La Presse aura besoin d'Ottawa et Québec, dit Power Corporation

08c6d0c233e30402fba7014261168815

Ce n'est pas à l'État de payer la propagande des Desmarais

Au-delà de la philanthropie et des recettes publicitaires, La Presse aura besoin de l'aide des gouvernements du Québec et du Canada, estime le cochef de la direction de Power Corporation du Canada, André Desmarais.


Celui-ci s'est toutefois dit confiant vendredi de voir le gouvernement Trudeau passer à l'action, et ce, même si le quotidien montréalais n'est pas encore officiellement un organisme indépendant à but non lucratif (OBNL).


«Probablement, si j'étais un gouvernement, j'y penserais, parce que pour la démocratie, c'est important», a dit M. Desmarais au cours d'un point de presse en marge de l'assemblée des actionnaires de Power Corporation.


Aux côtés de son frère Paul, il a rappelé que la Société Radio-Canada recevait déjà annuellement environ 1 milliard $ de la part d'Ottawa.


Plus tôt cette semaine, le quotidien avait annoncé qu'il se détachait du conglomérat québécois afin de devenir un OBNL, ce qui devrait ouvrir la porte à des dons philanthropiques, à une aide gouvernementale et à un régime fiscal plus avantageux, tout en se mettant à l'abri d'acheteurs éventuels.


Si Québec a déjà annoncé un crédit d'impôt remboursable d'une durée de cinq ans afin d'appuyer le virage numérique de la presse écrite — une aide chiffrée à 64,7 millions $ — Ottawa a signalé, dans son dernier budget, l'intention d'étudier la possibilité d'aider les médias nationaux, sans toutefois y aller d'un engagement clair en ce sens.


Néanmoins, M. Desmarais s'est dit «optimiste» de voir les gouvernements aider les entreprises de presse qui répondent aux exigences pour être admissibles à une forme d'aide financière.


«On ne peut pas dire quoi faire au gouvernement, a-t-il lancé. Si [l'aide arrive] trop tard, ça sera trop tard. Si c'est à l'heure, ça sera à l'heure. J'ai l'impression que les gouvernements sont responsables.»


En se retirant comme actionnaire, la société de portefeuille versera 50 millions $ à la nouvelle entité et assumera entièrement les obligations passées des régimes de retraite.


Processus difficile


Au cours de l'assemblée, M. Desmarais n'a pas caché que le processus ayant mené à cette décision avait été difficile pour la famille, qui est propriétaire du quotidien depuis que Paul Desmarais l'avait acquis en 1967.


Power Corporation attend maintenant que l'Assemblée nationale modifie la loi adoptée dans les années 1960 lui donnant le droit d'intervenir dans le choix d'un futur propriétaire pour La Presse.


«À long terme, je ne verrais pas pourquoi cette demande ne serait pas acceptée, a estimé le cochef de Power Corporation. À l'époque, quand la loi avait été mise en place, je pense qu'on voulait s'assurer que La Presse ne tombe pas entre des mains étrangères.»


L'homme d'affaires s'attend également à ce que d'autres quotidiens au pays analysent le virage entamé par La Presse.


Selon lui, tous les journaux sont aux prises avec des problèmes similaires en raison de l'érosion des recettes publicitaires au profit de géants numériques comme Google et Facebook.


«Tout le monde finira pas avoir son moment "pourquoi maintenant" et cela risque de se produire plus rapidement pour les compagnies publiques que les sociétés privées», a estimé M. Desmarais.