L'indépendance repose sur 15 % d'indécis

Il ne faut pas avoir peur de l'avenir

Actualité québécoise - vers une « insurrection électorale »?


L'actuelle crise au Parti québécois est une crise de leadership et non pas une baisse de l'appui à l'indépendance. Depuis 30 ans, cet appui repose sur une base solide d'au moins 40%. Parfois, cet appui a dépassé le 50% à la suite de l'échec de Meech ou du scandale des commandites et presque atteint le 50% au référendum de 1995.
C'est donc dire qu'il manque environ 15% des Québécois pour gagner le prochain référendum. Ce n'est pas la mer à boire. Ce 15% s'est rangé du côté du Oui, dans les sondages, à la suite d'un coup de sang soit l'indignation devant le rejet du Canada anglais soit la trahison du Parti libéral fédéral. Ces Québécois n'ont pas à rougir d'avoir réagi sous le coup de l'émotion.
La grande majorité des pays qui sont devenus indépendants ne l'ont pas fait à la suite d'un raisonnement froid ou d'une opération comptable, mais par indignation devant la tyrannie, la domination, l'exploitation et faut-il le dire, par amour de leur pays. Il faut donc que ces 15% de Québécois changent leur coup de sang en coup de coeur. On ne fait pas l'indépendance contre un autre peuple, mais par amour de son propre peuple, de son propre pays. Si vous avez déjà voté pour le PQ ou voté Oui lors d'un référendum, vous faites partie de ce 15%. Dites-vous que l'indépendance repose sur vos épaules.
Le PQ n'est pas le seul à connaître une crise. Le Parti conservateur fédéral a été plus sévèrement balayé que le Bloc québécois lorsqu'il a été réduit à deux députés pour tout le Canada. Le Parti libéral fédéral a connu des luttes fratricides entre Turner et Chrétien et Chrétien et Martin. Le Parti libéral du Québec a vu son chef perdre son comté et son parti donner naissance à l'ADQ. À la suite de toutes ces crises, personne n'a remis le fédéralisme en question. Pourquoi une crise au PQ remettrait l'indépendance en jeu?
Il ne faut pas avoir peur de l'avenir.
Le Québec voudrait décider de son indépendance à la suite d'un long examen de conscience, en pesant le pour et le contre et en remettant toujours à plus tard la décision qui s'impose.
Il est difficile de dire Oui à l'indépendance. Notre niveau de vie est bon et nous ne subissons aucune domination, sauf celle du colonialisme fédéral qui signe tous nos traités à notre place, perçoit la moitié de nos impôts et fait la moitié de nos lois. Mais si nous avons le goût du pays, nous devons prendre cette décision avant qu'il ne soit trop tard. Nous avons déjà pris 30 ans de retard. Les prochaines générations nous reprocheront notre manque de courage parce qu'elles en subiront les conséquences.
Le Canada est devenu indépendant en 1931, en pleine crise économique, sans référendum, sans consentement de la population à la suite d'une élection. L'Angleterre l'a tout simplement largué. Aujourd'hui, les Canadiens sont fiers d'avoir leur pays et pourtant eux aussi ont traversé des crises économiques et politiques.
L'indépendance ne s'obtient pas sur un plateau d'argent avec une garantie séculaire que tout va aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Cette garantie, les Québécois ne l'ont pas plus à l'intérieur du Canada. Nous avons subi toutes les crises comme le reste des Canadiens.
La grande erreur du PQ, c'est d'avoir exigé que les Québécois décident de leur indépendance sans émotion. C'est oublier la nature profonde de l'être humain qui est faite de 90% d'émotions. Pour faire l'indépendance, il faut avoir le goût du pays, la fierté du pays, l'amour du pays, quelle que soit l'origine des Québécois: Inuits, Amérindiens, Anglo-Québécois, Franco-Québécois, immigrants de tous les pays. Si nous n'avons pas le pays dans le coeur, on ne mérite pas d'avoir un pays.
Normand Rousseau,
Gatineau


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