Les causes du désarroi d'Andrée Ferretti
6 décembre 2015
Bonjour à tous,
Je ne propose pas le remplacement de PKP. J’ai simplement écrit qu’il y a encore bien assez de temps avant les élections pour que PKP finisse par apprendre. Je ne vais pas revenir aux détails des erreurs de communications de PKP, il y en a eu plus d’une. Je ne ferai pas le panégyrique de PKP, cela a été fait et refait sur ce site, contribuant à créer des attentes démesurées qu’aucun politicien ne pouvait rencontrer.
Devenir chef de parti et premier ministre n’est pas une mince affaire. Apprendre le travail peut être plus ou moins long. Ça n’a rien d’inné, et je vais donner deux exemples qui viennent de nos amis d’en face pour illustrer mon propos. Senior Trudeau est élu au Parlement en 1965, devient ministre de la justice en 1967, chef du Parti libéral, ensuite premier ministre du Canada en 1968. Jean Chrétien devient député fédéral en 1963, passe par plusieurs ministères avant de devenir premier ministre en 1993. Certains apprennent plus vite que d’autres. Je placerais PKP du côté des vites, il n’avait jamais fait de politique avant d’être élu à l’Assemblée nationale au printemps 2014, et chef du PQ un an plus tard. Il n’a évidemment jamais été ministre. Apprendre ce métier n’a rien de facile, et il a démontré qu’il avait les qualités de base pour être chef de parti et éventuellement premier ministre. Est-ce que les impatients pourraient lui donner le temps d’apprendre ? Avoir un sentiment d'urgence ne doit pas faire paniquer.
Voyez la réputation de Justin Trudeau jusqu’au déclenchement des dernières élections fédérales. Ses déclarations étaient parfois bizarres, son discours en français hésitant et peu convaincant, il avait l’air absent. Les conservateurs ont dépensé une fortune en publicité négative pour le faire passer pour un enfant gâté et superficiel (Il aurait joué le jeu pour les berner que ça ne serait pas surprenant), tout juste bon avec les réseaux sociaux. Il a fait la meilleure campagne des trois chefs fédéralistes, et de loin. Les Libéraux fédéraux ont eu raison d’être patients; je ne le répéterai jamais assez, chef de parti est un métier difficile, exigeant et long à apprendre, avec des pièges à tous les coins de rue. Maintenant que Justin Trudeau est premier ministre du Canada après avoir fait une belle campagne, Andrée Ferretti a-t-elle encore raison de le traiter d'insignifiant? Il ne faut jamais minimiser l'adversaire.
J’ai lu aussi le plan d'action présenté par Me Cloutier. J’ai hâte qu’on passe des paroles aux actes, et je crois qu’il faudrait ajouter des objectifs précis à ces actions : reconquérir les jeunes, qui n’appuient pas beaucoup le PQ, recommencer le travail auprès des communautés ethniques (le PQ semble l’avoir compris), et surtout, tirer des leçons de la dernière campagne fédérale. Quelque chose a changé profondément dans la façon de faire de la politique même au Québec. Les conservateurs, champions toute catégorie de la division, l’ont appris à leurs dépens. Peut-être avons-nous à réapprendre l’inclusion.
Et pour M. Benoit, l’origine des Chartes des droits qui nous régissent n’est pas anglo-saxonne, il n’y a pas de Charte des droits et libertés en Angleterre. La première charte a été promulguée lors de la Révolution française. Je crois que vous faites référence au multiculturalisme, qui, lui, vient davantage des pays anglo-saxons. À noter toutefois que le pays européen le plus réfractaire au multiculturalisme, la France, a des problèmes de communautarisme inédits. Il n’y a pas de solution magique. Mais vous avez raison de souligner le côté individualiste des Chartes. Elles privilégient la liberté au détriment de l’égalité. L’égalité de droits ne veut pas dire égalité économique ou sociale, au contraire.
Louis Champagne