Projet d’usine de batteries

RIP Northvolt

Les conditions gagnantes

Tribune libre

Le torchon brûle dans les hautes sphères du gouvernement Legault. En effet, le jour même où le premier ministre témoignait devant la commission Gallant sur le fiasco SAAQclic, la ministre de l’Économie, Christine Fréchette, mettait fin au projet d’usine de batteries de 7G$ de Northvolt, lequel devait être «le plus grand investissement privé de l’histoire récente du Québec», selon le premier ministre François Legault lors de la signature du contrat avec la firme suédoise.

«Non seulement c’est un gâchis, mais un gâchis évitable», argue Nicolas Gagnon, directeur Québec de la Fédération canadienne des contribuables (FCC). «Cette catastrophe est un énième rappel que l’argent des contribuables ne devrait jamais servir à financer des entreprises, peu importe leur niveau de développement et les projections qu’elles font miroiter», plaide-t-il. Montant de la facture? 510 millions $ de fonds publics, soit 240 millions $ pour l’achat du terrain et un investissement de 270 millions $ dans la maison mère en Suède.

Et pourtant, dès le départ des négociations entre Northvolt et le gouvernement du Québec, la firme suédoise montrait des signes de fragilité financière, la compagnie suédoise faisant face à une grave crise financière la conduisant à déclarer faillite en Suède en mars 2025 en raison de multiples dettes.

François Legault n’a jamais caché sa propension viscérale pour les projets à saveur économique. De ce fait, il a tendance à s’emballer devant les opportunités de rendement suscité par les projets supposément porteurs de richesses financières pour les Québécois et d’emplois bien rémunérés dans l’échelle sociale.

Or à l’aube du déclenchement d’une campagne électorale à l’automne 2026, les tuiles ne cessent de s’accumuler sur le parcours cahoteux du gouvernement Legault. Conséquemment, je suis d’avis que les militants caquistes vont tourner le dos au parti et cela, peu importe le remaniement ministériel annoncé. Car c’est bien connu, on ne fait pas du neuf avec du vieux…

Les conditions gagnantes

Depuis des décennies, Lucien Bouchard nous rabâche les oreilles avec les mots qui sont devenus son leitmotiv, « les conditions gagnantes », attendre les conditions gagnantes avant de consulter la population du Québec par référendum sur son accession à l’indépendance. Mais dans les faits, quelles sont ces conditions gagnantes? Aux yeux de Lucien Bouchard,les « conditions gagnantes » font référence à l'absence de conditions favorables pour un éventuel référendum sur la souveraineté du Québec, lequel serait déclenché lorsque le Québec aurait atteint ses objectifs de rétablissement économique, notamment le « déficit zéro », un objectif économique prioritaire de Lucien Bouchard, sa réalisation étant considérée comme une condition gagnante pour l'avenir politique du Québec. 

Dans cette foulée, lors d’une récente entrevue radiophonique, l’ex-premier ministre péquiste a invité Paul St-Pierre Plamondon à revoir son engagement de tenir un référendum dans le premier mandat d’un gouvernement du PQ. « Il n’y a pas beaucoup de partis, de formations politiques québécoises, qui ont été élus avec l’engagement de faire un référendum. Parce que ça devient un enjeu électoral », a soutenu M. Bouchard tout en ajoutant du même souffle le caractère « dramatique » d’une troisième défaite.

Dans les circonstance o;u le gouvernement du Québec prévoit un déficit de 7,3 milliards de dollars pour l'exercice financier 2024-2025, il devient utopique d’espérer atteindre le déficit zéro dans un avenir rapproché, tout au moins dans un contexte politique oèu le gouvernement du Québec se retrouve souvent empêtré dans les restrictions imposées par le gouvernement fédéral dans ses propres juridictions.

Enfin par delà les conditions gagnantes qui s’érigent tel un épouvantail référendaire, il m’apparaîtrait pertinent, voire essentiel de se tourner avec confiance et lucidité vers la pensée de Sénèque, philosophe de l'école stoïcienne, dramaturge et homme d'État romain du premier siècle : « Ce n'est pas parce que nous avons peur que nous n’osons pas, c'est parce que nous n'osons pas que nous avons peur ».


Henri Marineau, Québec



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