Immigration au Québec - Loin de la réalité

Immigration — une politique de dénationalisation



La difficulté des immigrants à s'intégrer au marché du travail a été de nouveau soulevée mercredi, cette fois par le vérificateur général du Québec, Renaud Lachance, qui s'est interrogé sur la capacité de la province à «supporter les hausses progressives des volumes d'immigration». Il n'y aura là de surprises pour personne.
Le vérificateur arrive à cette conclusion à la suite d'une analyse de la validité et de la qualité du processus de sélection des immigrants par le ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles. Il a pu constater que seulement 9 % des candidats sélectionnés entre 2006 et 2009 avaient un profil correspondant aux domaines de formation privilégiés par le ministère. Résultat, le chômage chez les immigrants était de 13,7 % en 2009, comparativement 7,6 % pour la population native. L'écart, de six points au Québec, n'était que de 2,2 points pour l'ensemble du Canada.
À la différence d'autres pays, le Québec privilégie le profil socioprofessionnel des candidats à l'immigration davantage que la qualification professionnelle répondant à des besoins de main-d'oeuvre. L'accent est mis sur l'immigration francophone et la recherche de candidats susceptibles de s'intégrer à la société québécoise. Ce choix se justifie pleinement pour assurer la pérennité du fait français au Québec, mais entraîne un niveau de difficulté plus élevé dans la sélection des candidats. Le bassin de candidats francophones ou francophiles est moins grand que si aucun critère linguistique n'est exigé.
Le fait de parler français ou de vouloir l'apprendre rapidement en arrivant n'est pas pour un immigrant une garantie d'intégration réussie. La partie commence évidemment par l'intégration économique qui, si elle tarde, entraînera déceptions, problèmes d'ajustements sociaux et souvent départs vers des provinces offrant de meilleures perspectives d'emploi.
Le vérificateur suggère la mise en place d'indicateurs de résultats qui permettront de mesurer la capacité d'intégration du Québec de ses immigrants en regard des niveaux d'immigration souhaités. Le gouvernement doit avoir les outils qui lui permettent de réaliser si ses objectifs et ses méthodes sont réalistes. On comprend, et cela est inscrit partout en filigrane du rapport de M. Lachance, que ni l'un ni l'autre ne le sont.
De cela, il ne faut pas conclure pour autant que le Québec doive réduire le flux d'immigrants. Pour des raisons démographiques et économiques, il serait dommageable de le faire et encore plus d'abandonner l'objectif d'une immigration francophone. Il faut plutôt se donner une politique d'intégration qui corresponde aux besoins des immigrants de pouvoir travailler en français. Le professeur Charles Castonguay notait devant le congrès de l'Acfas cette semaine l'écart entre la réalité et les objectifs poursuivis. On veut une immigration francophone qui se heurte pour les premiers emplois à un marché du travail de PME montréalais où la connaissance de l'anglais est exigée. Or il est des raccords de pensée qui ne se font pas à Québec, comme la nécessité de franciser la langue de travail dans ces petites entreprises pour favoriser l'intégration économique de ces immigrants.


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