La partition de Chrétien

Si le Canada est divisible, le Québec l'est aussi. Voilà un principe archi-faux parce qu'il oublie l'Histoire.

Tribune libre - 2007

Les Premiers occupants du Canada et du Québec ont été les Amérindiens et les Inuits. Lorsque le Canada est devenu indépendant en 1931, il n'a pas été question de partition du Canada. Les Amérindiens, les Métis et les Inuits n'ont pas réclamé chacun leur morceau du territoire canadien. Le fédéral ne leur a même pas offert et a continué de les persécuter et il en paie le prix aujourd'hui. Si le Québec devient indépendant, ce sera la même situation. Les Amérindiens, les Métis et les Inuits resteront au Québec et ils seront bien accueillis ou s'en iront, mais pas avec un morceau du territoire québécois.

Les Canadiens français et les Acadiens ont été les deuxièmes occupants de ce pays avec l'accord des premiers occupants et en parfaite harmonie avec eux. Il suffit de rappeler que Pontiac a continué la guerre contre les Anglais. Lorsque le Canada est devenu indépendant, il n'a pas été question que les Canadiens français et les Acadiens fassent la partition du territoire canadien. Même situation pour les Anglo-Québécois. Ils resteront au Québec et ils seront bien accueillis ou s'en iront, mais pas avec un morceau du territoire québécois.

Les Anglais sont venus voler aux Premières Nations, aux Canadiens français et aux Acadiens les territoires du Canada et à la pointe des armes, s'il vous plaît. S'il y a des occupants illégitimes au Canada, ce sont bien les Canadiens anglais. Les territoires du nord du Québec appartenaient à la Couronne? Faux, M. Chrétien! Ils étaient le produit d'un vol qualifié et il l'est encore. La conquête s'est transformée en occupation permanente, donc l'usurpation est permanente comme en Australie, comme en Nouvelle-Zélande et comme aux États-Unis.

De plus, un Québec indépendant ne reprendrait que 18% du territoire canadien alors que sa population représente encore 23%. Donc, le Québec a la politesse de ne pas réclamer tout le territoire qui lui reviendrait de droit. Et M. Chrétien, un Québécois, a le culot de justifier la partition du Québec? C'est une honte!

La prétention à la partition du Québec n'est qu'un attitude arrogante du colonisateur face au colonisé. Malheureusement, il y a toujours des colonisés collabos qui se rangent du côté du colonisateur. Messieurs les Canadiens anglais, le territoire du Canada appartient aux Premières Nations, aux Canadiens français, aux Québécois et aux Acadiens. Nous ne faisons que vous tolérer sur nos territoires usurpés par la force des armes!

On ne peut pas refaire l'Histoire, mais on peut la corriger. Les réparations du fédéral aux Première Nations sont justement des corrections. L'indépendance du Québec en est une autre.

On nous a volé une fois notre territoire. La partition ne serait qu'un nouveau vol. Et ça jamais!

Normand Rousseau

Gatineau, Québec,


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8 commentaires

  • Georges-Étienne Cartier Répondre

    16 novembre 2008

    Nos Anglos sont chez Nous, ici, fort bien dans leurs biens , résidence en premier lieu !

    Il ne verront guère d`intérêt à les voir détruire à coups de canons et par incendies...sans assurances car "par fait de guerre", alors qu`il leur sera si facile de retraiter vers le ROC ou les USA après avoir normalement ( quoique un peu à perte, mais bon...)vendu ici leurs avoirs d`ici contre espèces sonnantes et trébuchantes...d`ici !
    Sauver,au prix de leurs biens et de leurs vies, leur "identité anglo québécoise" ? Rions en coeur !
    Ils n`en ont guère, en tout cas pour ce qui sera des irrédentistes, des anglos partitionnistes qui ne sont jamais que des "canadians" !

  • Antonis Labbé Répondre

    18 octobre 2007

    À M. Bousquet,
    ce qu'il faut comprendre, c'est qu'une telle guerre ou intervention militaire est en effet ridicule à envisager, puisque, comme je l'ai mentionné, Ottawa n'a pas d'intérêts concernant les frontières qui puisse justifier une intervention militaire.
    Relisez bien, j'écris que « partitionner le Québec à ce moment revient à une déclaration de guerre. » C'est cette réalité qui fait qu'une tentative de partition post-indépendance ne se produira pas, la menace de partition n'étant qu'une mesure d'intimidation; Ottawa a intérêt à garder le Québec comme allié, même au prix de quelles réserves et ressources naturelles.
    L'aspect légal contre la partition prend donc de l'importance, étant donné que la question du territoire ne se jouera pas sur le champ de bataille, et encore moins dans les autobus de Westmount.
    À Vigilant,
    il y a une différence entre réprimer du terrorisme politique et une simple question d'intimidation. Une intervention militaire ne se fait pas sur un coup de tête et force est d'admettre que les intérêts relatifs à la question territoriale sont loin de justifier une telle intervention. Autrement dit, s'il y a intervention militaire, elle ne s'engagera pas sur la question de la partition, mais bien sur d'autres enjeux. Et puis, si je ne me trompe pas, l'article sur lequel nous commentons concerne la dite parttition, pas les autres enjeux.

  • Archives de Vigile Répondre

    17 octobre 2007

    M. Antonius Labbé écrit : «Donc, tant que le Québec est une province, aucune partition unilatérale du territoire québécois n’est possible dans la légalité. Puis, une fois le Québec un pays indépendant, les frontières québécoises auront le statut de frontières internationales : partitionner le Québec à ce moment revient à une déclaration de guerre. Or, ni le Québec, ni la Canada, n’ont d’intérêts pour une guerre aussi futile.»
    Ma réponse à M. Labbé : La Palestine s'est fait coloniser et partitionner par Israël "un pays démocrate" malgré plusieurs résolutions de l'ONU. La légalité ne peut faire grand chose contre la force militaire.
    J'imagine que la déclaration de guerre dont vous faites mention serait de la part du ROC envers le Québec. Est-ce que je dois comprendre que, suite à cette déclaration de guerre, le Québec devrait monter une armée pour se défendre du ROC ou se lancer dans la guérilla avec des kamikazes qui se feraient sauter dans les autobus de Westmount ou dans les marchés publica de l'ouest ? On commence à délirer un peu.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    17 octobre 2007

    M. Labbé écrit:
    Puis, une fois le Québec un pays indépendant, les frontières québécoises auront le statut de frontières internationales : partitionner le Québec à ce moment revient à une déclaration de guerre. Or, ni le Québec, ni la Canada, n’ont d’intérêts pour une guerre aussi futile.
    ...guerre aussi futile? Ils nous ont envoyé l'armée en 1970 pour une poignée de manifestants!
    Des dirigeants de cette époque, certains sont encore près du pouvoir canadian!

  • Archives de Vigile Répondre

    16 octobre 2007

    En matière de réflexions territoriales et frontalières, il est intéressant de rappeler ce qu'écrivait dès 1980 le sociologue Daniel Latouche dans son livre: «À la remorque des transports».
    Selon Latouche: «L’espace québécois n’est pas un espace « naturel ». À regarder une carte, on a l’impression que c’est un territoire qui va de soi, puisque la grande majorité de ses frontières sont maritimes : baie James, baie d’Hudson, détroit d’Hudson, baie d’Ungava, océan Atlantique. Pourtant, au sud, où se concentre la population, rien ne vient distinguer le Québec du Nouveau-Brunswick, du Maine ou de l’Ontario, si ce n’est une ligne sur la carte».
    «Le Québec, comme la majeure partie des entités politiques d’Amérique du nord, est une construction artificielle : il n’est pas donné de toute éternité. Nous n’occupons pas cette terre depuis le plus reculé des temps et le fait que nos ancêtres s’y soient installés un siècle avant ceux des autres provinces canadiennes ne devrait pas constituer un titre de gloire. De plus, les études d’ethnologie et d’archéologie nous enseignent que le Québec ne constituait pas non plus un territoire distinct pour les tribus indiennes qui y étaient installées avant l’arrivée des colonisateurs européens. C’était pour elles un territoire périphérique».
    «Sur le plan politique, rien n’a été plus instable que les frontières du Québec. En 1763, le Québec était réduit à sa plus simple expression, un rectangle courant le long des deux rives du Saint-Laurent, tandis que Terre-Neuve se voyait confier le Labrador, l’Île d’Anticosti et la Compagnie de la baie d’Hudson, tout le Nord-Ouest. Par contre, en 1774, on vit émerger un Québec impérial qui récupérait tous ses anciens territoires et qui s’étendait vers l’ouest jusqu’aux Grands Lacs et au sud-ouest jusqu’au Mississippi et à la Pennsylvanie. Jamais l’espace politique québécois n’avait atteint une telle ampleur».
    «En 1791, cet espace fut de nouveau ramené à des proportions plus modestes et même scindé en deux pour donner naissance à un autre espace politique, celui du Haut-Canada. En 1840, cette juxtaposition se transforma en une Union, à son tour transformée en une intégration pure et simple, vingt-sept ans plus tard. D’un seul Canada, on était passé à deux Canada, puis au Canada à deux et plus tard au Canada à cinq, à neuf et à dix».
    «Le territoire québécois s’est donc fait et défait au fil des années et surtout au gré des volontés extérieures, mais toujours avec cette constante : jamais ces modifications n’ont été édictées par les Québécois seuls. Il s’est toujours trouvé quelqu’un, quelque part, pour décider à notre place de la dimension et de l’organisation de notre territoire».
    «En termes de transport, les coûts d’une telle domination ont été énormes. Une grille nationale de transport ne s’établit pas en quelques années. Il a fallu des décennies à la Grande-Bretagne, à la France et aux États-Unis pour se donner des réseaux de transports intégrés et efficaces. Dans tous les cas, une relation étroite s’est établie dès le départ entre le projet et le système politique. Aujourd’hui encore, la nature d’une société politique, son mode de fonctionnement, son degré de centralisme s’expliquent autant par son système de transport qu’à partir de décisions constitutionnelles».
    «Il suffit de comparer la carte ferroviaire et routière de la France et de l’Italie pour comprendre que jamais la France ne pourra échapper au centralisme. Quel que soit le degré d’autonomie dont dispose la sphère politique, c’est souvent à travers des considérations de transport que s’établissent les liens étroits qui unissent le politique à l’économique. En Amérique du nord, la politique a été pendant longtemps réduite à des décisions affectant les transports».
    «Le Québec, qu’il soit pays ou province, ne constitue pas un espace politique délimité de façon définitive. C’est un espace sur lequel planent bien des incertitudes. Les Québécois ne peuvent disposer de ce territoire comme ils le souhaiteraient. Pas surprenant dans ces conditions qu’ils ne se soient jamais donné de politique intégrée et cohérente des transports. Pas surprenant non plus que la définition d’une telle politique soit un des dossiers les plus chauds du contentieux Ottawa - Québec. Qui veut contrôler les transports doit au préalable contrôler l’espace. On n’y échappe pas».
    On peut être d'accord ou non avec cette analyse de Daniel Latouche. On ne peut, cependant, écarter du revers de la main une telle réflexion. Il est évident qu'un pays tel le Canada, qui fait face à une menace de sécession d'une de ses provinces constituantes, fondatrice de surcroît et détentrice d'une partie de sa propre identité, fera tout en son pouvoir pour céder dans l'affaire le moins qu'il pourra de son territoire actuel et de ses populations.
    De plus, il n'attendra pas une éventuelle déclaration d'indépendance pour préparer la préservation du maximum possible de son intégrité territoriale, en attisant par exemple des irrédentismes ethniques et territoriaux, principalement aux périphéries de sa province rebelle. Il s'agit là de l'enfance de l'art du maintien de l'unité nationale et de l'intégrité territoriale des nations.

  • Archives de Vigile Répondre

    15 octobre 2007

    Puis-je rappeler dans ce débat que jadis la province de Québec s'étendait aux rives de l'Ohio et du Mississipi (les rivières) qui cernent la région du Midwest américain? Et que le bassin des Grands Lacs fut entièrement inclus (l'Ontario utile), ainsi que le Labrador terreneuvien ?
    Nos ancêtres avaient recouvré ces territoires, quoique sous une juridiction militaire, pour protéger les droits territoriaux des amérindiens contre la convoitise des miliciens américains de Virginie, de Pensylvanie et du New York qui estimaient les mériter pour leur participation à la guerre de 1756-1763. Promesses de la Couronne non-tenues qui allumèrent le brasero de la révolution américaine.
    Le Québec avait choisi de ne pas participer à la révolte, à l'exception de quelques trois cents miliciens qui joignirent les Américains et durent s'exiler après l'échec du siège de Québec.
    Conséquence de la défaite anglaise : le sud des Grands Lacs passe aux américains et le Québec doit accommoder les Road Peoples loyalistes.
    Les exilés des colonies ne peuvent s'accommoder de la coutume française du droit civique et exigent l'habeas corpus, même s'ils sont une minorité. La Couronne décide de fractionner en deux le reste de la Province of Quebec pour satisfaire cette gang de perdants qui cherchaient à se reprendre en arrogance sur les frenchies. C'est la naissance du Haut-Canada et du Bas-Canada.
    La Province of Quebec fut déjà amputée de plus des deux tiers.
    C'est ce qu'on appelait un accommodement raisonnable.
    Alors, les Québécois ont déjà donné.

  • Antonis Labbé Répondre

    15 octobre 2007

    Juridiquement, Ottawa ne peut pas amputer le Québec d'une partie de son territoire, sans le consentement de l'Assemblée Nationale. Or, aucun gouvernement québécois ne peut même envisager la partition du Québec.
    En effet, en vertu de l'article 43 de la Loi constitutionnelle de 1982 (Partie V - Procédure de modification de la constitution du Canada), « Les dispositions de la Constitution du Canada applicables à certaines provinces seulement ne peuvent être modifiées que par proclamation du gouverneur général sous le grand sceau du Canada, autorisée par des résolutions du Sénat, de la Chambre des communes et de l'assemblée législative de chaque province concernée. Le présent article s'applique notamment :
    a) aux changements du tracé des frontières interprovinciales;
    b) aux modifications des dispositions relatives à l'usage du français ou de l'anglais dans une province. »
    Donc, tant que le Québec est une province, aucune partition unilatérale du territoire québécois n'est possible dans la légalité. Puis, une fois le Québec un pays indépendant, les frontières québécoises auront le statut de frontières internationales: partitionner le Québec à ce moment revient à une déclaration de guerre. Or, ni le Québec, ni la Canada, n'ont d'intérêts pour une guerre aussi futile.
    La partition du Québec n'est que de l'intimidation mal fondée qui ne fait que montrer la faiblesse de l'argumentaire fédéraliste.

  • Archives de Vigile Répondre

    15 octobre 2007

    Le Canada est un continent et une géographie avant tout le reste. Des déclarations fracassantes comme celles de Jean Chrétien et Stéphane Dion ignorent l'histoire mais ignorent surtout que l'histoire se déroule le long de paysages géographiques qui imposent leur radicalité au développement et la croissance des pouvoirs arbitraires comme ceux qui dominent à Ottawa et Bay Street.
    Ce qui se décide à la fin se fonde sur les principes de la géopolitique qui font toujours leurs preuves contre l'arbitraire mais n'ont rien du déterminisme philosophique. Chrétien et Dion rationalisent leur volonté de dominer pour dominer. Cette volonté a fait son temps.
    René Marcel Sauvé,géographe et auteur de
    Géopolitique et avenir du Québec et
    Le Québec, carrefour des empires.