Une photo troublante

Québec 2007 - Philpot et le Rwanda

Plus on se penche sur l’affaire Philpot, plus on est troublé. Ce commentaire de la porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, ajoute une dimension à laquelle je n’avais pas pensé: «Ce que j’ai trouvé extrêmement troublant personnellement - et en ce 8 mars, je tiens à le dire - c’est d’avoir vu M. Philpot sur une photo tirée de son livre, où il sert la main d’un génocidaire rwandais condamné pour meutre et pour viols.»
L’homme en question, j’en ai parlé dans mes entrées précédentes, c’est Jean-Paul Akayesu, qui à l’époque du génocide, était maire de la commune de Taba. Philpot lui consacre un chapitre de son livre, Ça ne s’est pas passé comme ça à Kigali, dans lequel il prend sa défense, estime que la preuve contre lui a été fabriquée et déplore ses conditions de détention.
Or, voici quelques-uns des crimes qu’a retenus contre M. Akayesu le Tribunal pénal international pour le Rwanda: «Nombreux sont les cas de viols et violences sexuelles qui ont été commis à l’encontre de femmes tutsies à l’intérieur ou près de Bureau communal. Il est établi que des policiers communaux armés de fusils et l’accusé lui-même ont assisté à certains de ces viols et violences sexuelles. De plus, il est avéré qu’à plusieurs occasions, Akayesu a, par sa présence, son attitude et ses déclarations, encouragé la commission de ces crimes. Une des victimes a rapporté qu’Akayesu, s’adressant à des Interahamwe (miliciens hutus) qui commettaient des viols, leur aurait dit: «Ne me demandez plus jamais quel est le goût d’une femme tutsie.».»
Et: «Ayant eu connaissance de ces massacres, il ne s’y est opposé et n’a tenté de les empêcher que jusqu’au 18 avril 1994, date à partir de laquelle il n’a non seulement plus essayé de maintenir l’ordre dans sa commune, mais a même assisté à des scénes de violence et à des tueries, et a quelquefois lui-même ordonné qu’il soit porté atteinte à l’intégrité physique ou mentale de certains Tutsis et a cautionné, voire ordonné, les meurtres de plusieurs Tutsis.»
Et encore: «Akayesu a ordonné à la population de tuer les intellectuels et de chercher un professeur prénommé Samuel, qui a été amené au Bureau communal et a ensuite été tué par un coup de machette à la gorge. Des enseignants de la Commune de Taba ont ensuite été tués, sur instruction d’Akayesu.»
Et ainsi de suite; il y en a pour deux pages. Condamné en 1998, Akayesu a porté sa cause en appel. Mais le premier jugement a été confirmé. Cela n’a pas empêché Robin Philpot de sympathiser avec lui, de l’appeler «Jean-Paul» et de se faire prendre en photo en sa compagnie, cliché qu’il publie fièrement dans son livre. Comment est-ce possible? Parce que M. Philpot est convaincu que le Tribunal pénal international pour le Rwanda est inféodé aux États-Unis et que les témoignages de viols, notamment, ont été inventés de toutes pièces. Il cite son ami: «Il suffit qu’une femme vienne dire devant ce tribunal «j’ai été violée» ou «j’ai vu quelqu’un se faire violer». On n’y peut rien!»
Supposons, en dépit de toutes les preuves, que M. Philpot a raison. Qu’Akayesu est victime d’une machination américaine contre le Rwanda. Néanmoins, compte tenu de la gravité des crimes retenus par le Tribunal et de la quasi unanimité internationale sur le génocide contre les Tutsis, qui ne serait pas prudent dans ses conclusions sur l’homme en question? Qui ne préférerait pas garder dans son tiroir une photo prise en compagnie de ce monsieur?
Pas Robin Philpot. Lui, seul contre le monde, est convaincu que Jean-Paul Akayesu est un pauvre «Rwandais errant, banni de ses foyers».

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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