De l'hypocrisie!cuse

Option Canada


Voilà que le PQ recourt une nouvelle fois à sa tactique, devenue coutumière, consistant à salir son adversaire. Cette fois, c'est par la voix de sa députée Diane Lemieux que le PQ accuse le chef de cabinet du premier ministre Jean Charest, Stéphane Bertrand, d'avoir détourné une certaine somme au profit du camp du NON, lors du référendum de 1995. Ce qui choque le plus dans ce nouvel épisode est le fait que le PQ s'acharne à vouloir faire croire qu'il détiendrait le monopole absolu de la vertu.
Pourtant, lorsqu'on étudie minutieusement l'ensemble des faits concernant le référendum de 1995, on se rend compte que toute cette obsession du PQ consistant à exploiter à tort et à travers certains faits réels ou allégués concernant la gestion de l'organisme Option Canada, de même que l'accusation d'un «référendum volé», relèvent de l'hypocrisie la plus évidente.
C'est pourquoi l'enquête du Directeur général des élections, que mène le juge Bernard Grenier à la suite de la publication d'un livre des militants indépendantistes Normand Lester et Robin Philbot, devrait s'étendre également aux multiples manoeuvres et tactiques douteuses du gouvernement du PQ de cette époque et du camp du OUI. Car si le but d'une enquête de cet ordre vise vraiment à assurer la transparence et l'honnêteté du processus démocratique, plusieurs faits et agissements du camp indépendantiste doivent également être examinés en profondeur.
Parmi les questions qui doivent être posées, il n'y a pas que ce viol de démocratie que constitue l'affaire des bulletins de vote rejetés à des taux massifs par des scrutateurs zélés nommés par le PQ dans certaines circonscriptions à forte prédominance fédéraliste (11,61 %, soit 5426 votes dans Chomedey, entre autres). Plusieurs éléments concernant les fonds publics dépensés par le gouvernement Parizeau en propagande et manoeuvres partisanes, de même que des dépenses jamais comptabilisées de la campagne du OUI, n'ont pas, à ce jour, été l'objet d'enquête sérieuse :
Le PQ affectionne de parler d'Option Canada, accusé notamment dans le livre de Lester et Philpot d'avoir financé la soirée référendaire du NON. Mais il ferait bon de regarder aussi du côté du Conseil de la souveraineté, disposant d'un budget de 4438376 $ (financé au moins à 85 % à même les fonds publics par le gouvernement Parizeau), qui dépensa 196443 $ pour la soirée référendaire du OUI. De plus, en pleine campagne référendaire, ce même organisme a reçu du Secrétariat à l'avenir du Québec une subvention de 1882462 $, pour des dépenses prétendument faites avant la période référendaire, sans que cette prétention n'ait été jusqu'ici confirmée hors de tout doute.
Qu'en est-il des nombreux organismes indépendantistes actifs durant toute la campagne référendaire (du genre, entre de multiples autres : Artistes pour la souveraineté, Les Jeunes souverainistes, Mouvement National des Québécois, Partenaires pour la souveraineté de la Montérégie) qui ont dépensé des sommes considérables pour vanter les mérites de leur option, sommes dont on ignore la provenance et qui ne seront jamais comptabilisées par le OUI? Où sont les états financiers de ces organismes?
Les centrales syndicales, à même les cotisations des travailleurs - dont tous n'étaient forcément pas indépendantistes -, ont investi des ressources importantes dans le camp du OUI. Ainsi, la FTQ, dans un document daté du 19 janvier 1995, avait énoncé la stratégie syndicale allant «jusqu'au jour du vote», spécifiant notamment que ses permanents «seront également mis à contribution», devant «libérer leur agenda en conséquence», la campagne du OUI devant «être la priorité d'action de tous les permanents». Qui dit permanent dit aussi personnel payé à plein temps, et non des bénévoles. «Tous les permanents» concernés, selon le terme employé par ce document de la FTQ et dont on ignore le nombre, auraient-ils alors tous pris des congés sans solde pour «libérer leur agenda en conséquence»? Si oui, où en sont les preuves concrètes? Sinon, ces éventuelles dépenses n'ont pas été ajoutées à celles du camp du OUI. Et nous ne comptons ici ni la CSN ni l'ex-CEQ, très engagées elles aussi pour le OUI.
Les indépendantistes ont dénoncé à tous vents les dépenses de «propagande» du gouvernement fédéral. Or, qu'en est-il des campagnes publicitaires massives à saveur nettement propagandiste payées à même les fonds publics par le gouvernement Parizeau, qui a conscrit jusqu'à Hydro-Québec et d'autres sociétés d'État pour nourrir la ferveur nationaliste durant la campagne référendaire, au coût de 2,8 millions pour le seul cas d'Hydro-Québec? Dans quelles conditions ces contrats publicitaires ont-ils été octroyés? Et à quelles firmes? Quelles furent les sommes totales de ces campagnes de propagande gouvernementale partisane? Ces questions sont toujours sans réponse.
Il est plus que temps que toute la lumière soit faite sur ces faits qui pourraient bien prouver que les agissements du PQ sont fort incompatibles avec son habituelle prétention au monopole de la vertu.
Daniel Laprès
Collaborateur occasionnel à La Presse, l'auteur travaille notamment à la rédaction d'un ouvrage sur les agissements du camp du OUI et du gouvernement du PQ dans le contexte entourant le référendum de 1995.

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Collaborateur occasionnel à La Presse, l'auteur travaille notamment à la rédaction d'un ouvrage sur les agissements du camp du OUI et du gouvernement du PQ dans le contexte entourant le référendum de 1995.





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