L'éPPPouvantail

2005

mardi 25 janvier 2005
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Éditorial - PPP: le sigle même en est venu à faire peur tellement la gauche québécoise a réussi à diaboliser les partenariats public-privé. Il suffit de dire que le prolongement de l'autoroute 25 se fera en PPP pour multiplier le nombre d'opposants au projet. Une nouvelle prison en Montérégie? En PPP en plus? Mettez vos enfants à l'abri!
PPP: qui sait de quoi il est question exactement? Les adversaires du gouvernement Charest ont créé un mythe de plus, de sorte que personne ne prend la peine d'aller voir derrière l'image. Désormais, dans l'imagination populaire, PPP égale destruction du modèle québécois.
La transformation du concept de partenariat public-privé en épouvantail a plusieurs effets pervers. Premièrement, elle provoque la confusion. Avant de se demander si tel projet sera réalisé en partenariat ou autrement, ne serait-il pas logique de statuer sur sa valeur intrinsèque? Le prolongement de l'autoroute 25 est-il souhaitable, oui ou non? Faut-il un nouveau centre de détention au Québec, oui ou non? Ce n'est qu'une fois que les instances compétentes auront répondu à ces questions que le mode de gestion des projets deviendra un sujet pertinent.
Deuxièmement, on caricature la réalité en décrétant que les PPP sont mauvais par nature. Les partenariats entre l'État et le secteur privé peuvent prendre (et prennent dans les faits) une multitude de formes. De sorte que, dans les nombreux pays où de telles associations ont été conclues, certains PPP ont été de formidables réussites, tandis que d'autres ont été des échecs lamentables.
Contrairement à ce qu'on laisse souvent entendre, les partenariats ne laissent pas du tout le gouvernement à la merci du privé. Au contraire, l'État est maître du jeu, c'est-à-dire qu'il est en mesure d'imposer ses conditions par contrat. La rédaction d'un contrat clair est même une condition de réussite des PPP, selon des experts du groupe de recherche CIRANO: " Sans une définition précise des objectifs visés par les gouvernements, la conclusion d'ententes de PPP ne pourra générer d'avantages substantiels et durables pour les citoyens et les usagers. Les gouvernements doivent ainsi définir des cibles de performance en matière de coûts, d'investissements, de niveau de service, etc., et utiliser celles-ci dans les ententes contractuelles. " (Les partenariats public-privé, une option à découvrir, CIRANO, mars 2004) Les PPP peuvent renforcer le modèle québécois, plutôt que le contraire; il suffit de concevoir un modèle québécois de PPP.
L'opposition systématique aux PPP trahit une méfiance à l'égard de l'entreprise privée qui n'a rien à voir avec ce que sont l'économie du Québec et la réalité quotidienne des Québécois. En effet, 75 % de la richesse collective du Québec est produite par le privé. Les trois quarts des emplois salariés se trouvent dans le secteur privé. Et ces emplois sont souvent mieux rémunérés que ceux du secteur public!
Les Québécois font totalement confiance à l'entreprise privée lorsque vient le temps d'obtenir rapidement des tests diagnostiques, d'acheter de la nourriture, une maison, une voiture, de faire fructifier leurs épargnes, de prendre l'avion... Et ce même secteur privé à qui ils confient régulièrement leur vie et leurs biens serait incapable de gérer correctement une route ou une prison?
La gauche a-t-elle protesté lorsque deux entreprises privées ont décidé d'investir des centaines de millions pour construire des éoliennes en Gaspésie? Le privé, c'est le fast-food, mais c'est aussi Le Commensal. Autrement dit, l'entreprise privée, comme le gouvernement, est capable du meilleur comme du pire.
Les PPP ne sont ni un poison ni une panacée; il faut les évaluer cas par cas. C'est pourquoi le gouvernement du Québec devra faire preuve d'une grande transparence; en ce domaine en particulier, les cachotteries ne font qu'accentuer la méfiance. " L'intérêt public, car c'est ce dont il s'agit, exige que les gouvernants donnent aux citoyens les garanties que le processus d'introduction et de gestion des P3 place l'intérêt public au-dessus des intérêts particuliers. La transparence et la crédibilité du processus détermineront le degré d'adhésion de la population aux P3 ", soulignent les experts de CIRANO.
S'opposer par idéologie à tout partenariat public-privé, c'est soutenir que l'État doit refuser d'envisager une formule qui, dans certains cas, pourrait lui permettre de fournir ses services de façon plus efficace et à moindre coût. Voilà une position intellectuelle bien étrange pour des gens qui se drapent dans la défense de l'intérêt collectif.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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