mardi 18 janvier 2005
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Québec - La décision du gouvernement Charest de financer à 100 % cinq écoles privées de confession juive à Montréal, en décembre dernier, a été annoncée sans même avoir été discutée au Conseil des ministres, quelques jours seulement après que cette communauté ait consenti un effort sans précédent au financement du Parti libéral du Québec. La décision de Québec n'a pas été davantage débattue au caucus des députés. Plusieurs des collègues de M. Reid ont, en privé, souligné avoir appris par le journal la décision de leur gouvernement.
En revanche, en décembre, lors d'une réunion à huis clos du caucus de ses députés, le premier ministre Charest a loué les efforts remarquables du ministre du Revenu, Lawrence Bergman, pour amasser du financement auprès de sa communauté, et a même souligné qu'un événement-bénéfice, le mois précédent, avait permis d'engranger pas moins de 750 000 $ dans les coffres du parti, un record pour un tel événement depuis son arrivée à la tête du PLQ en 1998.
" Cette décision sur les écoles suivait une énorme activité de financement, l'une des plus grosses de l'histoire du parti ", ont confié des députés, confirmant tous ce que M. Charest avait évoqué en privé à la réunion. Faisant comme d'habitude la nomenclature de ses activités de la semaine, devant ses députés, Jean Charest a parlé d'une récolte de 750 000 $ pour cette seule activité, soulignant ne pas se souvenir d'un événement partisan qui ait amassé autant d'argent.
L'an dernier, le PLQ avait un objectif de financement de près de cinq millions qui sera largement dépassé lorsque les chiffres seront publics au printemps prochain.
À la permanence du PLQ, on indique que la circonscription de D'Arcy-McGee, représentée par M. Bergman, avait recueilli 100 000 $ en 2004. Mais cela, convient-on, ne tient pas compte du " financement sectoriel ", qui va directement à la permanence du PLQ. Officiellement, ces contributions ne peuvent être identifiées à une circonscription, ni à un ministre en particulier, explique-t-on.
M. Bergman n'a pas rappelé à La Presse à ce sujet. Même mutisme au cabinet de M. Charest.
L'événement de novembre était si important, confie-t-on, qu'un permanent a tenu à vérifier, avant sa tenue, si les gens pouvaient faire des dons " par téléphone ", à même leur carte de crédit, idée refusée à cause des règles du Directeur général des élections. Les dons sur cartes de crédit sont permis, mais doivent être faits en personne et non par téléphone.
Ces informations obtenues auprès de plusieurs députés libéraux illustrent le profond embarras suscité dans les troupes libérales par la décision annoncée en décembre dernier par le ministre de l'Éducation, Pierre Reid. Après cette importante activité de financement en novembre, Québec a décidé, en décembre, de reconnaître comme " écoles associées " cinq établissements privés de confession juive.
Faire passer de 60 à 100 % le financement public de ces institutions coûtera 10 millions par année à Québec.
Le ministre Reid a essuyé le pire du ressac à la suite de cette décision prise, en réalité, au cabinet du premier ministre. De plus, dans la grande région de Montréal, les députés reçoivent des commentaires très largement défavorables à cette décision.
Il s'agissait d'un second coup dur pour M. Reid, également malmené par les siens pour ses coupes de 103 millions au programme des prêts et bourses. À ce sujet, même M. Charest avait durement critiqué son ministre, soulignant devant l'ensemble des députés que " la vente de cette décision n'avait pas été réussie ".
Décision de Charest
Relancé par La Presse hier, le ministre Reid a reconnu que la décision de financer à 100 % les écoles juives n'avait jamais été discutée au Conseil des ministres. Cette décision fut prise après en avoir discuté avec le cabinet de M. Charest, explique-t-il. Il souligne ne pas se souvenir d'information touchant le financement provenant de la communauté juive.
Selon les informations de La Presse, les fonctionnaires de l'Éducation s'opposent depuis longtemps à la reconnaissance d'un tel statut pour les écoles juives. Pour M. Reid toutefois, il y a belle lurette que deux écoles grecques orthodoxes sont financées à 100 %, comme " écoles associées ".
Sous Daniel Johnson, en 1994, le titulaire de l'Éducation à l'époque, Jacques Chagnon, avait annoncé aussi son intention de financer à 100 % les écoles privées juives. L'annonce avait suscité tellement d'émoi que rien n'avait été fait avant les élections. Les libéraux avaient été battus en septembre 1994.
Un acteur important de la communauté juive, Steven Cummings, ancien président de la Fédération CJA (Canadian Jewish Alliance) " a un accès sans restriction " au premier ministre Charest, expliquent des Montréalais en vue dans cette communauté. Issu d'une famille aussi connue que les Bronfman et les Reichman, M. Cummings, tôt dans le mandat du gouvernement Charest, avait bénéficié d'une nomination comme membre du conseil de la Caisse de dépôt et placement du Québec.
APRÈS UNE GÉNÉREUSE CONTRIBUTION FINANCIÈRE DE LA COMMUNAUTÉ AU PLQ
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