Charest, un traître?

Québec 2007 - ADQ



Depuis le début de cette campagne, Mario Dumont se plaît à dire que Jean Charest ambitionne de retourner siéger à Ottawa. Il l'a répété dimanche soir à Tout le monde en parle: "Jean Charest n'a jamais abandonné son vrai rêve de devenir premier ministre du Canada. Et regardez ses actions, il se garde toutes ces portes-là ouvertes, même dans son programme électoral."
Il y a dans ces propos un message subliminal détestable: Jean Charest défend les intérêts du Canada avant ceux du Québec. Autrement dit - M. Dumont ne prononce pas le mot mais c'est bien l'idée qu'il exprime - Charest est un traître.
Il s'agit là d'une insulte d'une bassesse inouïe visant un homme qui, depuis le début de sa carrière politique il y a 23 ans, a fait mille fois plus pour le Québec que Mario Dumont. Un homme qui fait de la politique provinciale depuis presque 10 ans. Un homme qui, comme premier ministre, a fait progresser le fédéralisme canadien dans l'intérêt du Québec davantage que plusieurs de ses prédécesseurs, notamment par la création du Conseil de la fédération et la reconnaissance, impensable il y a quelques années à peine, du fédéralisme asymétrique.
On peut porter un jugement très sévère sur le gouvernement dirigé par Jean Charest; c'est d'ailleurs ce que font presque six québécois sur dix. On peut ne pas aimer l'homme, qui peut être arrogant et agressif. Mais on ne devrait pas remettre en question son dévouement pour le Québec.
Il y a, dans ce discours du chef de l'ADQ, deux aspects particulièrement inquiétants. Le premier c'est cette idée, jusqu'ici exclusive aux indépendantistes, selon laquelle un Québécois qui fait de la politique fédérale ne défend pas vraiment les intérêts du Québec. Qu'un Québécois, un vrai, ne vendra pas son âme pour aller oeuvrer dans un gouvernement "canadian". Est-ce ainsi que Mario Dumont voir les choses?
Si c'est le cas, le leader adéquiste fait preuve d'un provincialisme déplorable. Tous les Québécois qui ont siégé à la Chambre des communes ont-ils trahi le Québec? Et ceux qui sont devenus premier ministre du Canada, de Wilfrid Laurier à Jean Chrétien en passant par Pierre Trudeau et Brian Mulroney, auraient-ils dû rester à Québec? Est-ce ainsi que M. Dumont conçoit son projet autonomiste: des Québécois gouvernant à Québec et des Canadiens anglais gouvernant à Ottawa? Ça, ce n'est pas de l'autonomisme mais de l'isolationnisme.
Autre aspect troublant de ces attaques de M. Dumont contre Jean Charest: elles sous-entendent que les intérêts du Canada et ceux du Québec sont antinomiques. Un Québécois qui oeuvre à Ottawa pour le bien du Canada travaille donc nécessairement contre les intérêts du Québec. Si c'est ce que croit le député de Rivière-du-Loup, alors il n'est pas autonomiste mais indépendantiste.
Or, Mario Dumont jure qu'il veut voir le Québec "s'affirmer sans se séparer". Il devrait avoir compris depuis longtemps que pour cela, le Québec a tout avantage à être fort à Québec ET à Ottawa. Par conséquent, il faut que des Québécois aient le goût et le courage de se lancer en politique fédérale, avec l'ambition d'atteindre les plus hautes fonctions. Cela n'arrivera pas si ceux qui empruntent cette route difficile se font traiter de traîtres sur toutes les tribunes du Québec.
apratte@lapresse.ca

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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