Un homme et son péché...

Tribune libre

Tout est tellement facile quand on a un emploi, un revenu, une situation. C’est facile de juger. Celles et ceux qui travaillent se plaisent à jouer aux petits boss de chiotte et dire n’importe quoi. Les parvenus sont légion au Québec. Ici, le sport national c’est de mépriser l’autre. Ça dépasse le hockey. Au-dessous, les parvenus ne voient que de la merde. Et on n’aime pas trop que celui qui jadis était en dessous se retrouve maintenant sur le dessus. Au Québec, le succès des autres nous fait chier.

Daniel Breton a été élu puis nommé au conseil des ministres. Le gars en a bavé, mais il avait quelque chose à dire et à faire. Mais surtout, Daniel Breton est ce que Lise Payette appelle un bum. En politique, ce genre d’individu est dangereux. Il menace l’ordre trop bien établi. L’assaut devait donc être donné pour tasser ce gars-là à n’importe quel prix.

En l’espace de quelques jours seulement, toutes les énergies, les recherchistes, les enquêteurs et l’argent des contribuables ont été mis à contribution pour fouiller les moindres racoins du passé de Daniel Breton. Il fallait absolument trouver quelque chose pour discréditer l’homme et le faire éjecter de son siège de ministre. Avec toutes ces ressources que nous avons payées, l’opération fut un vif succès.

Pendant des années, personne ne s’est interrogé sur comment Jean Charest, qui n’avait à peu près pas travaillé après sa sortie du Barreau, a pu se payer deux maisons de plusieurs millions de dollars chacune avec son salaire de député et même de premier ministre qui n’a à peu près jamais dépassé le 225 000 dollars, allocations de dépenses incluse. Mais pour Breton les choses ont été aussi vite que l’éclair. En l’espace de 48 petites heures, le ministre, le député, l’homme a été détruit, réduit à néant moralement et politiquement. Une vraie belle job de bras. La plus sale qui soit

Et c’est un homme profondément humilié qui est venu donner sa démission avec une voix éteinte devant les caméras de télé à l’Assemblée Nationale. En fait, on a rarement vu un homme aussi démoli. Entendre un des journalistes présents crier comme un mongole une question demandant pourquoi Daniel Breton n’avait pas d’autres explications à donner aux Québécois avait quelque chose d’aussi indécent qu’un fils qui bat sa vieille mère pour lui quêter de l’argent et aller boire.

Le méprisable Journul de Québec a battu tous les records de saleté coiffant sa Une du plus répugnant titre qu’il m’ait été donné de lire et traitant le ministre de bougon, en référence à la tristement célèbre série qui a tant stigmatisé les personnes en situation de pauvreté.

On a l’habitude dans la région de Québec à cette surenchère dans le traitement crasseux de la nouvelle, qu’elle émane des journaux, de la télé ou pire, de la radio...

Daniel Breton avait une dette importante. Il devait plusieurs mois de loyer. Pourquoi n’a-t-il pas payé? Pourquoi est-il parti sans aviser? Pourquoi a-t-il mis autant de temps avant de résoudre ses problèmes? La gêne, l’oubli, le manque de ressources financières, la crainte de la réaction des créanciers, on ne saura jamais. Mais il devait certes avoir une raison.

Et puis après tout, est-il si indispensable de la savoir? Qui n’a pas eu de dette dans sa vie? Qui n’a pas eu un retard sur ses paiements? Qui n’a pas déjà fui ses responsabilités? Qui n’a jamais fait de folies de jeunesse? Qui ne regrette pas ne serait-ce qu’un seul instant de sa vie où on n’a pu avoir l’air crissement fou?

Était-il nécessaire de tout révéler dans les médias? Pourquoi le créancier de Daniel Breton a-t-il décidé de laver son linge sale devant les caméras de télé alors qu’un simple appel téléphonique aurait sans doute réglé la situation? Il était peut-être d’intérêt public de connaître le passé de Daniel Breton. Mais le jugement dont l’homme a fait l’objet était d’une mesquinerie et d’une méchanceté dégoûtante à vomir. On a jamais vu ça! Les pires criminels ne sont pas traité de cette façon.

On peut avoir fait des erreurs graves dans son passé. On peut avoir fait montre d’un terrible manque de jugement. Mais est-ce que cela signifie pour autant que l’on n’a rien à apporter à une société et qu’on n’est pas en droit d’occuper un poste aussi important que celui de ministre de l’Environnement? Je pense qu’on mélange tout ici.

Tous les ministres du gouvernement qu’ils soient au fédéral ou au provincial ne bougent pas d’un poil sans que le cabinet du premier ministre soit mis au courant par les biais des chefs de cabinet qui sont les yeux et les oreilles du boss dans leur bureau. Le gouvernement engage une batterie d’experts et de conseillers en tout genre qui arrivent avec des documents où seule la signature du ministre est requise. Tout est prémâché. Il ne reste qu’à avaliser. Besoin d’avoir une grosse cervelle pour ça? Pas sûr!

Nous choisissons à chaque élection des candidats ou plutôt des Saints bardés de diplômes mur à mur. Ceux que l’on identifie comme étant l’élite de cette société. Ils mangent dans des restaurants où jamais nous n’irons, boivent du vin que nous n’aurons jamais les moyens de nous acheter. Ils parlent avec des gens importants, mais pas nous.

Pendant la campagne électorale, ils nous ont serré la main à la porte du supermarché avec un beau sourire et ça nous suffit pour leur confier notre avenir. Et l’on voit ce qu’ils en ont fait. La commission Charbonneau en donne un triste compte-rendu.

En définitive, faire confiance à un tout nu ne pourrait pas être pire. Au contraire! Ça ferait changement.


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3 commentaires

  • Serge Jean Répondre

    4 décembre 2012

    Monsieur Breton a probablement oublié aussi, de payer sa cotisation de passé formatable.
    Ça doit être surtout ça son crime; et tout probablement qu'on ne mets pas au courant de ce type « d'assurance réputation » les profils citoyen comme monsieur Breton, jugé trop enfargeant avant même sa mise en candidature.
    On s'est servis de lui pour attirer la bergerie Saint-Jacques.
    Quel malheur de réaliser qu'on s'est fait piéger pour trahir ses électeurs à son insu.
    Jean

  • arseneault andre Répondre

    4 décembre 2012

    Félicitations ça dit tout pas besoin d'en rajouter, j'ai hâte et je jouis du jour où l'on sacrifiera les libéraux sur la place publique et ce jour là n'est pas très loin,
    Tomassy a encore reporté son procès au printemps 2013 quelle saga, j'en reviens pas, D.B, on l'a dévoré en dedans de même pas 48 heures????????????

  • Archives de Vigile Répondre

    4 décembre 2012

    "Le méprisable Journul de Québec a battu tous les records de saleté coiffant sa Une du plus répugnant titre qu’il m’ait été donné de lire et traitant le ministre de bougon, en référence à la tristement célèbre série qui a tant stigmatisé les personnes en situation de pauvreté."
    Quoi de mieux que de comparer un ministre détesté à l'ennemi public numéro un des Québécois, c'est à dire l'assisté social, celui qui nous exploite, qui nous empêche d'avoir accès à une vie décente et heureuse. Surtout dans une ville comme Québec où les gens, pourtant instruits, sont incapables de se faire une opinion par eux-mêmes ayant absolument besoins des radios du Système pour savoir quoi penser.
    Je le dis encore: nous sommes certainement à la veille d'une sorte d'avertissement céleste afin de rectifier nos consciences totalement subverties.