Intolérance politicienne

Québec 2007 - Philpot et le Rwanda

Il n'y a pas de place dans les partis politiques, du moins dans ceux qui aspirent au pouvoir, pour les libres penseurs et les militants indisciplinés qui font peu de cas de la ligne de parti. Ceux-là seront vite rappelés à l'ordre et, si nécessaire, mis au ban de leur formation. On l'a vu encore une fois cette semaine avec les opinions exprimées par l'adéquiste Jean-François Plante et le péquiste Robin Philpot.
Pour le premier, l'excommunication est vite apparue inévitable. En s'écartant aussi radicalement de valeurs très largement partagées par les Québécois sur les questions de l'homophobie et de la violence faite aux femmes, M. Plante devenait un boulet impossible à traîner pour son parti. Au surplus, il avait défié son chef en allant répéter ses propos sur les ondes d'une radio après que celui-ci lui eut rappelé la position de l'Action démocratique sur ces deux sujets.
Le chef du Parti québécois a quant à lui résisté aux appels au renvoi de Robin Philpot. Malgré le malaise qu'il a visiblement ressenti devant les opinions de son candidat à propos du génocide rwandais, il a respecté son droit de faire une analyse différente de celle qui prévaut généralement sur les événements qui ont conduit à l'horrible tragédie rwandaise. De l'avis de Robin Philpot, on ne peut pas qualifier cet événement de génocide dans la mesure où il n'a été ni planifié ni orchestré. Si son point de vue est hautement discutable, cela n'en fait pas pour autant un négationniste qu'il fallait exécuter politiquement.
Les libéraux ont cherché à tourner à leur avantage ces deux incidents. S'érigeant en maître de discipline, Jean Charest a exigé de Mario Dumont et d'André Boisclair qu'ils sévissent. Il faut dire que le premier ministre en connaît un bout en matière d'électrons libres, lui qui a eu à virer des ministres comme Yves Séguin et Thomas Mulcair, qu'il estimait être déviationnistes. L'objectif ici était de discréditer l'adversaire. Au surplus, dans le cas de Robin Philpot, l'occasion était belle de s'en prendre à celui qui est coauteur de l'embarrassant pamphlet Les Secrets d'Option Canada, qui a conduit à l'enquête en cours sur le financement du camp du NON au référendum de 1995.
La place prise tout au long de la semaine par le débat autour de ces deux cas qui ont fait les manchettes illustre bien le désert d'idées qui caractérise la campagne électorale en cours. Les partis politiques égrènent leurs engagements électoraux au jour le jour mais ne trouvent pas le moyen d'en débattre sérieusement, préférant transformer en drames existentiels non seulement les opinions de candidats, qui n'expriment rien d'autre que des divergences de vues très minoritaires et dont on sait qu'elles le resteront, mais aussi le droit de les exprimer. On ne peut que ressentir un certain malaise en entendant des politiciens réclamer la tolérance zéro envers l'expression de certaines opinions. Comme si seuls les points de vue politiquement corrects pouvaient avoir droit de cité. Ne serait-on pas allé un peu loin?


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