La "Province"...

Chronique de Bernard Desgagné

Mesdames et Messieurs des médias électroniques de langue française,
Auriez-vous l'obligeance de cesser de répéter constamment «la province» pour désigner le Québec? Vous faites ainsi chaque fois la profession de foi ultrafédéraliste du colonisé qui se complait dans son infériorité.
Mais oui, le Québec est une province, comme l'Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve. Mais oui, le Québec est de plus en plus minoritaire au sein du Canada. Faut-il que vous fassiez exprès pour nous le rappeler chaque fois que vous donnez la météo, par exemple?
Quoi qu'en disent certaines personnes obnubilées par les résultats des dernières élections, une nette majorité des Québécois francophones, qui constituent l'essentiel de votre public, a voté pour que le Québec ne soit plus une province du Canada en 1995 et est toujours favorable à cette idée. Êtes-vous en train d'essayer de leur ôter cette idée de la tête? Je ne pense pas que ce soit votre rôle. Si vous pensez que le Québec devrait continuer de s'écraser dans le Canada, dites-le clairement, et non avec des petits messages subliminaux.
Si vous n'êtes pas capables de dire simplement «le Québec» ou «le territoire du Québec», pourquoi ne pas tout simplement dire «le pays»? Ce serait plus court que «province» et, au sens large du mot «pays», ce serait tout à fait juste et moins infériorisant pour les Québécois, qui n'ont jamais adhéré démocratiquement à la fédération canadienne, ni dans son prélude de 1840, ni en 1867, ni en 1982, ni en 1992, et qui ont rejeté le statu quo en 1980 et en 1995.
Bernard Desgagné

Gatineau, Québec

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Tribune libre - 2007

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