Kosovo et Rabaska

Tribune libre 2008


La Russie de Vladimir Poutine s’oppose catégoriquement à l’indépendance du
Kosovo. Elle pourrait même le faire violemment si… Que ceux qui ont des
oreilles pour entendre se le tiennent pour dit! Et de s’échelonner les
démarches pour convaincre le Canada de l’inopportunité de reconnaître le
Kosovo comme pays indépendant…
Sur ces entrefaites, Gazprom, le long bras du pouvoir poutinien sur les
autres pays, en plus de signifier à Gaz Métro son intention
d’approvisionner Rabaska en gaz liquéfié, peu de temps après avoir dit non
à Gros-Cacouna, annonce sa participation possible au projet du port
méthanier de Lévis. Gazprom deviendrait ainsi un associé de Gaz Métro, Gaz
de France et Enbridge. Un associé en situation de faire la loi aux autres
du fait qu’il pourrait à volonté ou selon son humeur ouvrir ou fermer le
robinet d’alimentation.
Mais qui ne voit pas la grosse couture de fil blanc? Je vous règle une
difficulté majeure pour la réalisation de votre projet de port méthanier,
semble dire Poutine, et supportez-moi, ô Canada uni, dans mon opposition au
Kosovo indépendant. D’autant plus que vous aurez peut-être besoin, sait-on
jamais, que je vous rende la pareille un de ces beaux jours.
Et voilà comment la politique étrangère de Poutine se trouve à rapprocher
le projet d’indépendance du Québec de la nouvelle réalité étatique du
Kosovo. Même si les tenants historiques de ces deux réalités diffèrent
grandement.
Et maintenant ce Rabaska. Jusqu’ici on a relevé de multiples manières
--journaux, radio, télévision, manifestations--, les failles dans les
analyses et études de faisabilité de ce projet. Inutile de tout reprendre
ici. Seulement, dans les circonstances présentes, il convient de rappeler
avec plus de force qu’il n’est pas démontré que le Québec aura vraiment
besoin de cette énergie à l’avenir, d’une part, et que, d’autre part, il
n’est pas plus démontré que les ressources canadiennes en gaz naturel ne
suffiraient pas à la consommation intérieure si on en dosait judicieusement
l’exportation.
Et puis, une autre chose. Devenu citoyen de la ville de Québec depuis
1991, j’ai pu regarder et admirer maintes et maintes fois cet axe
transfluvial joignant la pointe-sud de l’Île d’Orléans et la section de la
côte-sud du Saint-Laurent s’étendant de Beaumont à Lévis. Un morceau de
patrimoine d’une grande splendeur, mais d’une fragilité écologique
manifeste eu égard au transport maritime surdimensionné et dangereux. Tout
profane quelque peu sensibilisé aux misères de notre planète ne comprend
tout simplement pas qu’un gouvernement ait pu donner le feu vert de façon
si légère à la réalisation d’un port méthanier à cet endroit unique. Cela
n’a tout simplement pas de sens. Il y a bien assez d’Ultramar dans les
environs. Ce sera très sécuritaire, chante-t-on. Ah oui! Ultramar aussi,
c’était très sécuritaire! Mais combien de milliers de litres de mazout ses
conduits ne viennent-ils pas d’échapper dans le paysage? Difficile de le
savoir.
À cette absurdité incroyable s’ajoute maintenant les manigances politiques
de Vladimir Poutine. Les intérêts qui y sévissent sont par trop évidents.
Il faut redoubler de vigilance.
Il faut de plus en plus résolument s’opposer à ce Rabaska. Vous voyez la
situation : d’un côté, reconnaître le Kosovo serait un boomerang qui nous
“reviendrait dans la gueule”, pour employer l’expression russe pour le
moins inamicale, et, de l’autre, les méthaniers et les réservoirs de
Rabaska qui pèteront éventuellement dans les parages de deux grandes villes
et dans l’arrière-cour de centaines de cultivateurs.
Assez probablement et le plus discrètement possible, le Canada finira par
reconnaître l’indépendance du Kosovo.
Mais notre population doit dès maintenant opposer à Rabaska un non
catégorique se faisant écho dans tout le Québec.
Fernand Couturier
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    6 juin 2008

    Le Kosovo est occupé par l'armée américaine depuis la fin des années 90. Les États-Unis veulent y faire passer leurs oléoducs (projet AMBO) depuis longtemps. Poutine ses gazoducs. Ils veulent tous deux l'accès a la mer. Mais les États-Unis ont déja établi au Kosovo la plus grande base militaire de leur histoire, la base Bondsteel, quasi comparable a celle que l'on est en train de construire en zone verte, Iraq, pour l'occuper et avoir ainsi main-mise sur le pétrole.
    Le Kosovo est occupé pas KLA, (Kosovo Liberation Army), constituée de musulmans qui faisaient partie de la liste des musulmans les plus recherchés par les États-Unis il n'y a pas si longtemps.) Les Serbes, de confession catholique orthodoxe, écoeurés et révoltés, ont vu durant ce temps leur patrimoine religieux bombardé par l'OTAN. Ils ont aussi fait l'objet d'un traffic d'organes, des centaines de témoignages l'attestent, et ont fait l'objet d'un livre de Madame Carla Del Ponte, maintenant réfugiée en Argentine, ancienne représentante de l'ex-Yougoslavie a la cour de LaHaye et que l'on veut empêcher de parler.
    Donc les États-Unis appuient l'indépendance du Kosovo pour le pétrole. Bien sur Poutine conteste. Ca prend bien des caves et des lèches bottes comme Stephen Dion, Harper, et autres béni oui oui pour lècher le cul des Américains comme d'indicibles colonisés.
    La même situation s'est produite au Timor oriental, durant la guerre en Yougoslavie, donc sous la même cochonnerie d'administration américaine (année 1999). En 1999, le vote pour l'indépendance du Timor, qui a été remporté a 70%, s'est terminé par le génocide a coups de machette de milliers de Timorais, par la milice indonésienne backée par les États-Unis, qui ne voulaient pas que le Timor devienne indépendant parce qu'ainsi il aurait été facile piur l'Australie de faire affaire avec le Timor, un des pays les plus pauvres du monde, que de faire affaire avec Jakarta.
    Ce génocide fut ainsi du a une lutte entre les États-Unis et l'Australie pour abtenir main-mise sur le pétrole contenu en abondance dans le détroit séparant le Timor et l'Australie.
    Les Nations Unies ont refusé récemment de reconnaître le génocide que les États-Unis ont appuyé.
    Donc. maintenant, qui remportera la bataille, entre les États-Unis et la Russie, pour faire passer les oléoducs dans les Balkans?
    Que ferez-vous lorsque les États-Unis backeront notre indépendance afin d'avoir le plein contrôle sur notre eau?
    (Stephen Harper a déja commencé a préparer le terrain: il vient de signer un accord avec les Américains afin que les armées canadiennes et américaines aient plein accès au Canada ou aux États-Unis quand bon leur semblera, pour toute raison jugée valable, donc a mon avis sous n'importe quel prétexte.)
    Et Harper vient de faire reconnaître aux Nations Unies l'eau comme étant une ressource indispensable a la survie de l'être humain. (Une bonne action bien entendu). Mais pourquoi ne l'a-t-on pas fait avant? !!!!!!!!! Pourquoi par exemple a-t-il refusé alors de reconnaître le génocide des Premières Nations, et les derniers charniers révélés partout au Canada, et reliés a des actes de l'église catholiques entre 1900 et 2000? Années durant lesquelles Jean Chrétien fut au pouvoir...
    (Dire que certains indépendentistes s'attendaient a ce que l'ont reconnaisse le reférendum volé. Les Nations Unies ne sont qu'une vulgaire façade. Je répète: Elles ont récemment refusé de reconnaître le génocide que les États-Unis ont backé militairement au Timor. Elles refusent maintenant de protéger les Serbes, protégeront le Kosovo, leur traffic d'organes, et son réseau international de traffic héroïne).
    Bref, je ne sais ce qui se trame derrière Rabaska, mais je pense que cela fait partie d'une partie d'échec entre les pays du G8 et plus, pour le contrôle des ressources. Purement et simplment. Quand des ressources sont en jeu, on backe l'indépendance, sinon on liquide. Point final.

  • Archives de Vigile Répondre

    2 mars 2008

    Puisque l'on parle géopolitique, parlons-en à fond. Bien sûr, le fleuve a toujours été la voie obligée du commerce entre l'Europe et le centre du continent. Entre la visite de Sarkozy, lui qui s'opposait à la privatisation de Gaz de France avant son élection mais qu'il s'est empressé de mettre entre les mains de Suez, aussi bien dire Power Corp., sa visite donc à Poutine et les voyages de Charest à Paris quel lien peut-il bien y avoir avec Rabaska ? Peut-être cette petite cérémonie protocolaire en l'honneur de Paul Desmarais (voir plus bas) ?
    Mais que cache donc Rabaska ?
    Voyez le synchronisme avec lequel on (le gouvernement Harper) redéfinit les territoires du Grand Nord, surtout au Québec, on annonce des investissements de quelques milliards pour refaire le chemin de fer vers Churchill sur la rive ouest de la Baie d'Hudson et on nous annonce dans la grosse presse rouge la résurection d'un TGV dans l'axe est-ouest tandis que le gros du commerce extérieur du Québec se fait surtout dans l'axe nord-sud.
    Si le Québec osait jamais ... quel bon prétexte on aurait de mettre le verrou sur le seul accès qu'il reste encore vers l'océan et le reste du monde.