    Après le poivre de cayenne, les amandes salées.

  • Archives de Vigile Répondre

    16 mai 2012

    La Chaine de Commandement ou la chaîne de soumission?
    The Chain of Obedience
    http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=6NcLNoxiPBk

  • Archives de Vigile Répondre

    16 mai 2012

    Au pays des ripoux
    Allo, c'est moi, Jean Charest, qu'est-ce tu faisais?
    Rien de spécial (Alain Dubuc), M.Charest.
    Justement, demain on vote une loi spéciale pour forcer les étudiants à rentrer en classe. J.C.
    Vous attendez pas que Mne Courchesne revienne de la réunion avec les représentants étudiants? A.D.
    Es-tu fou?, tu sais bien que je l'ai envoyé là pour faire un show de boucane! J'y laisserais même pas négocier un pop sicle au dépanneur celle-là... J.C.
    O.K. M.Charest, Tarif habituel.
    Demain mon édito va porter la-dessus; avec les sondages on va faire dire aux chiffres que c'est juste les syndicats et les anarchistes qui sont en faveur de la grève étudiante.
    J'en ai une bonne, ceux qui souhaitent un moratoire, on va les appeller les momo... A.D.
    Maudit qu'est drôle. Lâche pa Alain, si tu continues à bien travailler de même, on ira jouer au golf au Domaine Sagard cet été. J.C.
    http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/alain-dubuc/201205/15/01-4525576-au-pays-des-momos.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_alain-dubuc_3261_section_POS1

  • Luc Bertrand Répondre

    16 mai 2012

    Effectivement, monsieur Lévesque, car la seule différence entre 1837 ou octobre 1970 avec aujourd'hui - évidemment à part le type d'arme et les groupes à qui s'en prend le gouvernement illégitime - est que c'est l'intoxication de la population par les médias qui rend superflu le recours aux armes pour nous réduire au silence.
    Comme l'a si bien écrit Pierre Cloutier avec sa plume acérée et lucide qui le caractérise si bien (http://www.vigile.net/La-democratie-quebecoise-cela-n), il n'y a jamais eu de démocratie au Québec. La seule différence avec les États totalitaires, c'est que le régime fédéral n'a pas à nous réprimer par les armes tellement son emprise - et celle de son establishment financier - sur la politique québécoise est quasi totale. Peu importe les régimes que nous avons connus depuis la Conquête de 1760, il n'a jamais été possible d'assumer notre destinée à notre guise. Lorsque nous étions démographiquement plus nombreux, le régime impérialiste britannique nous a privé de droit de parole et, surtout, de droit de décision. Nous avons pu gagner un simulacre de démocratie par la suite, mais seulement une fois que notre statut minoritaire soit devenu irréversible, que nos décisions puissent être renversées par une instance supérieure où nous étions réduits à l'impuissance et, toujours, après que nous nous soyions tenu(e)s debout et ayions fait preuve de ténacité.
    René Lévesque a démontré toute sa candeur, sinon sa grande naïveté ou sa peur de faire peur d'avoir peur, lorsqu'il a admis que "le Canada n'est quand même pas un goulag".
    Et c'est justement l'analphabétisme politique de trop d'entre nous qui explique que, malgré le mauvais traitement que nous réserve "nos" élu(e)s, une simple minorité et des intérêts privés mais puissants suffisent à les conserver ou ramener au pouvoir contre nos intérêts nationaux ou, à tout le moins, en position de défaire notre gouvernement à la moindre controverse significative.
    Avec la marée d'allophones que "nos" élu(e)s nous ont balancée depuis 1993, l'indépendance ne pourra se faire par un nouveau référendum et il deviendra bientôt (s'il n'est pas déjà trop tard!) impossible de la réaliser par une élection décisionnelle décisive. Pour y parvenir, et encore plus si nous tardons davantage, nous devrons nécessairement "arranger" les règles, comme l'ont fait le gouvernement colonial britannique entre 1763 et 1867 et le gouvernement fédéral canadien depuis 1867.
    La démocratie ne sera véritable que lorsque la minorité anglophone et les allophones qui s'y intègrent ne pourront plus compter sur Ottawa et son oligarchie économique. Mais ce ne sera pas avant que la population soit plus politiquement consciente qu'une représentation plus équitable des partis et de la population ne pourra être envisagée avec une garantie satisfaisante de bon fonctionnement.