La démarche autonomiste de l'ADQ a déjà été tentée. Ce fut un échec!

Québec 2007 - ADQ


Le débat électoral actuel tend à berner la conscience individuelle et collective des Québécois. Tirant profit de sondages-chocs et véhiculant un discours populiste, l’ADQ saisit l’opportunité au vol et séduit l’électorat. Cela dit, à plusieurs égards, notamment sur la question identitaire, nous avons du mal à nous reconnaître dans ce parti que l’on dit celui de notre génération.
Trois voies s'offrent au Québec sur le plan constitutionnel: le statu quo, l’autonomie ou la souveraineté. La première, à laquelle adhèrent les libéraux, est inacceptable puisqu'il n'existe encore aujourd’hui aucun contrat nous liant au Canada. La démarche autonomiste proposée par l’ADQ pour résoudre la question nationale a, quant à elle, déjà été tentée et s’est avérée un échec.
L’histoire a fait cheminer notre pays jusqu’ici. Aussi, la souveraineté semble désormais incontournable. Elle est actuellement articulée dans une perspective plus définie que jamais. Et elle représente la seule possibilité constitutionnelle réaliste qui nous permettra de débattre des valeurs et des priorités de notre société. Dans un Québec souverain, un réel échiquier politique pourra enfin émerger, de sorte que nous pourrons exercer nos choix en fonction d’autres aspirations, avec ou sans le PQ.
Pour «s’affirmer sans se séparer», M. Dumont propose aux Québécois une plate-forme autonomiste qui comporte des engagements mal définis, que nous désirons mettre en relief. À ce titre, M. Dumont s’engage à :
Que cherche Mario Dumont?
Que cherche Monsieur Dumont par l’abolition du Conseil de la fédération? Souhaite-t-il rouvrir la constitution et lancer une nouvelle ronde de négociations fédéral-provincial ? Et si c’est le cas, comment croit-il que le Québec obtiendra cette fois-ci les conditions minimales pour réintégrer le giron constitutionnel? Avec le recul historique, la Charte de Victoria ainsi que les accords du lac Meech et de Charlottetown ont prouvé que cette démarche mène vers un cul-de-sac. Si les Québécois sont blasés à ce point des chicanes constitutionnelles, comme le claironnent Messieurs Dumont et Charest, ce n’est certainement pas en initiant à nouveau ce débat que nous parviendrons à éviter ces querelles.
Adopter une constitution québécoise
Cette idée née du PQ et portée, entre autres, par Daniel Turp, député sortant de Mercier, n’a rien de nouveau. À ce chapitre, qui est plus compétent que le PQ, qui s’intéresse principalement à cette question depuis sa fondation, pour y arriver ?
Désigner le Québec comme étant «État autonome du Québec»
Concrètement, peut-on réellement créer dans la constitution canadienne une constitution qui soit différente et reconnue à part entière? Ce n’est là que symbole. La seule désignation qui aura une réelle légitimité est une véritable affirmation d’indépendance.
Défendre nos champs de compétence
Pour «utiliser tous les moyens à notre disposition pour contrer l’intrusion du fédéral à l’intérieur de nos champs de compétence exclusifs», il nous apparaît encore une fois que le seul moyen efficace, après tout ce que nous avons tenté, est de réaliser l’indépendance du Québec.
Renforcer l’autonomie financière du Québec
Aucun gouvernement fédéral ne se délestera de son pouvoir d’imposition et ne laissera instaurer une seule déclaration de revenus pour les contribuables québécois. Un gouvernement qui ne prélève plus d’impôts, n’est plus un gouvernement.
Bref, tous ces engagements sont la négation de la somme des échecs que nous avons déjà vécus. Dans la fédération canadienne, la première règle qui tienne est l’égalité des provinces. Comment croire que les autres provinces accepteront unanimement, selon la règle établie pour y arriver, ces conditions favorables au Québec? Ce ne sont que vœux pieux. «Been there, done that »…
Mise à part la question constitutionnelle, l’ADQ propose des solutions pour lesquelles nous somme en profond désaccord. Celles-ci font preuve tantôt d’irréalisme, tantôt d’injustice, et tantôt d’incompétence.
Ouvrir 150 cliniques sans rendez-vous
Dans le double but de désengorger les urgences et d’offrir un meilleur accès à un médecin de famille (suivi médical), M. Dumont veut investir 100 millions $ dès cette année pour ouvrir 150 points de service sans rendez-vous (SRV). Or, ce sont les mêmes omnipraticiens qui assurent le service SRV et le suivi médical. Si l’on accentue le service d’un côté, on n’a d’autre choix que de le restreindre de l’autre. Alors si on veut augmenter la disponibilité des omnipraticiens pour faire du suivi, il faut diminuer les cliniques SRV. Évidemment ce n’est pas très électoraliste comme mesure. Tant que la demande en nouveaux médecins ne sera pas comblée, il ne se produira malheureusement aucun miracle en santé.
Offrir une allocation familiale pour chaque enfant ne fréquentant pas le réseau des garderies subventionnées. Puisque les ressources financières de cette mesure sont prises à même les coffres du programme d’assistance sociale et également dans celui des garderies subventionnées, cette mesure est tout à fait inacceptable.
Et parlant de familles… Qu’en est-il du programme de l’ADQ quant à l'exode des familles vers les banlieues? Quant aux transports en commun? Quant à l’accès à la propriété pour les jeunes familles? Car s'il veut améliorer la qualité de vie des familles, en voilà des sujets directement liés. Le Québécois moyen qui choisit la banlieue pour offrir à ses enfants un coin de verdure sans devoir y perdre sa chemise, paie cher le prix en terme d’heures investies sur la route entre le travail et la maison.
Bâtir des écoles fortes et autonomes
Abolir les commissions scolaires va totalement dans le sens inverse. Les commissions scolaires jouent un rôle rassembleur auprès des écoles et mettent en commun des ressources pédagogiques, éducatives, sociales, administratives et d’aide à l’enfance qui profitent à toutes les familles. Sans les commissions scolaires, la cohésion qui se forme de façon naturelle actuellement entre les écoles pour améliorer les services offerts aux élèves tendra à disparaître… pour faire place à la concurrence. Par ailleurs, de quelle façon M. Dumont départagera-t-il les tâches entre le ministère de l’Éducation et les municipalités? Ces dernières en ont déjà plein les bras à gérer les fusions/défusions, en plus des machines à épandre les abrasifs. Vous imaginez, vous présenter à l'Hôtel de ville pour inscrire votre enfant à l'école ou au transport scolaire?
Opportunisme ?
À tous les niveaux, M. Dumont saisit les sujets sensibles de l’heure pour construire sa crédibilité tout en nourrissant la dualité dans la population : les gens de Québec contre les gens de Montréal, les ruraux contre les urbains, les Québécois de souche contre les communautés culturelles, le privé contre le public, l’autonomie contre la souveraineté.
Malgré le déferlement de promesses lancées par l’ADQ, jamais on ne nous dissuadera de vouloir faire du Québec un pays souverain. Nous sommes de la génération X. Et le seul parti qui gagne notre confiance, c’est notre parti pris pour l’indépendance du Québec. Vivement, pour enfin passer à autre chose.
Voyons la souveraineté comme un moyen, non comme une fin.
Danielle Laberge, Marie Laberge, Stéphane Larouche, Sophie Panneton, Stéphane Proulx et Thomas Sabourin*
*Les auteurs sont respectivement conceptrice-rédactrice, ergonome, concepteur de logiciels, ergothérapeute, médecin-psychiatre et médecin-urgentologue. Ils sont membres de trois familles, lesquelles comptent huit enfants d’âge préscolaire.


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