Beau défi pour les experts en sondages

"le PQ obtiendrait 53 sièges, le PLQ 49 et l'ADQ 23"

Québec 2007 - Sondages


Mario Girard - À la lumière des sondages publiés au cours des dernières heures, des experts qui maîtrisent de savantes formules de calcul prédisent l'arrivée d'un gouvernement péquiste minoritaire. D'autres, en revanche, ne croient pas que les choses soient aussi limpides.
Le sondage CROP-La Presse publié hier était l'élément qu'attendait l'expert en sondages Louis Massicotte, de l'Université de Montréal. Grâce à une formule de calcul personnelle, il arrive à la conclusion que le PQ obtiendrait 53 sièges, le PLQ 49 et l'ADQ 23. Dans un document envoyé à La Presse, M. Massicotte précise que cette simulation repose sur l'exactitude du sondage utilisé. Si l'opinion évolue de façon importante d'ici demain, la répartition des sièges pourra être différente.
Il ajoute également que, avec un déficit de 6,5 points dans le suffrage populaire, le PQ obtiendrait quatre sièges de plus que le PLQ, mais sans pouvoir rêver d'une majorité.
«Il faut quand même être prudent, commente son collègue Maurice Pinard. Cela dit, en 2003, le dernier sondage CROP prédisait exactement les résultats qu'ont obtenus PQ et le PLQ le soir des élections.»
Cet autre expert en sondages croit que, d'ici à demain, on devra surveiller un transfert entre le PLQ et l'ADQ. «À mon avis, le PLQ va faire un peu mieux et l'ADQ va faire un peu moins, dit M. Pinard. C'est là où ça pourrait fluctuer.»
Si Maurice Pinard demeure incertain quant au parti qui formera le prochain gouvernement, il est toutefois sûr que celui-ci sera minoritaire.
Une autre collègue de Louis Massicotte, elle aussi experte en sondages, dit qu'il faut être prudent avec ce type d'analyse. «J'ai fait des calculs avec les résultats de 1998 et 2003, dit Claire Durand, professeure à l'Université de Montréal. J'ai aussi entré les données des derniers sondages et les portraits des circonscriptions fragiles, et j'arrive à une autre conclusion que M. Massicotte. Les modifications dans les intentions de vote ne se produisent pas de la même manière partout au Québec.»
Mme Durand ne croit pas que l'ADQ soit en train de prendre des votes au Parti libéral. «Il semble évident que l'ADQ prend surtout des votes au Parti québécois, dit-elle. C'était clair en 1998 et en 2003. Quand on regarde les fluctuations, on voit un mouvement à l'ADQ et au PQ, alors que le PLQ demeure extrêmement stable. Il faut quand même savoir que le PLQ avait à ce moment le vent dans les voiles. Est-ce la même chose aujourd'hui?»
Le pire ennemi des sondeurs demeure le fait que les électeurs sous-estiment les partis. «Ce qu'il faut retenir, c'est qu'on sous-estime toujours les partis qu'on refuse d'appuyer publiquement, dit Claire Durand. J'ai observé cela partout dans le monde. Ce fut le cas pour le Parti républicain aux États-Unis, pour le Parti conservateur en Grande-Bretagne et pour le Front national en France. Est-il mal vu de dire qu'on vote pour l'ADQ ou pour le Parti libéral en ce moment? C'est la question.» Ce phénomène a été criant en 1998, alors que les sondeurs ont accordé aux libéraux moins de poids qu'ils n'en avaient dans la réalité.
Claire Durand trouve que les présentes élections représentent tout un défi pour les sondeurs, mais aussi pour les électeurs. «C'est clair que nous vivons une situation extraordinaire, dit la sociologue. On était habitués à des élections à deux. Là, nous vivons une course à trois.»


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