En mai dernier, Nicolas Sarkozy avait déstabilisé ses adversaires en appelant à son gouvernement des personnalités de gauche. Stephen Harper a adopté cet automne une tactique similaire.
Il a d'abord nommé le libéral John Manley à la tête d'un comité chargé de se pencher sur la suite de la mission canadienne en Afghanistan après 2009. Hier, on apprenait que le ministre de l'Environnement, John Baird, sera conseillé à la conférence de l'ONU sur les changements climatiques par un groupe d'experts dont fait partie l'ancien premier ministre péquiste Pierre Marc Johnson. Hier encore, M. Harper a annoncé la nomination de Bernard Lord comme conseiller du gouvernement en matière de langues officielles. Contrairement à MM. Manley et Johnson, M. Lord est un conservateur. Mais pour ce qui est des langues officielles, l'ancien premier ministre du Nouveau-Brunswick vient d'un tout autre horizon idéologique que celui des réformistes de M. Harper.
L'audace tactique de ces manoeuvres impressionne. La présence de M. Johnson aux côtés de M. Baird risque de priver le chef libéral Stéphane Dion d'une partie de l'attention médiatique qu'il espérait en se rendant à Bali. Cela dit, au-delà de l'aspect partisan des choses, ces nominations sont-elles significatives?
Il se peut en effet que le gouvernement conservateur se serve de ces personnalités à la seule fin de redorer son image dans des domaines où elle est passablement ternie. C'est peut-être, aussi, une façon de repousser à plus tard - après des élections en février - des décisions impopulaires. En tout respect pour M. Lord, on se demande pourquoi le gouvernement doit avoir recours à ses services. Le Commissaire aux langues officielles, Graham Fraser, a déjà présenté de nombreuses recommandations au gouvernement, recommandations que celui-ci ne semble pas pressé de mettre en oeuvre. On pense au rétablissement du programme de contestation judiciaire, une idée que M. Harper a à nouveau rejetée d'un revers de main hier.
Comme l'a souligné M. Fraser, "la volonté d'agir du nouveau gouvernement, si elle existe, ne s'est pas encore manifestée aussi clairement qu'on l'aurait souhaité". Or, cette volonté est plus nécessaire que jamais. Ce matin, Statistique Canada publiera les données du recensement de 2006 sur la situation linguistique. On y constatera sans doute l'assimilation à l'anglais d'un nombre toujours croissant de francophones hors Québec.
Au sujet de ces nominations, il y a tout de même lieu d'entretenir certains espoirs. Ayant confié à des personnalités bien connues la tâche de le conseiller, il sera difficile pour le gouvernement Harper d'aller à l'encontre de leurs avis. Par exemple, compte tenu de la méfiance considérable que suscite le positionnement international des conservateurs dans le domaine des changements climatiques, M. Baird ne pourra se permettre de quitter Bali sans la caution morale de M. Johnson.
Tactique purement partisane ou non, il est donc possible que l'ouverture de M. Harper à d'autres courants de pensée déteigne sur les politiques de son gouvernement, les rendant moins dogmatiques. C'est-à-dire plus proches des convictions d'une majorité de Canadiens.
La méthode Sarkozy
Recensement 2006 - Langue française
André Pratte878 articles
[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8a...
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[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.
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