Voilà, la boucle est enfin bouclée. Dimanche, le 15 juillet, le comité de direction du quotidien La Presse a fini par cracher le morceau : une nouvelle structure corporative sera créée afin de transformer ce média en organisme à but non lucratif. Le célèbre quotidien ne fera plus partie des écuries de la richissime famille Desmarais.
Un média déficitaire sur toute la ligne
C'est un secret de Polichinelle que d'affirmer que Power Corporation perd, chaque année, des fortunes en finançant un journal qui n'arrive plus à faire ses frais. Gérald Fillion, le spécialiste des dossiers économiques à la Société Radio-Canada (SRC) a fini par admettre que « Power Corporation ne fait pas d'argent dans cette aventure et que la famille Desmarais et les actionnaires de l'entreprise ne voulaient plus éponger les pertes de La Presse ».
Un autre analyste, Luc Lavoie, estime que toutes ces tractations ne constituent rien d'autre qu'un « écran de fumée », dans un contexte où La Presse pourrait générer jusqu'à plusieurs dizaines de millions de pertes annuelles selon plusieurs estimés. De fait, incapable de rentabiliser son virage numérique, entrepris autour de 2013, le navire amiral de la cause fédéraliste se transforme en machine à gober des subventions.
Tirer les ficelles à distance
S'inspirant des médias français, à l'instar du journal Libération, les éminences grises responsables de cette opération viennent de créer une « fiducie d'utilité sociale », laquelle sera dirigée par un ancien juge de la Cour Suprême, Me Louis LeBel. Cette nouvelle structure à but non lucratif obtiendra d'Ottawa un statut d'organisme de bienfaisance.
Ce statut permettra à La Presse de faire appel à des donateurs privés qui pourront déduire leurs généreuses contributions de leurs impôts... tout en contribuant à soutenir la cause des oligarques libéraux et mondialistes qui nous gouvernent depuis des lustres. La famille Desmarais vient justement d'annoncer un mirifique don de 50 millions de dollars afin d'aider l'épave à voguer de plus belle.
Deux poids, deux mesures
Certains froncent les sourcils, dans un contexte où l'Agence du revenu du Canada (ARC) a refusé d'accorder le même statut à l'Institut de recherche sur l'autodétermination des peuples et les indépendances nationales (IRAI), un organisme fondé par Pierre Karl Péladeau. Cette politique du deux poids, deux mesures ne nous surprend guère.
Il serait pertinent de rappeler que la ministre du Patrimoine Mélanie Joly, présidente du comité directeur du sommet économique de Davos sur l'avenir du divertissement et de l'information, s'occupe de serrer la vis à Facebook afin de pourchasser les auteurs de « fausses nouvelles », tout en étudiant de nouveaux scénarios de financement destinés à relancer les vieux médias déficitaires.
Cette mutation surprenante d'un géant de l'information en OBNL cadre parfaitement bien avec le plan de match de l'équipe Trudeau. Mélanie Joly, en février, avait d'ailleurs annoncé que son gouvernement s'apprêtait à injecter 75 millions de dollars sous forme d'aide à une presse écrite qui bat de l'aile.