La défaite du PQ – I

Le début de la campagne électorale

Tribune libre

Un gouvernement minoritaire

Avant d’aborder l’analyse des causes de la défaite du PQ, il faut rappeler la courte victoire de 2012. Inutile de revenir sur cet épisode, si ce n’est pour dire que le PQ avait eu une maigre avance d’un peu moins de 35,000 votes sur les Libéraux, une victoire qu’il devait en partie au bilan peu reluisant de Jean Charest et de son équipe. Et si on veut le regarder par l’autre bout de la lorgnette, l’agressive campagne menée par plusieurs indépendantistes contre Mme Marois n’a pas aidé non plus. Mais une telle avance impliquait une certaine prudence, sinon une prudence certaine, perdre quelques appuis pouvait avoir des conséquences désastreuses.
Je vais commenter ce qui me semble le plus significatif dans cette défaite. Et je tâcherai de donner quelques devoirs au PQ et au chef qu’il ne manquera pas de se donner d’ici deux ou trois ans.

Le choix de déclencher des élections

La date des élections est maintenant statutaire. Mais pour un gouvernement minoritaire, cette loi ne tient pas. Mme Marois en a profité pour se lancer en campagne électorale. Selon plusieurs journalistes, le PQ avait en mains de bons résultats de sondages. Il devait affronter l’opposition sur le budget et pouvait alléguer qu’elle voulait renverser le gouvernement. Plutôt qu’attendre d’être battu sur le budget, le PQ s’est lancé en campagne.

Il était notoire que les Québécois ne souhaitaient pas d’élections. Une élection coûte cher et paralyse le gouvernement pendant plusieurs semaines, voire quelques mois. La Commission Charbonneau et le débat sur la Charte, en fait, sur le voile, avaient excédé les Québécois, qui rêvaient à bon droit d’avoir la paix sur le front électoral encore pour un bout de temps. Le printemps érable n’est pas si loin après tout. Il fallait une bonne raison pour déclencher des élections.

Mme Marois disparait !

La première journée de campagne, celle où Mme Marois pouvait faire passer la pilule, elle est disparue toute la journée. Elle devait savoir que les premières heures d’une campagne électorale sont importantes, dans ce cas-ci d’abord pour justifier la tenue des élections, ensuite pour fixer l’ordre du jour et les enjeux de la campagne. C’est elle qui a choisi cette date. Elle avait tout le temps de se préparer pour cette journée cruciale. Où diable était-elle ? Aucune urgence, rien de prioritaire ne nous a été signalé à ce jour. Elle a décidé de s’évaporer pour des raisons qui la regardent. Bien entendu, ce qui devait arriver arriva. Ce sont les libéraux qui ont établi l’ordre du jour, c’est leur slogan qui a pris le plancher (qui se souvient de celui du PQ?). Ce faux-départ du seul parti capable de prévoir avec précision le jour de l’élection me laisse perplexe. Encore aujourd’hui, je ne me l’explique pas. Et, fait à signaler, personne dans l’entourage de Mme Marois, encore moins Mme Marois elle-même, ne s’est expliqué là-dessus à ce jour.

Des questions sans réponse

Quels sondages Mme Marois avait-elle en mains au moment du déclenchement de la campagne? Qu’est-ce donc qui pouvait justifier sa disparition ? Pourquoi des élections à ce moment-là? Ses explications sont nébuleuses, elle a déclaré qu’elle allait être renversée sur le budget. Il y avait bel et bien moyen de forcer l’opposition à renverser le gouvernement sur le budget, puis de se lancer en campagne en lui faisant porter le chapeau. Et la Charte des valeurs, qui aurait nécessité encore au moins six mois de consultation, pourquoi ne pas avoir poussé un peu dans le dos de Drainville pour accoucher de quelque chose ?

Nous ne saurons sans doute jamais pourquoi la campagne a débuté ainsi, mais jamais Mme Marois n’a récupéré ce mauvais départ.


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6 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    24 juin 2014

    J'ai écrit:"1-Le PQ aurait dû accepter le compromis de la CAQ avant d’aller en élection."
    Je voulais parler de la charte.
    Si le PQ était arrivé en campagne électorale avec une charte adoptée par l'Assemblée nationale ainsi qu'avec l'adoption de "mourir dans la dignité", la donne aurait été complètement différente.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 juin 2014

    1-Le PQ aurait dû accepter le compromis de la CAQ avant d'aller en élection.
    2-Faire passer "mourir dans la dignité" avant d'aller en élection.
    3-Encadrer l'entrée de PKP dans la campagne. Quant à moi, il aurait été préférable de retarder l'entrée de PKP lors d'une partielle éventuelle. Son entrée a été faite par des amateurs en communication et en stratégie.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    22 juin 2014

    Le déclenchement des élections n'a-t-il pas mis fin au projet pressant de faire comparaître M. et Mme Marois en commission parlementaire, à propos d'un "deal" éventé à la Commission Charbonneau?

  • Archives de Vigile Répondre

    22 juin 2014

    Tout ça demeure un peu louche; à croire qu'il s'agit de théâtre où le parti au pouvoir s'attend à perdre et s'arrange pour perdre parce que c'est le scénario écrit d'avance par les élites-Système qui, on s'en doute, semblent pouvoir faire élire qui ils veulent.
    M'étant rendu compte à un moment donné que notre processus électoral actuel ne faisait que perpétuer le statu quo social, politique et économique, j'ai décidé justement à l'élection de septembre 2012 de devenir abstentionniste.
    Je considère que je ne puis endosser par mon vote des politiques qui brisent des vies au Québec, en particulier celles des chômeurs, personnes âgées, assistés sociaux à 600$ par mois etc...

  • Archives de Vigile Répondre

    22 juin 2014

    Boussole électorale (suite)
    Les citoyens souhaitent un gouvernement majoritaire, selon la Boussole
    La Boussole électorale, la religion et l'État
    La Boussole électorale et les différences régionales
    Êtes-vous indécis?
    Les petits partis et la Boussole électorale
    Débat des chefs : Couillard a gagné, d'après la Boussole électorale
    Pierre Karl Péladeau dans l'oeil de la Boussole électorale
    Avez-vous changé d'intention de vote?
    http://ici.radio-canada.ca/elections-quebec-2014/boussole-electorale

  • Archives de Vigile Répondre

    22 juin 2014

    Quand le parti québécois perd la boussole.
    Si je me rappelle bien, Madame Marois avait dit qu'elle ne voulait pas répondre aux questions des journalistes car ils avaient la fâcheuse habitude de modifier son agenda préférant faire des annonces le lendemain du déclenchement de l'élection. Sur ce point, je ne peux pas lui donner tort, car c'est en effet ce que Radio-Canada s'est employée à faire tout au long de cette campagne grâce à la boussole électorale qui est unique aux élections du Québec, je crois. Pas entendu dire que ça s'est fait en Ontario dernièrement.
    Avec l'intervention de quiconque qui veut bien y participer le nombre de fois qu'il le souhaite à travers tout le Canada, Radio-Canada se sert de cet instrument très médiatisé qui n'est pas comptabilisé par le DGE pour influencer l'électorat vers où bon lui semble, càd dans les bras du parti libéral.
    Après que Philippe Couillard eut débuté la campagne en disant détesté le P.Q., il a fallu attendre qu'il soit sur la défensive à cause de la corruption qui gangrène son parti pour que subitement la boussole électorale vienne à son secours en demandant aux électeurs si la campagne devenait trop sale ou quelque chose du genre en faisant prédominé le chef le moins digne de confiance sur le parti le moins intègre?
    Voyez vous-même:
    http://ici.radio-canada.ca/sujet/elections-quebec-2014/2014/03/30/010-integrite-boussole-electorale.shtml
    Méthodologie
    Les participants qui répondent aux questions de la Boussole électorale sur le site de Radio-Canada le font sur une base volontaire. Cependant, les statistiques tirées de la Boussole électorale et publiées par Radio-Canada sont pondérées scientifiquement à l'aide d'un profil démographique précis pour assurer la représentativité des résultats.