Sébastien Rodrigue - Les électeurs pourraient écrire une page d’histoire aujourd’hui en désignant le premier gouvernement québécois minoritaire depuis 1878 tant la lutte est serrée entre l’Action démocratique, le Parti libéral et le Parti québécois.
Dans plusieurs circonscriptions, les trois principaux partis sont littéralement à égalité. C’est le cas dans le « 450 », sur la Rive-Sud et dans la couronne nord de Montréal, mais aussi ailleurs en province. Tous les chefs de parti ont d’ailleurs évoqué cette possibilité au cours des derniers jours.
Après 33 jours de campagne électorale, un peu plus de 5,6 millions d’électeurs se rendront aux urnes aujourd’hui pour élire 125 députés et désigner le 61e gouvernement du Québec ainsi que le prochain premier ministre. Les derniers sondages montrent que l’issue du scrutin se décidera au photo-finish.
Le dernier sondage CROP-La Presse donnait 34 % des intentions de vote au PLQ contre 28 % au PQ et 25 % à l’ADQ après répartition des indécis. Mais chez les francophones, le PQ prend l’avance avec 32 % des intentions de vote, tandis que les libéraux récoltent 26 % et l’ADQ 28 %.
Les nombreux coups de sonde réalisés durant la dernière semaine de campagne électorale médusent les analystes et laissent croire que le prochain gouvernement pourrait être minoritaire. Le dernier scénario du genre remonte à 1878.
Encore hier, le premier ministre et chef libéral Jean Charest a mis les électeurs en garde contre l’éventualité d’un gouvernement minoritaire. Le chef du Parti québécois, André Boisclair, a quant à lui laissé entendre qu’il avait de la difficulté à prédire le vote dans près d’une vingtaine de circonscriptions. Signe de l’imprévisibilité du vote, le chef de l’Action démocratique, Mario Dumont, a fait campagne dans les circonscriptions de deux ministres libéraux, Philippe Couillard et Claude Béchard.
Deux mandats consécutifs depuis 40 ans
Le premier ministre Jean Charest avait pourtant déclenché des élections générales le 21 février dernier avec la certitude de remporter une majorité de sièges. Depuis les années 60, la population québécoise a toujours donné un deuxième mandat au gouvernement en place.
La montée irrésistible de l’Action démocratique est toutefois venue brouiller les cartes. Mario Dumont a tout de même eu à défendre la solidité de son équipe et sa capacité à former un gouvernement. Le chef adéquiste a même dû remplacer deux candidats à la suite de déclarations controversées.
André Boisclair a quant à lui amorcé la campagne électorale encore ébranlé par de nombreuses critiques venant de l’intérieur de son parti. L’homosexualité du chef péquiste a même refait surface après les déclarations controversées d’un animateur de radio du Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Lors du débat des chefs, Mario Dumont a surpris en dévoilant une note interne du ministère des Transports sur l’entretien du viaduc de la Concorde. Ses adversaires l’ont d’ailleurs critiqué pour avoir utilisé cette tactique.
La dernière portion de la campagne a surtout été marquée par le dépôt du budget fédéral et des sommes prévues pour le déséquilibre fiscal. Jean Charest en a profité pour promettre des baisses d’impôts avec cet argent frais, tandis que Mario Dumont a présenté le très attendu cadre financier de ses engagements électoraux.
La premier ministre Stephen Harper a même fait une rare incursion dans une campagne électorale provinciale en déclarant qu’il négocierait seulement avec un gouvernement fédéraliste. La question nationale a d’ailleurs occupé beaucoup d’espace en cette fin de campagne.
Ces élections marquent aussi l’arrivée en scène de deux tiers partis, Québec solidaire et le Parti vert. Québec solidaire espère faire élire ses deux porte-parole, Françoise David et Amir Khadir. Le Parti vert compte quant à lui obtenir le meilleur pourcentage de son histoire au Québec.
Le Directeur général des élections souhaite un retour à la normale quant au taux de participation. En 2003, celui-ci avait chuté à près de 70 %.
Les bureaux de scrutin ouvrent ce matin à 9 h 30 et ferment leurs portes à 20 h.
Les résultats seront connus en soirée et, dans certains cas, très tard.