Immigration : un tabou explose

Immigration — une politique de dénationalisation

L’immigration est un sujet piégé au Québec. Il ­suffit que vous exprimiez quelques réserves sur la hausse systématique des volumes d’immigration pour qu’immédiatement on vous prête les pires intentions, en plus de vous présenter comme un demeuré.
Ce tabou risque de se fissurer dans les prochaines ­semaines. Depuis hier, on trouve en librairie un ouvrage, Le remède imaginaire – Pourquoi l’immigration ne sauvera pas le Québec, publié chez Boréal et écrit par Benoît Dubreuil et Guillaume Marois. Ce livre vient bouleverser le débat sur l’immigration.
La thèse est aussi simple que provocante : contrairement à ce que répète le discours officiel depuis quelques années, « économiquement et démographiquement, le Québec n’a pas besoin d’immigration » (p. 307). L’immigration n’aurait pas un effet significatif sur l’économie. Elle ne pourrait non plus rajeunir véritablement la population.
Toujours selon Le remède imaginaire, pour améliorer les performances économiques des immigrants, on pourrait envisager de resserrer les critères d’admission. ­Cependant, tout resserrement des critères impliquera une baisse du nombre d’immigrants admis annuellement.
Dubreuil et Marois ne plaident évidemment pas pour l’immigration zéro, ni possible ni souhaitable. Ils nous invitent toutefois à dédramatiser une réduction éventuelle des volumes d’immigration. « Toujours plus » ne saurait être un slogan valable dans ce domaine.
Il faut en convenir, leur démonstration est convaincante, en plus d’être fondée sur une littérature scientifique abondante, multipliant les comparaisons entre le Québec et les autres sociétés occidentales. Les auteurs s’appuient sur des sources aussi variées qu’impressionnantes.
Traditionnellement, ceux qui exprimaient des réserves envers l’impact de l’immigration le faisaient pour des raisons culturelles, identitaires. Dubreuil et Marois n’avancent pas sur ce terrain. Mais chose certaine, Le remède imaginaire reformulera profondément les termes du débat public.
Le politologue français Pierre-André Taguieff a appelé « immigrationnisme » l’idéologie selon laquelle l’immigration est nécessaire et nécessairement bonne. Cette idéologie risque de sortir amochée du débat qui accompagnera ce livre.
Le débat public vient de s’élargir. Une discussion rationnelle sur nos seuils d’immigration peut s’ouvrir. L’objectif : les adapter à nos capacités réelles d’intégration. Cette discussion oxygénera la démocratie en mettant de côté la rectitude politique.
Sur Cyberpresse, André Pratte a posé la question suivante à propos de ce livre : si « l’immigration n’entraîne pas de bienfaits économiques et démographiques, et si […] elle provoque une diminution de la place du français et une brisure entre Montréal et le reste de la province, pourquoi voudrait-on l’encourager? »
C’est une excellente question. Je me la pose aussi.


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