Vancouver et les langues officielles: la "consultation publique" qui n'en était pas une

Recensement 2006 - Langue française

A peine hier, Stephen Harper et Josée Verner, la ministre du Patrimoine
canadien nommaient officiellement Bernard Lord pour présider aux travaux de
consultation sur “la dualité linguistique et les langues officielles”. Le
rapport est dû à la mi-janvier 2008. La grande métropole de Vancouver,
choisie pour une de ces consultations publiques, tenait dès aujourd’hui la
première de ces rencontres où des “représentants communautaires” ainsi que
des “experts” témoignaient selon les volets proposés par cette
consultation, i.e. les changements démographiques, économie et nouvelles
technologies, et modernisation gouvernementale.
Il faut certes applaudir le nouveau rythme que le gouvernement Harper
commande pour avancer en matière de langues officielles. Mais qu’est-ce qu’une consultation dite “publique” menée à travers tout le pays peut vraiment accomplir en moins de six semaines, et cela durant la période des Fêtes? Notons par ailleurs que les données de démographie linguistique du
dernier recensement ne viennent que d’être divulguées aujourd’hui!
Première observation : la première rencontre était vraiment un huis-clos.
Personne à la FFCB (i.e. la Fédération des francophones de la
Colombie-Britannique) ou à Patrimoine canadien ne savait où est-ce que cela
se passait. Tous ont déféré à d'autres (si ce n’est le répondeur qui
prenait votre message). La SRC du BC annonçait ces audiences publiques dans
les nouvelles régionales ce matin mais ne nous disaient pas où elles se
tiennent. Un ami a essayé de savoir auprès de la SRC avec les mêmes
résultats. Un officiel des “relations publiques” de Patrimoine canadien
expliquait qu’on appelle ces Consultations « publiques » parce que les
citoyens peuvent participer par courriel ou sur le web (sans toutefois un
forum Internet?).
Deuxième observation : non seulement était-ce un huis-clos, mais il est
impossible de savoir ce que les 20 “représentants communautaires” et
“experts” ont soumis comme mémoire, qui sont-ils au juste, ou encore
comment ont-ils été choisis. Il semblerait bien que ces participants ont eu
accès à de l’information privilégiée avant même l’annonce d’hier pour être
ainsi prêts. Comment contribuer ses commentaires à titre de citoyen engagé
si nous n’avons pas accès à ces représentations?
Troisième observation : cinq villes ont été identifiées pour cette
“consultation” et à 20 participants par ville cela fait 100 mémoires à
digérer avant de publier un rapport à la mi-janvier. Veut-on véritablement
recevoir les opinions des canadiens sur les langues officielles si le
rapport est dû à la mi-janvier? Combien de canadiens seront prêts à
partager leur opinion dans de telles conditions?
Pourtant la Ministre Josée Verner présentait ainsi cette consultation :
“nous avons besoin de connaître vos idées et votre point de vue sur les
enjeux relatifs à la dualité linguistique et aux communautés de langue
officielle en situation minoritaire. Votre contribution est indispensable.
Elle nous aidera à façonner notre stratégie et à guider nos prochaines
décisions.”
Pourtant la consultation parle de transparence, d’imputabilité, de
redevabilité et de modernisation gouvernementale. Selon l’expérience de
cette première consultation, qu'en pensez-vous?
Réjean Beaulieu, Vancouver
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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