Québec - Jean Charest et André Boisclair ont sorti les gants hier et échangé des coups percutants dans le match déclenché par la publication de l'ouvrage Les Secrets d'Option Canada par Normand Lester et Robin Philpot.
Au référendum de 1995, " il est vrai que j'étais vice-président du comité du NON, mais je n'ai jamais été consulté sur la création d'Option Canada, je ne connaissais pas son existence ", a soutenu hier le premier ministre à l'issue de la réunion du Conseil des ministres.
Jean Charest a été particulièrement acerbe à l'endroit d'André Boisclair qui, plus tôt à Montréal, avait soutenu que M. Charest ne pouvait plaider l'ignorance. " Je suis plutôt choqué de l'attitude de M. Boisclair qui m'accuse aujourd'hui d'être complice d'Option Canada. C'est faux, malveillant et malhonnête. La sortie de M. Boisclair, qui tente aujourd'hui de m'associer à une chose illégale, est un mensonge. Et s'il veut agir ainsi politiquement, il aura à en répondre ", a menacé M. Charest.
Ancien patron du Conseil de l'unité canadienne (CUC), Jocelyn Beaudoin - qui facturait aussi Option Canada, créature du CUC -, aura à s'expliquer devant son patron, le ministre des Affaires intergouvernementales, Benoît Pelletier. M. Beaudoin est maintenant représentant du Québec à Toronto.
Selon M. Charest, il faut se garder de faire des procès d'intention aux nombreux organisateurs et membres de cabinets libéraux provinciaux qui ont obtenu des fonds ou qui ont vu leurs dépenses remboursées par Option Canada.
Chef de cabinet de M. Charest de 1998 à 2000, Alfred Pilon a été directeur pour le Québec du Conseil de l'unité canadienne pendant quatre ans (1994 à 1998), juste avant son arrivée au cabinet du nouveau chef libéral. Hier, M. Charest a soutenu que son ancien collaborateur, dont le nom apparaît fréquemment sur les factures payées par Option Canada, ne lui avait jamais parlé de cette société. Peu après l'élection du PLQ, M. Pilon, d'abord ami avec le frère de M. Charest, avait été nommé à la présidence de l'Office franco-québécois pour la jeunesse.
Beaucoup d'autres employés politiques du gouvernement Charest ont vu leurs dépenses remboursées par Option Canada: Daniel Lord, actuellement chef de cabinet du whip libéral; Chantale Landry, aujourd'hui responsable des nominations au cabinet de M. Charest; Jean-Luc Trahan, autre permanent du PLQ, devenu depuis chef de cabinet du maire Gérald Tremblay; et Louis Pichette, responsable de la logistique au cabinet du premier ministre, selon les listes de factures que compte mettre en ligne aujourd'hui le journal MIR sur son site Internet. On retrouve aussi Bruno Lortie, actuel chef de cabinet de Nathalie Normandeau qui, comme Pierre Tapin, aujourd'hui décédé, étaient des disciples de l'ex-ministre Marc-Yvan Côté. Le nom d'une autre employée du cabinet de M. Charest dans l'opposition, venue aussi du CUC, Josée Noreau, se retrouve dans les factures payées par Option Canada, la " caisse occulte " du camp fédéraliste en 1995, selon l'ouvrage de MM. Lester et Philpot.
On y retrouve encore la conjointe du directeur général du PLQ, Benoît Savard, Katya Parysée, qui s'était fait rembourser des dépenses faites pour aller assister aux commissions régionales du PQ sur la souveraineté au printemps 1995. Josée Guillemette, la conjointe de Pietro Perrino, homme de confiance de Daniel Johnson, alors président du comité du NON, fut aussi rétribuée pour de l'animation sur les valeurs canadiennes.
Option Canada a aussi remboursé 400 $ à Jean-Marc Fournier, alors député de l'opposition libérale pour un voyage à Halifax en 1997.
" Je vois mal comment avec un voyage en 1997 j'aurais pu influencer le vote de 1995 ", ironise M. Fournier. Il soutient ne pas avoir remarqué que ses notes de frais, transmises au CUC, avaient été remboursées par Option Canada. " Admettez que c'est un peu la même chose ", a-t-il dit...
Du côté fédéral, on retrouve à plusieurs reprises le nom de Claude Dauphin, qui allait devenir conseiller politique de Paul Martin, mais aussi des proches de Jean Chrétien comme Léonce Mercier et la firme Pluri Design, propriété de Jacques Corriveau, mis sur la sellette par la commission Gomery.
Boisclair réclame une enquête
Pour André Boisclair, le premier ministre Charest doit rendre des comptes au sujet des dépenses faites par Option Canada pendant la campagne référendaire de 1995 et ne peut prétendre qu'il n'était pas au courant du rôle joué par Option Canada à cette époque.
André Boisclair réclame également la tenue d'une enquête publique afin de faire la lumière sur cette affaire. " M. Charest était au coeur de l'action, a déclaré le chef péquiste, hier à Montréal. Il a joué un rôle déterminant pendant cette campagne. Si les faits aujourd'hui connus avaient été connus à l'intérieur des délais de prescription, il est clair que le vice-président du comité du NON aurait été interpellé par le directeur général des élections pour rendre compte de ses gestes. "
M. Charest répond qu'il appartiendra au DGE de décider si l'enquête doit être publique. Il pourrait déjà y avoir trois enquêtes, celle de la GRC, celle de la vérificatrice générale à Ottawa et celle du DGE. " En attendant, évitons de porter des accusations en vrac sur tous ceux qui ont pu participer au référendum de 1995 ", a lancé M. Charest.
Mais pour le chef péquiste, la filiation entre le Parti libéral du Québec et Option Canada ne fait aucun doute.
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