Il est fascinant d'entendre les leaders souverainistes, ces jours-ci, recourir à une stratégie qu'ils dénoncent si vertement quand ils en sont la cible: la campagne de peur. Samedi, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a mis en garde les Québécois contre l'"axe Dumont-Harper": "Je vous demande d'imaginer un seul instant l'axe Dumont-Harper à l'oeuvre. Les Québécois vont réfléchir avant de donner leur vote à un disciple de Stephen Harper."
Le mot "axe" n'a certainement pas été choisi au hasard. C'est un mot qui, depuis la Seconde Guerre mondiale, charrie une connotation menaçante. L'Axe, c'était l'alliance entre l'Allemagne d'Hitler et l'Italie de Mussolini. Le président américain, George Bush, a employé le même terme pour l'appliquer aux pires ennemis des États-Unis: l'Iran, l'Irak et la Corée du Nord: l'"axe du mal". Qui aurait dit que Gilles Duceppe trouverait un jour inspiration auprès de George Bush?
Le nom du premier ministre Harper sert aussi d'épouvantail. Harper, a dit M. Duceppe, est l'"homme des sables bitumineux". Autrement dit, un pollueur, un anti-environnement. Le chef bloquiste omet évidemment de dire que sans la richesse pétrolière de l'Alberta, il serait difficile pour le gouvernement fédéral d'augmenter ses transferts aux provinces comme il le fera, encore une fois, dans le budget déposé cet après-midi.
Oui, comme Stephen Harper, Mario Dumont est conservateur. Il y a bien des Québécois que cela n'effraie pas du tout, au contraire. Ceux-là resteront indifférents au scénario catastrophe annoncé par Gilles Duceppe.
Ces mêmes gens seront peut-être plus sensibles à l'avertissement d'un autre ordre lancé par le chef du Parti québécois, André Boisclair: "L'ADQ, c'est zéro candidat avec une expérience ministérielle, zéro cohérence sur la question nationale, zéro cadre financier."
Quand les rivaux de Mario Dumont soulignent la faiblesse de son équipe, ils n'exagèrent pas. Il y a bien sûr des gens qui feraient de bons députés, certains de bons ministres. Mais, dans un éventuel gouvernement adéquiste, qui serait ministre des Finances? ministre de l'Éducation? président du Conseil du Trésor? ministre de la Santé? Qui entourerait Mario Dumont, premier ministre? Le chef de l'ADQ n'a personne autour de lui ou parmi ses candidats qui ait quelque expérience gouvernementale. Au mieux trouve-t-on quelques maires et fonctionnaires intermédiaires.
"C'est comme René Lévesque en 1976", rétorquent des électeurs sympathiques à l'ADQ. Non, c'est bien pire. Si la plupart des membres du premier conseil des ministres de M. Lévesque en étaient à leur première expérience de gouvernement, M. Lévesque lui-même avait été ministre pendant quatre ans. Jacques Parizeau avait été conseiller économique de Lesage et Johnson, Claude Morin avait été haut fonctionnaire, de même que Louis Bernard, premier chef de cabinet du premier ministre Lévesque.
Enfin, comme le rappelle M. Lévesque dans ses mémoires, "j'avais devant moi des hommes dont largement plus de la moitié étaient allés compléter des études supérieures en Europe ou aux États-Unis."
Porté au pouvoir, M. Dumont pourrait renforcer son équipe en allant chercher quelques grosses pointures à l'extérieur. Néanmoins, jamais le Québec n'aurait été gouverné par un tel groupe de novices. Pour le Québec, ce ne serait certainement pas le scénario idéal. Pour l'ADQ et son chef non plus.
apratte@lapresse.ca
L'axe Dumont
Québec 2007 - ADQ
André Pratte878 articles
[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8a...
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[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.
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