Des retraités en colère!

8583882931bbaa3eafbcea2806f5f4d9

Les retraités de GCM en guerre contre Power


Des retraités des ex-journaux des Desmarais, largués au Groupe Capitales Médias, sont en colère. Et demain, devant le siège social de Power Corporation, ils seront plus de 200 à le manifester!  


  



Des retraités en colère!

JEAN-FRANCOIS DESGAGNES/JOURNAL




Pierre Pelchat a été journaliste au quotidien Le Soleil pendant 38 ans. L’époque où l’on pouvait espérer faire carrière dans un journal. S’y identifier, en être fier.    


En mars 2015, M. Pelchat y était toujours, au Soleil, quand on a annoncé que les Desmarais cédaient leurs journaux régionaux à Martin Cauchon et son nouvel empire régional, Groupe Capitales Médias. « Un homme à qui l’on ne connaissait pas une grande fortune, et qui, surtout, n’avait aucune expérience dans le domaine des médias, du moins dans la gestion d’un groupe de presse », me dira Pierre Pelchat en entrevue.    


L’aventure n’aura même pas duré cinq ans. Groupe Capitales Médias, acculé à la faillite, le modèle coopératif semble acquis pour assurer la continuité des six journaux qui autrefois étaient sous l’égide de Gesca, une filiale de Power Corporation.   


Perdus dans tout ça, les retraités des journaux de ce groupe de presse, ceux dont les Desmarais se sont délestés, en même temps que des responsabilités de leur filiale Gesca dans le déficit de solvabilité de plus de 65 millions $ des régimes de retraite de ces journaux.   


Voilà pourquoi « près de 200 retraité(e)s du Groupe Capitales Médias prendront la route demain (mercredi) matin vers Montréal pour aller manifester devant le siège social de Power Corporation du Canada. Ceux-ci quitteront Québec (Le Soleil), Trois-Rivières (Le Nouvelliste), Sherbrooke (La Tribune), Saguenay (Le Quotidien) et Granby (La Voix de l'Est) pour faire valoir leurs droits à une retraite pleine et entière » comme on l’indique dans le communiqué de presse soulignant la manifestation.   


  



Des retraités en colère!

JEAN-FRANCOIS DESGAGNES/JOURNAL




Des retraités en colère  


Ils sont en colère ces retraités. « C’est d’une totale indécence ce qui nous arrive! » m’explique Robert Pelchat. Pour lui, comme pour plusieurs autres ex-employés largués par Power Corporation, difficile de ne pas voir dans la transaction avec Martin Cauchon, un proche des Desmarais, une manière bien utile de se défaire des journaux régionaux et des responsabilités envers les anciens employés aussi.   


« Nous, ce que nous aurions voulu, c’est le même traitement que les gens de La Presse! Parmi les journaux régionaux, n’oublions pas que La Voix de l’Est, La Tribune, Le Nouvelliste... les Desmarais y sont associés depuis plus de 50 ans! »   


Point besoin de vous dire que la colère a monté d’un cran cette semaine quand on a appris dans les journaux (non, les retraités ne le savaient pas) que Martin Cauchon se versait un joli coussin doré d’un demi-million par année...   


« Imaginez! GCM perdait entre 8 et 10 millions par année et M. Cauchon empochait cette somme faramineuse. C’est comme si le capitaine du bateau voulait conduire son navire au naufrage le plus rapidement possible! Comme s’il voulait que ça plante au plus sacrant! »   


En effet, on s’explique mal comment quelqu’un qui aurait dû voir à la pérennité de son groupe de presse pouvait se conduire de manière si désinvolte par rapport à sa propre rémunération. Cela en ajoute une couche à la frustration de ces retraités, parmi lesquels plusieurs se trouveront dans des situations très fâcheuses quand les coupes de leurs prestations de retraite prendront effet.    


« Un ex-collègue du Soleil souffre d’un cancer, lequel commande des dépenses importantes. Sa conjointe, aussi retraitée du Soleil, avait pris sa pré-retraite pour s’occuper de lui. Cela était déjà pénalisant, quand on y ajoute la ponction de 30%, c’est catastrophique. »   


M. Pelchat me fait part d’un certain sentiment d’impuissance, de découragement aussi. Les retraités ont l’impression d’avoir été largués par Power Corporation, mais par le gouvernement aussi. Et par la CSN : « c’est couci-couça, on est supposé rencontrer le président de la centrale en début d’année 2020, mais on ne sent pas un grand empressement pour la cause des retraités. »   


Voilà ce qui m’étonne le plus dans tout ça. L’absence d’un grand mouvement de solidarité pour la cause de ces retraités - plusieurs centaines! – au sein de la collectivité médiatique québécoise au sens large. Ni par les gens de gauche d’ailleurs. Ou si peu.    


Comme me l’écrivait un de ces retraités en colère la semaine dernière; « si c’était PKP qui nous avait largués de la sorte, nous aurions moins de difficulté à trouver des appuis! »    


En ce mercredi 11 décembre, ils y seront, par centaines, devant le siège social de Power Corporation au Square Victoria à Montréal, pour demander justice en quelque sorte, pour demander un traitement équitable, et un peu de dignité. Celle que les Desmarais ont manifestée pour les retraités de La Presse. Pas plus. Pas moins.    





-->