L'empire hostile

Avec les fêtes du 400e à Québec, cette année 2008 offre le spectacle affligeant de notre mentalité colonisée

Tribune libre 2008


Avec les fêtes du 400e à Québec, cette année 2008 offre le spectacle affligeant de notre mentalité colonisée. Il y a ceux qui décident,
manifestement les mêmes qui décident que la fête nationale du 24 juin ne
doit pas être politique (quelle bêtise). Il y a ceux qui organisent les
événements et qui s'exécutent joyeusement, quelque fois avec mépris, mais
toujours avec cette espèce de fausse condescendance du citoyen du monde qui
voit au-delà des nationalités et des petits problèmes superficiels des
petits québécois refermés sur eux-mêmes, qui n'ont jamais voyagé par
exemple, ou qui ne lisent pas, qui écoutent TQS comme dirait l'autre. Cette
mentalité, ce complexe de supériorité est en lui-même très méprisant pour
ce que nous sommes.
Et il y a tout ceux qui, en grand nombre, assistent à tout cela dans une
indifférence politique décourageante. Tout ça n'est pas grave, voyons, nous
sommes là pour faire la fête. Mais que fêtent-ils donc ? "Ah que tu es
tannant Pierre, pourquoi toutes ces questions ? Pourquoi ne pas juste fêter
joyeusement comme on nous y invite ?" Bien justement, je retourne la
question, comment peut-on bêtement suivre les directives non dites, les
pressions sous-jacentes qui nous incitent à faire ceci et cela quand c'est
le temps, c'est-à-dire quand on nous dit de le faire ? "C'est le 400e de
Québec, il faut bien célébrer. Des puissants ont pris le contrôle et
détourné le party ? C'est pas grave, le plus important, c'est de faire la
fête."
Christian Rioux et Joseph Facal commentent et dénoncent cette situation,
merci. Mais ils sont isolés et ça sera oublié demain. Ce sont les grands
médias qui relaient la pensée unique, justement. Pourtant le journal La
Presse ne parvient pas à museler Foglia par exemple, il est trop payant.
Nous avons un travail herculéen devant nous mais on le voit, rien n'est
impossible. Pensez aussi à Michel Vastel ou Jean-François Lisée qui ont une
tribune dans le magazine l'Actualité, qui est tout sauf souverainiste. Vous
souvenez-vous de l'éditorialiste Jean Paré ? Et Mme Josée Legault, qui
écrit dans la Gazette je crois, et dans Voir. Quelle pensée objective et
juste, claire et clairvoyante, j'admire beaucoup Mme Legault.
Que les talentueux se lèvent et continuent à se lever, montrez-vous
courageusement, que ceux qui en ont l'occasion, et la position, acceptent
de cesser de suivre le courant et nous parlent enfin honnêtement, dans
leurs papiers, selon ce qu'ils pensent vraiment. Vous êtes au front de
cette guerre des mentalités, vous êtes nos meilleurs soldats. Nous comptons
sur vous, nous avons besoin de vous.
La population se trompe quelques fois bien sûr. La majorité a la
légitimité pour décider et agir, mais elle n'a pas nécessairement la
connaissance objective. Personne ne sait qui a raison, où se trouve la
vérité, la réalité. Nous devons faire avec la démocratie, c'est l'outil le
plus juste et le plus légitime. Mais il faut cesser de confondre : la
majorité n'a pas toujours systématiquement raison. Quand on est chroniqueur
et qu'on a un large public, la conscience citoyenne du journaliste devrait
l'emporter. Conscient du rôle qu'il a dans la société, le journaliste
devrait toujours dire honnêtement ce qu'il pense, et non ce qu'on lui
laisse dire. Tous les journalistes diront que c'est toujours comme ça
qu'ils travaillent, et on ne se s'obstinera pas là-dessus. Je crois
fermement que la majorité des journalistes se veut "objective",
c'est-à-dire sans opinion politique (pourtant c'est impossible à moins
d'être un journaliste ignorant) mais aussi avec des sentiments "harmonisés"
avec ceux du propriétaire de l'entreprise. Il faut bien vivre et la
sécurité d'emploi est une réalité immédiate. Il faut vendre et il n'est pas
question de s'aliéner des clients.
Je veux citer M. Laurent Grenier qui avait et a peut-être toujours son
site internet : "Il faut s'abstenir de dire une vérité à un être incapable
de la digérer ou de l'assimiler, parce que mal disposé ou mal préparé.
Autrement, on ne réussit qu'à l'empoisonner." Il faut trouver les mots, la
bonne façon de les dire. Il faut saisir les occasions, savoir reconnaître
quand c'est le temps de parler. Il est toujours possible de dire les choses
correctement et véritablement tout en restant respectueux des sensibilités.
Je remercie M. Louis Lapointe d'inciter les gens à se battre efficacement,
contre les véritables ennemis. Il est préférable de risquer de se tromper,
de déraper même, quitte à présenter ensuite nos excuses. Il n'y a pas de
honte à assumer nos erreurs, ce qui est honteux c'est le contraire, ne
jamais admettre qu'on se trompe quelques fois.
Même si M. René-Marcel Sauvé veut nous encourager et nous motiver en
disant que le conditionnement s'atténue peu à peu, je ne suis pas d'accord
avec lui, la masse devient de plus en plus influençable et elle est de plus
en plus manipulée. Je rejoins M. Nestor Turcotte dans son texte admirable
"Un homme libre". Je crois qu'il est possible pour n'importe quel
journaliste de dire ça correctement, mais de le dire vraiment.
M. Laurent Grenier disait aussi :"La plus grande victoire qu'on puisse
remporter contre un ennemi n'est pas de le transformer en vaincu, mais en
ami. Hélas! rarement l'humanité connait une pareille gloire." Voilà une
pensée sage que je n'ai jamais oubliée. Les fédéralistes québécois,
citoyens ordinaires comme moi, ne sont pas nos ennemis. Mais l'empire
hostile de M. Desmarais, Power Corporation, est organisé et réfléchi, il ne
parlera donc jamais d'ennemi bien sûr, il nous travaille, il veut être
notre ami.
Notre société s'autorise des sondages à tout bout de champ, on nous prend
en photo, et on en prend beaucoup. Ces sondages finissent par influencer le
comportement des gens, de sorte que parfois, des mouvements sont exagérés,
les choses deviennent hypertrophiées, gonflées artificiellement du simple
jeu de conditionnement des sondages. Les sondages sont des questions
planifiées dans le but de confirmer ou infirmer une proposition. Les
clients des sondeurs décident de la proposition. La majorité des sondages
politiques sont clairement des tentatives directes de conditionnement.
Si au moins il y avait des journalistes honnêtes et consciencieux pour
interpréter et mettre en lumière ces manipulations de l'opinion publique
(on le fait une ou 2 fois par année, sans s'indigner) et ces emportements
télécommandés de la population, si nous pouvions compter sur nos médias
pour nous décrire notre comportement de masse de temps en temps, ça
pourrait aider. Mais voilà peut-être un vœu pieux, une entreprise
commerciale qui agirait ainsi perdrait vite ses clients.
Pourtant, et c'est paradoxal, c'est exactement ce que fait La Presse et la
multitude des journaux de Power Corporation (pour moi GESCA n'est qu'un
intermédiaire utile pour éloigner l'attention de Paul Desmarais et de son
empire). Les journaux et les journalistes de l'empire disent à la masse
comment sont les choses, officiellement, et comment il faut les interpréter
correctement. Le même phénomène de conditionnement, d'orientation de
l'opinion publique, s'observe à la télé de Radio-Canada, mais on les
comprend un peu, le propriétaire est directement l'autorité fédérale.
Alors pourquoi ces journaux ne perdent-ils pas leur lectorat ? Sommes-nous
si ignorants de ce qui nous arrive ? Je ne sais pas, je crois que
fatalement, à l'usure, les gens finissent toujours par accepter de penser
comme on leur dit – sans le dire- de penser, c'est tout. Il est là le
problème. Bien sûr, tout n'est pas juste question de conditionnement et de
manipulation, il y a beaucoup de gens honnêtes et respectables qui sont
fédéralistes. Mais dans un Québec qui aurait Power Corporation de son bord,
c'est-à-dire qui ne chercherait pas à l'anéantir comme c'est le cas en
réalité, cette force médiatique agissante changerait toutes les choses,
comme une inversion de la réalité en son image dans le miroir. M. Philippe
Landry, dans un message (que je signerais moi-même) au texte de M. Louis
Lapointe, "[la guerre des mots - 2->14370]", termine en disant : " Les mots, pour
avoir une force, doivent être entendus.". M. Louis Lapointe, dans un
commentaire à son texte, ajoute :" Nous avons le don de viser les mauvaises
cibles et de répondre aux événements seulement. Ainsi nous n’avons pas
d’agenda collectif, nous suivons ceux qui nous attaquent plutôt et les gros
mots répondront aux gros mots. De cette manière on peut nous en faire dire
tant qu’on veut." M. Lapointe a des suggestions intéressantes qui visent la
bonne cible, il faut lire ce commentaire.
S'il n'est pas possible de "déconditionner" les gens, comme si moi je
pouvais dicter leur conduite aux autres, on peut au moins essayer de
contrer le conditionnement, l'atténuer jusqu'à le neutraliser. Le moyen le
plus concret est de vaincre l'empire Power Corporation, l'ennemi le plus
puissant, le véritable ennemi. L'ennemi Mme Saulnier, M. Bousquet.
Officiellement, il n'y a pas de guerre, donc pas d'ennemis. Mais Power
Corporation travaille à anéantir le peuple distinct, le "francophone" qui
ne veut pas aussi être britannique. C'est un effort incessant. Power
Corporation veut ma perte, il est mon ennemi.
Alain Dubuc, André Pratte, Lysiane Gagnon, et Michaëlle Jean aussi, sont
peut-être de bonnes personnes dans la vraie vie, comme on dit, mais leurs
actes sont quand même hostiles. Un peu comme le batteur de femmes qui
rigole dans le vestiaire après le hockey avec ses copains qui s'en fichent
bien. Moi je ne m'en fiche pas. Ce gars-là, tout le monde peut bien l'aimer
et vouloir être son ami, moi, je ne le serai jamais. Parce qu'il est un
batteur de femme, parce qu'il est inhumain. Oui, je hais Power
Corporation.
Des gens comme Michel David, que je lis toujours et que j'apprécie
souvent, contribuent pourtant directement, malgré eux, à la pensée
politiquement correcte, ils sont les premiers acteurs. J'ai hâte que nos
journalistes autorisés comprennent un jour cela, qu'ils se réveillent de
leur torpeur et acceptent complètement leurs responsabilités face à la
population.
Pierre Bouchard

13 juillet 2008

Escoumins
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2 commentaires

  • Michel Guay Répondre

    21 juillet 2008

    Comment voulez vous qu'une nation qui veut devenir un pays et qui veut s'ouvrir au monde y parvienne en ayant 90% des médias contre elle .
    Déjà 60% des médias que permet le CRTC au Québec sont unilingues anglais et bien entendu fédéralistes à tous prix.
    Reste 30% des autres médias qui sont francophones mais carrément angliciseurs et fédéralistes étant la propriété des Gesca Ontario et de Corus Alberta
    Il nous reste un petit 10% de médias indépendantistes et patriotiques pour répondre aux besoins d'informations du 50% des citoyens du Québec indépendantistes.
    Une telle colonisationn médiatique est unique au monde

  • Archives de Vigile Répondre

    14 juillet 2008

    Joseph Facal dénoncer Power Corporation ? C'est pas demain la veille !
    La récente apologie de J. F. Lisée envers la France m'a aussi bien fait rire (À quoi nous servent les Français). Selon la logique de comparaison de Lisée, le Québec aurait un PIB plus important que la France puisque les entreprises françaises créent 15,000 emplois au Québec tandisque les entreprises québécoises en créent 25,000 en France ! Les USA c'est pas moins de 80,000 emplois au Québec ! Le deuxième acheteur de nos produits, après les USA, est l'Allemagne !
    Il n'y a pas que les médias qui sont au service de Power Corp qui lui même est au service des groupes financiers internationaux, il y a aussi toutes nos institutions académiques. Toutes !
    Ceux qui sortent trop de la voie tracée sont vite remplacés.
    Les Québécois ne sont pas un peuple plus faible que les autres. Tous les peuples de l'occident subissent cette manipulation depuis les années 50 et qui atteint un paroxisme aujourd'hui.
    Ne cherchez pas des sauveurs dans les institutions, ni les partis politiques.