Sondages: les libéraux mènent encore

Québec 2007 - Sondages


Depuis le débat des chefs, trois sondages ont été publiés, dont deux portant sur les intentions de votes. De ces enquêtes, il ressort clairement que la lutte à trois est très serrée et que l’issue du vote du 26 mars, avec encore une semaine de campagne à faire, est totalement imprévisible.
Cela dit, tout indique que le Parti libéral du Québec maintient une petite avance sur ses adversaires. Une avance qui pourrait lui permettre d’être réélu, peut-être même majoritaire.
Commençons par mettre de côté le sondage Strategic Counsel publié hier par le Globe & Mail. Cette enquête, réalisée les 14 et 15 mars, donne 32% des intentions de vote au PQ, 30% au PLQ et 26% à l’ADQ. «Le PQ est premier» titre La Presse ce matin. Pas vraiment. D’abord, l’écart entre les trois partis étant plus faible ou autour de la marge d’erreur, on peut au plus conclure qu’ils sont à égalité. Il faut aussi considérer d’autres facteurs. D’abord, Strategic Counsel ne nous dit pas combien il y a d’indécis dans ce sondage. On sait seulement qu’ils sont répartis proportionnellement aux intentions de vote exprimées, ce qui au Québec, est une méthode qui sous-estime systématiquement le vote libéral.
Surtout, souligne Claire Durand, spécialiste des sondages à l’Université de Montréal: «Nous n’avons aucune information méthodologique de base essentielle comme l’information sur la pondération. Habituellement, cette firme ne fait pas de pondération en fonction de la langue (d’usage ou maternelle) ce qui l’amène à surévaluer le vote pour le PQ ou pour le Bloc, comme c’était le cas lors de la dernière campagne électorale fédérale. Nous ne savons pas s’ils ont fait cette pondération cette fois-ci.»
En effet, dans son dernier sondage avant les élections fédérales de janvier 2006, Strategic Counseil accordait 48% du vote au Bloc et 14% au Parti libéral. Le jour du vote, le Bloc a eu 6 points de moins, et les libéraux 6 points de plus.
Par conséquent, il faut prendre les données de cette enquête avec un gros grain de sel.
Le sondage réalisé après le débat par Léger Marketing (pour TVA et le Journal de Montréal) doit être considéré beaucoup plus fiable. Il donne 33% aux libéraux et 30% chacun aux péquistes et aux adéquistes. Cependant, Léger a réparti les 10% d’indécis proportionnellement aux intentions de vote exprimées. Or, cette façon de faire, c’est bien connu, désavantage le PLQ parce que les électeurs libéraux (les personnes âgées notamment) sont traditionnellement plus nombreux à ne pas révéler pour qui ils vont voter.
Si, comme le fait Mme Durand, on accorde plutôt aux libéraux 50% des votes des indécis, et 25% à chacun des deux autres grands partis, le PLQ obtient 35% des intentions de vote après répartition, contre 29-30% au PQ et à l’ADQ. Le Parti libéral jouirait donc d’une avance significative.
Une dernière enquête, réalisée par SES Research pour l’Institut de recherche en politiques publiques (IRPP) et publiée ce matin dans La Presse, fournit des informations intéressantes. SES n’a pas demandé aux 500 personnes qu’elle a interrogées pour qui elles comptaient voter. Mais elle leur a posé plusieurs questions sur les chefs, les équipes, les programmes. Les résultats sont nettement à l’avantage du Parti libéral et de Jean Charest.
38% des personnes interrogées croient que M. Charest est le chef le plus compétent, contre 21% pour Mario Dumont et seulement 18% pour André Boisclair. 31% des Québécois pensent que Jean Charest a la meilleure vision pour le Québec, suivi de Mario Dumont avec 26% et d’André Boisclair avec 21%. Les électeurs sont également d’avis que les libéraux ont la meilleure équipe et le programme le plus solide.
Une donnée est particulièrement dévastatrice pour le Parti québécois: 42% des répondants disent que le Parti libéral peut mieux garantir que le Québec obtienne sa juste part au sein du Canada, contre seulement 28% pour le PQ, dans un domaine qui lui est généralement favorable (la défense des intérêts du Québec).
Bref, bien que la lutte soit très serrée et, nous disent les gens sur le terrain, très dure, les nouvelles sont plus encourageantes pour les libéraux que pour les péquistes (tandis que les adéquistes, eux, se pincent encore pour croire à ce qui leur arrive!). Ce léger avantage se traduira-t-il par une victoire libérale le 26? Impossible à prévoir. Cela dépendra de la répartition du vote circonscription par circonscription.
Cela dépendra, aussi, de la dernière semaine de campagne. Si Jean Charest continue de faire sa campagne pépère - aujourd’hui, messe et défilé de la St-Patrick! -, s’il se contente de s’accaparer le mérite du budget Harper, ça ne sera peut-être pas suffisant. Le premier ministre doit, me semble-t-il, demander aux Québécois un mandat fort pour continuer sur sa lancée dans la réforme du fédéralisme, pour bâtir sur la reconnaissance du Québec comme nation et du fédéralisme asymétrique, pour renforcer le Conseil de la fédération et élargir ses responsabilités. Un fédéralisme plus efficace, c’est ce que la majorité des Québécois veulent. C’est LE dossier sur lequel ils font le plus confiance en Jean Charest. C’est celui qui l’anime le plus lorsqu’il fait campagne.
Si les libéraux ne font qu’attaquer Mario Dumont, ils risquent de l’aider plus qu’autre chose. C’est peut-être vrai que l’ADQ est une «coquille vide» mais, de toute évidence, c’est une coquille qu’affectionnent bien des Québécois.
Quant au Parti québécois, André Boisclair est dores et déjà passé en vitesse sprint. Il a l’énergie nécessaire. Il pourra compter sur l’aide des Duceppe, Landry, et Parizeau. Qui sait, le PQ pourra peut-être, à la faveur de la division du vote, se faufiler jusqu’au pouvoir. Mais M. Boisclair, malgré sa bonne performance au débat, suscite encore beaucoup de doutes dans la population. Et il lui reste bien peu de temps pour rassurer les électeurs.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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